Bachelorette, avec Kirsten Dunst, c’est l’histoire de quatre filles et d’une robe de mariée déchirée et tachée. Cette comédie de filles pour filles écrite par une fille, Leslye Headland, vaut-elle le déplacement ?
Le propos : Trois copines de lycée plutôt jolies et très névrosées (Kirsten Dunst, Lizzy Caplan et Isla Fisher) apprennent que leur souffre-douleur (Rebel Wilson) que les garçons surnommaient “face de Truie” dix ans plus tôt va se marier avant elles. Impensable, improbable, insupportable. Pire. L’heureux élu (Hayes Macarthur) est riche et bel homme et incarne tout ce qu’elles ont été infichues de ferrer. Malgré leur dépit, les trois incasées acceptent d’être les demoiselles d’honneur de la future mariée.
Depuis Sex and The City – à moins que ça ne remonte aux Quatre filles du Docteur March- les filles compliquées avancent toujours par quatre. Comme les points cardinaux, elles suivent toutes une direction dont elles ne dévient jamais. C’est ce qui fait leur charme. Et aussi notre drame car elles en deviennent prévisibles et donc vite pénibles. Quatre c’est, semble-t-il, la combinaison idéale pour des scénaristes paresseux qui pensent que le féminin et la féminité n’existent qu’à travers 4 types pré-définis : la psycho-rigide, la nympho, la romantique un peu naïve/ niaise, la sensée. A moins que ce ne soit la vénale, l’immature, la toxico, la coincée etc…Bachelorette, film de Leslye Headland et adaptation sur grand écran d’une pièce de théâtre off-Broadway, n’échappe pas à ce schéma. Impossible de confondre les quatre héroïnes tellement elles sont typées (et en stéréo !). Même leur chevelure semble définir sinon un genre un caractère.
La blonde Regan alias Kirsten Dunst (Melancholia, Sur la route, Marie-Antoinette) est control freak, la rousse Katie alias Isla Fisher (Confessions d’une accro du shopping) immature et limite décérébrée, la brunette Gena alias Lizzy Caplan (True blood à la télé, Cloverfield, au ciné), toujours un peu stone, passe son temps à se remplir le nez et le ventre. S’agissant de son abdomen, je ne parle pas évidemment pas de nourriture et d’ailleurs la voie quelle utilise pour se remplir n’est pas la bouche…mais je m’égare. Et l’autre blonde, Becky alias Rebel Wilson (Mes meilleures amies) qui joue la future mariée, est enfermée dans le rôle de la grosse gentille parce qu’une ronde est forcément généreuse, gentille et compassionnelle…ou/et carrément bête.
Malheureusement, définir un type ne suffit pas à construire un personnage. Cette lacune se ressent à chaque scène de Bachelorette et handicape considérablement le scénario qui, par ailleurs, n’en propose aucun de sympathique. Les rôles masculins, quant à eux, sont soit pâlots tendance idiots ou machos tendance lourdauds! Les quatre “amies” de Bachelorette -qu’aucun pacte ne lie si ce n’est la débilité- sont des pestouilles qui ne suscitent pas la moindre empathie tellement elles sont ennuyeuses. Et ce n’est pas la faute des quatre comédiennes qui ont déjà été mieux servies ailleurs. Ce qui m’ennuie c’est cette facilité qu’a cultivée la scénariste en utilisant une recette : prendre 4 filles stéréotypées + les précipiter dans l’ambiance sulfureuse des préliminaires d’un mariage comme dans Hangover 1 et 2 (Very bad trip 1 et 2 de Todd Phillips), Bridesmaids (Mes meilleures amies de Paul Feig, produit par Jude Apatow) + ajouter son pesant de trash sous la forme de vomi, de sperme, d’alcool, de joints et de coke…et attendre. Quoi donc ? Des moments prétendument drôles comme la scène de l’avion où Lizzy Caplan fait l’éloge de la fellation à son voisin de voyage ? Convenu donc pas irrésistible. Pour le reste, les gags tournent court tout comme les dialogues salés qui manquent pourtant sacrément de sel.
En voulant suivre les pas du très réussi Mes meilleures amies écrit par la scénariste Annie Mumolo et l’humoriste Kristen Wiig, Leslye Headland s’est fourvoyée. Là où Paul Feig réalisait une vraie comédie portée par de vrais personnages, Leslye Headland en impose des faux nourris de bas morceaux de comédie. Un peu comme les yaourts contenant des fruits qu’on ne rencontre jamais dans la nature. Dans Mes meilleures amies, le trash venait illustrer un propos en l’appuyant à outrance (le propre de la comédie) ou le détournant pour mieux le décaler (même remarque). C’est pour cela que la scène très osée où Maya Rudolph en plein essayage de sa robe de mariée, quitte affolée la boutique en quête d’un cabinet de toilettes et se retrouve à ch–r sous la robe au milieu de la chaussée, est ir-ré-sis-ti-ble. Dans Bachelorette, les choses ont été faites en dépit du bon sens. Il y a une intention évidente de provoquer mais comme rien ne légitime réellement les incursions sur le terrain du trash, on tombe vite dans la vulgarité. C‘est tout de même un peu triste de regarder une comédie où l’on ne rit pas.
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