Reem Kherici, 30 ans, est la réalisatrice de Paris à tout prix, la comédie de l’été. Rencontre avec cette fille qui se promène toujours en short mais qui est loin d’avoir les idées courtes.
A la ville comme à l’écran, Reem Kherici porte des shorts qui font se retourner les hommes sur son passage et les femmes qui voudraient susciter le même désir. Mais à bien y regarder, on se dit que ça n’est pas qu’un effet de mode chez cette styliste de formation mais peut-être la métaphore de ce qu’elle est vraiment dans la vie. Un petit bout d’1m55 sacrément culotté qui emprunte les chemins les plus courts pour arriver à ses fins. D’abord en réclamant des rôles qu’on “oublie” de lui proposer; puis en s’écrivant celui qu’on n’aurait pas eu l’idée de lui offrir. Perchée sur des talons de 12, Reem Kherici avance comme une marathonienne tandis que ses consœurs se lamentent encore sur ce satané-métier-où-tu-dois-sans cesse-te-faire-désirer-par-un-réalisateur. Entrée au cinéma en poussant des portes qu’on refusait de lui ouvrir, la brune incendiaire échappée de La Bande à Fifi (Canal +) déboule avec une comédie qui pourrait bien être le succès de l’été.
«JE N’AVAIS AUCUNE PRÉTENTION À FAIRE UN FILM MAIS LA VIE M’A OFFERT UNE BONNE IDÉE».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. L’affiche de votre film PARIS À TOUT PRIX est absolument partout mais le public ne vous connaît pas encore. En quelques mots pouvez-vous nous dire d’où vous venez et comment vous êtes arrivée au cinéma ?
REEM KHERICI. J’ai 30 ans. J’ai commencé comme stagiaire sur Fun Radio où je faisais tout: des photocopies, le téléphone, les cafés… Puis je me suis occupée de l’accueil des VIP et on a vu combien j’avais la niaque. Je me levais à 4h du mat’ pour aller bosser tous les jours et avec le sourire. J’ai ensuite fait de l’antenne sur cette radio avant d’arriver sur Fun TV où je faisais des sketches absurdes. A l’époque, Fifi (Philippe Lacheau) cherchait une comédienne prête à se tourner en autodérision pour aller sur Canal +. C’était mon cas, je l’ai suivi et nous avons travaillé dix ans ensemble. Fifi, c’est mon co-équipier, mon co-auteur et mon copain. Ensuite, j’ai eu la chance de tourner dans OSS 117 : Rio ne répond plus avec Michel Hazanavicius, puis il y a eu Fatal de Michael Youn et quelques petits rôles…
«JE NE SAVAIS PAS FAIRE GRAND CHOSE À PART FAIRE LA CONNE».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Tel que vous le racontez ça a l’air évident. Vous étiez comédienne de formation ?
REEM KHERICI. Noooon ! Je suis styliste de formation. J’étudiais à la Saint Martins School à Londres (Ndlr : Central Saint Martins College est l’école de formation aux métiers des arts et de la mode réputée qui a formé Alexander McQueen, John Galliano, Stella McCartney, Phoebe Philo actuellement chez Céline, Riccardo Tisci en ce moment chez Givenchy…). Je devais terminer mes études là-bas et d’un coup, ça m’a soûlée et j’ai dû chercher du travail ici. Je ne savais pas faire grand chose à part la conne et j’ai donc commencé comme stagiaire. Toutes les choses sont arrivées sans être programmées. Et même quand je me suis retrouvée sur scène au théâtre avec La Bande à Fifi pour jouer «Qui a tué le mort ?», pièce produite par Farrugia, je ne me suis pas dit un instant : «Ça y est je suis comédienne!».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Mais vous aviez bien une idée, un projet en entrant dans cette radio.
REEM KHERICI. J’avais envie de prendre l’antenne parce que je sentais, toutes proportions gardées, que j’avais un ton et que j’étais de plus en plus attirée par ces métiers-là. J’ai commencé à écrire des textes, des concepts d’émissions. J’avais une patte de comédie qui faisait que j’écrivais des conneries sur Fun Radio et ça m’a menée à Fun TV. Je n’étais pas juste animatrice, j’écrivais des chroniques comme Les voyages insolites de Reem. Toutes les semaines, je parlais de traditions insolites. Je pouvais me casser un œuf sur la tête, je n’avais peur de rien.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Si peu peur que vous réalisez à 30 ans un premier film sans avoir rien réalisé auparavant.
REEM KHERICI. Oui, parce que la vie m’a offert une bonne idée. Je n’avais aucune prétention à écrire un film. J’étais à l’aéroport de Tunis -mon père est tunisien- et ce jour-là j’étais hyper mal lunée parce que je croyais m’être fait voler ma valise. Je commence à gueuler à droite à gauche et je dis : «Heureusement que je n’habite pas ici !». Et là, l’idée me vient : qu’est-ce qui se passerait si, du jour au lendemain, la pétasse que je suis – car j’étais très désagréable- était amenée à vivre dans un pays qui n’est pas le sien ?
«QUE SE PASSERAIT-IL SI, DU JOUR AU LENDEMAIN, LA PÉTASSE QUE JE SUIS ÉTAIT AMENÉE À VIVRE DANS UN PAYS QUI N’EST PAS LE SIEN ?».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quel point ce sujet de l’expulsion vous touche-t-il ?
REEM KHERICI. Je n’ai jamais vécu en Tunisie ni n’ai été sujette à l’expulsion mais je me demandais ce qui arriverait si une fille installée depuis vingt ans en France était reconduite malgré elle dans son pays d’origine. Un pays qu’elle ne connaît pas. Je suis plutôt privilégiée et protégée mais ça n’empêche pas d’être consciente de cette incohérence, de cette injustice qui frappe certains d’entre nous. Profitons de notre situation privilégiée pour nous pencher sur le sort de ceux qui ne le sont pas. Cette brutalité m’a interpellée. Je me suis interrogée sur ces problèmes d’expulsion de personnes pour qui la France est le seul et unique pays. Pour autant, je n’ai pas souhaité traiter la question sous un angle politique mais sous celui de la comédie. Il y a avait un décalage intéressant entre a vie que Maya, mon héroïne s’est construite à Paris et celle de sa famille restée au Maroc. L’idée a germé. J’imaginais une Gabrielle Solis un peu désagréable regardant les choses et les gens d’un peu de haut. Et puis le signe de la vie me donne une autre info. Je lis ce titre sur un journal : «La France, je l’aime. On veut que je la quitte». Et là, je m’dis que je tiens quelque chose. Eric Altmayer, qui est mon ami et le producteur d’OSS 117, m’invite à prendre un pot et on parle de tout et de rien, de mille trucs. Sincèrement, je n’avais aucune intention de lui vendre l’idée que j’avais prévu de proposer à quelqu’un d’autre. En parlant de mes projets, j’évoque mon scénario destiné donc à un autre producteur et là, Eric me dit : «Tu te fous de ma gueule ? Ça m’intéresse !». Je lui lance : «T’es conscient que si c’est moi qui l’écris, c’est moi qui ai le rôle ?». Eric Altmayer me répond : «Oui, oui, Gabrielle Solis, c’est toi!».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous êtes quand même culottée, vous venez prendre un verre et vous repartez avec un projet de film !
REEM KHERICI (grand sourire). Attendez ! On n’était pas encore arrivés à la réalisation. J’ai ajouté : «Ben, tu sais quoi ? Je vais le réaliser aussi». Et là, Eric m’a répondu : «On verra». Dans sa tête c’était pas complètement absurde parce qu’au fil de l’écriture, il s’est aperçu que j’insufflais beaucoup de choses personnelles et que je maîtrisais le sujet beaucoup plus que lui et moi on ne l’imaginait. Au début, Eric me disait : «Tu vas p’t’être co-réaliser avec quelqu’un qui maîtrise la technique». Et puis on voyait que j’avais réponse à tout, que j’étais assez câlée sur mon sujet et tout ce qui était artistique. Pour le décor, j’amenais tout de suite des photos pour illustrer ce que je voulais. Quand je parlais des personnages, on voyait qu’ils étaient hyper bien construits : de leur caractère au stylisime, tout était pensé ! Même les propositions d’acteurs que j’ai faites étaient cohérentes.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous aviez une sorte de story-board pour accompagner votre scénario ?
REEM KHERICI. Oui, j’avais des images. Je travaille toujours comme ça et c’est ce que je commence à faire pour mon prochain film. J’ai aussi travaillé en musique avec des titres que j’ai d’ailleurs eu la chance d’avoir dans PARIS À TOUT PRIX. Je fais un saut dans le passé. Quand j’étais toute petite, j’étais assez seule et je me racontais beaucoup d’histoires. Je n’avais que mon chat. Je me suis monté beaucoup de mondes imaginaires avec mes poupées Barbie. Très tôt, j’ai été sensible aux vêtements, aux décors. J’en ai gardé un sens de l’observation assez pointu. Aujourd’hui, je «vampirise» les gens que j’observe, j’écris comme ça. Je regarde très peu de films et je m’inspire de ce qui m’entoure. J’avais envie que la tête de lit de Maya soit recouverte de Toile de Jouy parce que cest très français. Je voulais que le parquet soit du point de Hongrie. J’adore la décoration, l’architecture… Je me suis beaucoup amusée avec Yves Fournier, le chef décorateur. Finalement, la réalisation de PARIS À TOUT PRIX m’a amenée à toucher à beaucoup de mes passions.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pour le stylisme, vous vous êtes également amusée en commençant par situer l’histoire dans ce milieu. C’est très à la mode au cinéma de situer l’action dans le milieu de la couture.
REEM KHERICI. Oui mais, sans jeu de mots, ce n’est par effet de mode. J’ai parlé de ce milieu parce que je le connais bien et qu’il n’est, sous certains aspects, pas très éloigné de celui du cinéma. Je n’ai pas choisi le milieu de la mode pour en mettre plein les yeux mais parce que j’en connais les codes. Pour ce qui est du stylisme pur, j’ai dessiné la robe de Maya. Je me suis rendue au Maroc pour écrire, je suis allée dans le désert, j’ai pensé aux Touaregs, aux drapés…Voilà comment j’avance avec des images, comment naissent les looks. Je me suis également intéressée aux tenues des comédiennes. Pour Pom Klementieff, j’avais en tête une Baby Doll. Pour Sybil Buck, j’imaginais une mannequin reconvertie, et il lui fallait quelque chose de pointu. Elle porte pas mal de Gaultier, Shirley Bousquet du Rykiel…L’un de mes shorts vient de chez Carven. Elles évoluent dans la mode donc j’ai beaucoup réfléchi à la façon de les mettre toutes en valeur. J’ai tout de même choisi des marques connues comme Maje, Sandro, Louve… On a pris largement des choses chez Zara et H&M car c’est là que je m’habille principalement.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. A vous entendre, c’est un film de copains.
REEM KHERICI. Oui, c’est ça.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Comment une société comme Mandarin, productrice de comédies à succès (Ndlr : Jet Set, les OSS 117, Potiche, Le Petit Nicolas…) tournées par des réalisateurs confirmés (F.Onteniente, M. Hazanavicius, F. Ozon, L.Tirard) et avec des têtes d’affiches (Garcia, Dujardin, Deneuve, Lemercier, Kad Merad), décide t-elle d’accompagner une débutante et de lui confier un budget de 4,5 millions d’euros ?
REEM KHERICI.(elle réfléchit).Vous vous demandez comment Eric et Nicolas Altmayer m’ont fait confiance?
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Oui, j’aimerais comprendre comment Mandarin, qui ne s’est pas engagée dans le montage de The Artist avec un Dujardin et un Hazanavicius en pleine ascension, a t-elle fait confiance à une jeune comédienne qui n’a pas même un court-métrage à son actif ?
REEM KHERICI. D’abord, je suis super bosseuse ! Quand on signe un contrat avec Nicolas et Eric Altmayer, comme avec tous les producteurs, ils peuvent se retirer à tout moment. Quand ils signent pour PARIS A TOUT PRIX, Eric et Nico signent d’abord pour un synopsis, puis pour un traitement, une Version 1, un séquencier, une V2, V3 etc…A tout moment ils peuvent me dire : «Ecoute Rim, on a essayé, ça n’le fait pas».
«MES PRODUCTEURS ME CONNAISSENT DANS LA VIE ET SAVENT QUE JE SUIS AUTRE CHOSE QUE LA BIMBO EN MAILLOT DE BAIN D’OSS 117».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et vous êtes payée pour ce travail s’il n’aboutit pas ?
REEM KHERICI. On est payé par échéancier mais ça peut s’arrêter à tout moment. Donc c’est à la fois flippant et très stimulant.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Combien de versions de PARIS À TOUT PRIX avez-vous présentées ?
REEM KHERICI. Quatre.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Je n’y connais rien, c’est beaucoup, peu ? Logique pour un premier film ?
REEM KHERICI. C’est très peu mais j’ai des producteurs extraordinaires qui me connaissent très bien. Et je suis aussi une très grosse bosseuse. Ils m’ont choisie moi parce que j’étais légitime dans ce propos. Le retour aux origines, le parcours de la fille qui peut paraître superficielle mais qui ne l’est pas du tout, ça leur plaisait. Ils me connaissent dans la vie et savent que je suis autre chose que la bimbo en maillot de bain d’OSS 117. Mes producteurs ont parié sur une jeune petite puce qui a quelque chose à raconter. Et il se trouve que je me suis tellement impliquée et tellement passionnée que j’y ai mis des soupçons de choses personnelles, notamment le rapport avec le père, le milieu du stylisme…Cette fille qui s’est battue pour y arriver et qui, sous sa carapace, est très sensible, ça les a assez convaincus. Eric et Nicolas Altmayer ne sont pas venus en disant : «On va faire un coup» mais plutôt : «On va épauler une jeune artiste qui a quelque chose à raconter. On se plante ? On se plante !».
«FORESTI, STÉPHANE ROUSSEAU …C’EST UN PETIT SUCRE POUR LE SPECTATEUR QUI A FAIT L’EFFORT DE VENIR VOIR DE NOUVEAUX COMÉDIENS».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Toutes les étapes, de la remise du synopsis original à la sortie du film ces jours-ci, vous ont-elles paru difficiles ?
REEM KHERICI. D’abord, je dois dire que du début à la fin tout s’est passé dans la joie et le bonheur. Et je parle de trois ans de travail. Une fois que je livre le scénario qui est en béton, c’est pas fini. Il faut parvenir à convaincre des distributeurs. Gaumont et Warner ont bien reçu le projet. A ce stade, on est plus nombreux sur le bateau. Il n’y a pas Eric et Nico qui se font un délire sur Reem Kherici ! Etre soutenue m’a aidée à progresser et à mieux maîtriser l’histoire. Elle s’est étoffée. Dès la première version, on s’est dit que le véritable porte-parole c’était moi et que pour être fidèle à ce scénario et à ce que j’étais, il fallait que ce soit moi qui le réalise. C’est pas des fous, ils m’ont bien entourée. Ils m’ont mis une équipe technique extraordinaire, une équipe artistique extraordinaire, des gens brillants à la mise en scène, au décor, à la régie qui ont porté le bébé avec moi. C’était très exaltant pour eux comme pour moi. Un premier film, c’est une première bataille. On n’a pas de comédiens connus, on y va avec nos moyens…tous se sont battus avec moi comme si c’était leur propre bébé. J’ai senti que j’avais emporté tout le monde avec moi.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. La présence au générique d’humoristes comme Florence Foresti, Stéphane Rousseau, François-Xavier Demaison ou Alex Lutz aide-t-elle à mener plus facilement cette bataille ?
REEM KHERICI. Non, pas du tout parce qu’ils n’ont pas des rôles phares mais des rôles de soutien. Ce sont des guests. C’est plus un petit sucre pour le spectateur qui a fait l’effort de venir voir de nouveaux comédiens. Foresti vient faire un guest. Et quel guest ! Stéphane Rousseau, je l’ai mis sur le coup parce que je le connais bien (Ndlr : l’humoriste québécois est le compagnon de Reem Kherici) au même titre que Philippe Lacheau (Ndlr : Reem Kherici a révélé dans une émission de Justine Fraïoli sur Filles TV avoir été en couple plusieurs années avec Fifi). J’ai écrit pour lui au même titre que j’ai écrit pour Shirley. C’est plutôt moi qui lui ai rendu service en lui donnant une actualité en France.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Je trouve les personnages masculins un peu «chargés». Que vous ont fait les hommes pour que vous les traitiez ainsi ?
REEM KHERICI. Ah ouais ?
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Stéphane Rousseau joue le créateur de mode odieux, Tarek Boudali, votre frère, est bien gentil, Salim son pote est un peu lisse, François-Xavier Demaison souffre en amoureux transi et Fifi est un peu une tête à claques.
REEM KHERICI. Ah… écoutez, je trouve que Fifi est le personnage le plus gâté de tout le script. Donc vous et moi on a une vision très différente. Pour moi, Fifi c’est la carte de l’humour, le personnage léger qui prend un rire chaque fois qu’il apparaît. Il est très très gâté. Pareil pour Tarek, il a un rôle jubilatoire. Il fait des coups de crasse à Maya et nous, spectateurs, on apprécie.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Est-ce que ce n’est pas un peu manichéen : d’un côté les bons Marocains; de l’autre, les sales cons de Parisiens ?
REEM KHERICI. Ben, pas tant que ça car Tarek fait aussi le sale con avec la lampe d’Aladin, la barque pour émigrer vers la France et les toilettes dans le jardin. On a voulu s’amuser de tous les clichés que Maya avait sur le Maroc, à travers l’humour. C’était une bonne subtilité de scénario : partir de cette nana qui débarque avec ses gros sabots au Maroc. Elle se croit au-dessus de tout le monde et son frère va lui donner une leçon. Non pas en lui disant : «Tu nous prends pour des Arabes arriérés !» mais plutôt en disant : «Bienvenue au Maroc, tu vas voir ce que je vais faire de toi p’tite puce». Il le fait avec beaucoup d’amour parce que ce n’est pas méchant et qu’elle le mérite. Son frère est là pour elle. Les personnages de Fifi et Alex (Ndlr : Fifi et Cécile Cassel) sont aussi là pour elle.
«ON FAIT BEAUCOUP D’AMALGAMES ENTRE LES PERSONNAGES QUE JE PEUX JOUER ET LA PERSONNE QUE JE SUIS DANS LA VRAIE VIE».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous n’avez pas épargné votre personnage non plus.
REEM KHERICI. Moi, j’adore ça ! A titre personnel, je trouve ça super de se tourner en autodérision. Je trouve que malheureusement en France, contrairement aux USA, les rôles féminins ne servent pas assez les comédiennes.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et selon vous, ça tient à quoi ?
REEM KHERICI. Sans doute parce que la majorité des scénaristes sont des hommes, on n’a pas beaucoup de comédies où les filles sont mises en avant dans des rôles principaux. On nous cantonne trop souvent aux rôles de femme de, fille de, sœur de, maîtresse de…Dans PARIS À TOUT PRIX, c’est une héroïne qui tient le haut de l’affiche comme dans JOSÉPHINE (Ndlr : film dont Marylou Berry est l’héroïne). Un personnage dans lequel les spectatrices se reconnaissent. La fille qui adore les chaussures, la fille un peu maladroite, un peu pestouille, ça nous arrive à toutes d’être comme ça. Moi, j’aime lui donner des leçons parce que la vie est adorable avec moi. Et même chaque fois que je dois me taper la honte, elle est là pour moi.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ces moments où vous vous «tapez la honte» sont-ils l’occasion de rire de vous-même ?
REEM KHERICI. Ah oui ! Je vous l’ai dit : j’ai beaucoup d’autodérision sur moi. Je crois beaucoup en Dieu et en mon karma et quand je fais une connerie, je le paie. Je me fais punir derrière avec des trucs idiots. Il y a quelques jours, je charriais Shirley sur son look. Shirley Bousquet étant l’une de mes meilleures amies, je me le permets. On était à la gare, je portais une jupe et en reposant mon sac sur mon épaule, ma jupe s’est soulevée devant tout le monde sans que je le voie (rires). J’ai toujours un truc un peu rigolo qui m’arrive comme ces moments où la vie se fout de moi. J’en rigole énormément.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Est-ce que le fait d’être une très jolie femme vous vaut d’être prise pour une pétasse ? J’ose ce mot car vous l’avez prononcé tout à l’heure.
REEM KHERICI. Merci pour très jolie. Malheureusement oui. Vous, vous pensez que j’ai du fond parce qu’on discute ensemble, que j’ai fait un film… et je vous en remercie. Malheureusement on fait beaucoup d’amalgames entre les personnages que je peux jouer comme Carlota dans OSS 117 ou Malaisia dans Fatal et la personne que je suis dans la vraie vie. Moi, j’en ai souffert en tant que comédienne parce qu’on ne me proposait que ça. Je le sais, je le sens. Le regard dans ce métier c’était, je ne suis pas parano mais…(Ndlr : elle se tait, visiblement émue) : «Bon ouais, Reem la bimbo, elle est jolie mais bon…». En plus, je sais m’arranger mais je ne me trouve pas jolie.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. (J’éclate de rire). Et là vous imaginez que tout le monde vous croit ?
REEM KHERICI. Non…pas plus qu’une autre !
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Bien sûr ! Vous ne seriez pas en short du début à la fin du film si vous ne vous trouviez pas jolie ! Il faut les assumer ces shorts qui ne vont pas à tout le monde !
REEM KHERICI. (Elle passe au tutoiement). Je te jure que je ne me trouve pas jolie !
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Oh, Reem, ça suffit ! Là vous vous faites plein d’ennemies. Vous n’avez pas un centimètre de graisse !
(La comédienne qui porte ce jour-là (vous vous en doutiez) un short, attrape sa cuisse et la comprime entre ses mains…En vain, il n’y a pas un brin de peau d’orange. Et là, je me dis que Reem Kherici va plus sûrement se casser un ongle dans la cuisse et faire jaillir du sang que faire apparaître la moindre trace de cellulite. Soudain, je comprends enfin pourquoi Sharon Stone affirme : «Je ne pourrais pas être amie avec une femme qui n’a pas de cellulite!». Je comprends également que je peux devenir copine avec Sharon Stone).
REEM KHERICI. Alors tu sais que… Je te jure sur la tête de Diva mon chat, je suis hyper complexée à propos de mes jambes. Et pourtant on les voit pendant tout le film. Il y a des chaussures que je n’ose pas mettre parce que ça ne me fait pas de jolies jambes.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Reem, certaines chaussures font de vilaines jambes et c’est la chaussure qui cloche, pas la jambe. Les Doc Martens vont à très très peu de femmes !
REEM KHERICI. J’ai pas les jolies jambes d’une mannequin. Je mesure 1m20 et si je mets des shorts c’est justement parce que ça m’allonge. C’est une petite technique. J’adorerais mettre des jupes qui descendent aux mollets mais je fais 1m20 donc j’ai l’air d’une pomme de terre.
«POUR DÉCROCHER UN RÔLE DANS OSS 117, J’AI FAIT CHIER TOUTE LA PLACE DE PARIS !».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Jolie ou pas chacun jugera mais ce qui est indéniable c’est vos talents de comédienne. J’ai l’impression que si vous ne vous étiez pas prise en main, on serait passé à côté de vous et on n’aurait retenu que votre côté bombe dans OSS 117 Rio ne répond plus ou Fatal.
REEM KHERICI. J’ai des défauts mais je suis une grosse bosseuse et je suis très très exigeante. Le personnage de Malaisia dans Fatal, je l’ai bossé euh… mais commençons par le début. Avant ça, il y a eu mon personnage de Carlota dans OSS 117. C’était mon premier casting, je n’avais pas la prétention d’être actrice et je l’ai tenté. Tout comme je n’avais pas la prétention d’être réalisatrice et je me suis lancée.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ce rôle de Carlota est déterminant dans votre parcours puisque les producteurs d’OSS 117 sont devenus les vôtres. Quand vous vous présentez au casting d’OSS 117, vous proposez quoi et on vous demande quoi exactement ?
REEM KHERICI. Ah, ben non ! On ne voulait pas me recevoir. C’était : «Reem Kherici ? Connais pas ! Ah non, Reem Kherici, pas assez connue et trop typée !». Et moi j’insistais en disant : «Oui, mais j’ai appris que le tournage se faisait au Brésil et je peux faire une Brésilienne». J’ai fait chier toute la place de Paris !
LEBLOGFEMMEQUIRIT. C’est quoi «faire chier toute la place de Paris»? Si ça peut servir de conseil aux aspirants comédiens, allez y !
REEM KHERICI. Je me suis débrouillée pour avoir le téléphone de Michel Hazanavicius (Ndlr : réalisateur des OSS 117 et de The Artist) et je l’ai appelé alors qu’il était en repérage au Brésil. «Excusez-moi de vous, de te, de vous déranger…Je vous appelle enfin je t’appelle parce que j’ai vu OSS 1 et je voudrais faire le 2. Je suis comédienne…». Là, Michel m’interrompt pour me dire ce qu’on dit toujours dans ces cas-là : -«Ecoute, appelle le directeur de casting !
Moi : -Oui, mais je l’ai déjà appelé et il m’a dit…
Michel Hazavanicius : – Ben, j’peux rien pour toi !».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et là, n’importe qui aurait abandonné l’idée de tourner avec lui.
REEM KHERICI. Pas moi ! Je rappelle le directeur de casting et je lui dis : «J’ai eu Michel Hazavanicius au téléphone qui m’a dit qu’il voulait bien me recevoir…» etc…. Donc, j’ai fait chier tout le monde ! Je ne sais pas si j’aurais le courage de faire ça aujourd’hui. Je n’avais pas d’agent, j’avais rien ! Je suis arrivée sur le casting dans une robe que j’avais faite, puisque je suis styliste. Et j’avais demandé à Canal + de me coiffer. La plupart du temps, tu te rends aux castings en jean, moi, j’étais prête pour le rôle. J’ai dit le texte. Je savais que plus on me gardait plus c’était positif. Et quand on m’a rappelée j’ai cru que c’était pour me dire que je n’étais pas retenue. Ensuite il y a eu Fatal de Michael Youn qui écrit super bien. Quand Michael Youn écrit, on comprend tout de suite les intentions de jeu parce que ça sonne d’une certaine façon. Voilà comment j’ai fait mon chemin. Mais vous pensez qu’on n’est pas comédienne si on n’a pas pris de cours?
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pas du tout ! Alain Delon, Sophie Marceau, Sandrine Bonnaire ne sont pas passés, au départ, par des écoles de théâtre. Maintenant, c’est vrai que beaucoup pensent malheureusement que tout le monde peut devenir comédien comme eux…
REEM KHERICI. Moi, je ne crois qu’au travail. Je travaille mon texte d’arrache-pied. Je l’ai sur mon I-Pad, je le récite en faisant des longueurs, je le récite en prenant l’accent chinois même si ça n’a rien à voir avec l’histoire. Ça me permet de maîtriser le texte dans ses moindres détails. Je fais la vaisselle en le récitant pour bien l’avoir en bouche. Quand j’ai un personnage à jouer, je me raconte des histoires. Je recherche ce qu’il boit, bouffe, quelle musique il écoute, comment il marche. Je «scénarise» tous les personnages qu’on me confie.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et parfois vous n’avez pas besoin de scénariser puisque le personnage vous ressemble…
REEM KHERICI. Maya me ressemblait pas mal ainsi qu’à Gabrielle Solis. J’ai pensé que Malaisia (Ndlr : son rôle dans Fatal) ressemblait à deux animatrices que j’avais vues sur MTV. Malaisia pourrait carrément être une fille qui sort du Loft. Pour Carlota, j’écoutais I put a spell on you de Nina Simone et d’un seul coup, j’avais la posture et je savais plus ou moins qui elle était. J’adore ce travail-là !
«PERSONNE NE M’AURAIT PROPOSÉ CE RÔLE-LÀ SI JE NE L’AVAIS PAS ÉCRIT»
LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quel moment vous êtes vous sentie comédienne ?
REEM KHERICI. (long silence). Je n’sais pas…
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Au début de cet entretien, vous disiez que même sur scène dans la pièce Qui a tué le mort ? Vous ne vous sentiez pas comédienne…
REEM KHERICI. Je crois que je me sentirai vraiment comédienne quand un réalisateur me donnera un rôle important et qu’il me fera confiance (silence).
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ne devient-on pas réalisatrice justement pour se libérer de cette relation réalisateur qui désire/actrice cherchant à l’être ? Je pensais que vous aviez pris les choses en main pour échapper à ça.
REEM KHERICI. Sûrement, mais en même temps on a besoin de progresser. Donc ce rapport-là, si contraignant et parfois douloureux soit-il, on ne peut l’éviter. Maya c’est un premier rôle que je me suis donné, c’est à moi-même que j’ai donné toute ma confiance. Pour autant, je n’ose pas dire «J’me sens comédienne». Alors oui, je suis comédienne mais quel a été le déclic ? Je n’en sais rien et je pense que j’ai envore mes preuves à faire.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Je repose ma question autrement. Beaucoup de comédiennes passent à la réalisation parce qu’elles ne sont pas ou peu sollicitées. Avez-vous ressenti cette frustration ?
REEM KHERICI. Y a un peu de ça….Euh, oui. (Ndlr : elle réfléchit). Oui, et on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Personne, au grand jamais, ne m’aurait proposé ce rôle-là ! Point n° 1 : il n’aurait pas existé si je ne l’avais pas écrit. Point n°2 : je n’étais pas la première sur sur la «A list» et le rôle est tellement bien que Leïla Bekhti aurait eu tort de le refuser. A vrai dire, je n’aurais jamais eu accès à ce rôle-là. Maintenant que je suis passée à l’écriture et à la réalisation, quel bonheur de ne plus avoir à vivre dans le désir des autres !
LEBLOGFEMMEQUIRIT. C’est une chose dont vous avez souffert ?
REEM KHERICI. Ça, c’est vraiment un truc que les comédiennes s’infligent et que je me suis infligée. C’est NAZE ! Y a rien de pire que de ne pas avoir confiance en soi et se sentir merdeuse. «Ah ben t’es pas choisie, c’est pas parce que t’es pas bonne mais parce que tu n’corresponds pas au rôle». Avant de comprendre ça et de s’accepter, ça passe par un tas de trucs. T’es toujours trop jeune ou pas assez vieille, trop typée, trop machin sauf quand tu as la chance de t’appeler Mélanie Laurent et d’être désirée très jeune et très vite par les réalisateurs. C’est une grosse souffrance. Je suis sûre que Mélanie Laurent ou d’autres comédiennes de renom de ma génération ont des doutes aussi.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Réaliser un film a t-il contribué à alléger ces doutes ?
REEM KHERICI. J’ai vécu la fabrication d’un film de A à Z. Partir d’une idée vraiment simple et arriver à tourner une histoire qui peut faire rire et toucher, c’est faire quelque chose et ça m’a fait du bien. Oui, j’ai fait quelque chose de ma vie. J’ai monté mon projet, je me suis prouvé que j’étais capable de le faire et j’en suis fière. Et même si j’ai dû convaincre mes producteurs et distributeurs, je n’ai attendu après personne. Je n’ai pas eu besoin de gnagnagna (Ndlr : elle prend la voix d’une fille un peu mièvre). Non, j’y suis arrivée et d’ailleurs je suis en train de travailler sur mon prochain film.
«JE TRAVAILLE À MON PROCHAIN FILM QUI SERA UN FILM D’ANIMATION AVEC DIVA, MA CHATTE».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qui sera produit par la même équipe ?
REEM KHERICI. Oui.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ce qui signifie que les échos avant sa sortie sont suffisamment bons pour qu’on envisage un succès et une suite ?
REEM KHERICI. Oui, une suite de collaboration mais pas d’histoire. Je ne serai pas l’actrice principale de mon prochain film qui sera un film d’animation dont Diva, ma chatte sera l’héroïne. Diva (Ndlr : un Maine Coon de 2 ans et 8 mois, voir photo) m’inspire vraiment. En fait, elle na pas été retenue pour le casting de PARIS À TOUT PRIX . Elle n’était, soi disant, pas comédienne ! Je pense que le dresseur voulait plutôt placer sa chatte à lui ! Donc, Diva n’ayant pas été prise, elle sera le sujet de mon prochain film. Elle est sublissime ! Je ne dis pas cela parce que c’est mon chat mais elle est très cinégénique et m’inspire vraiment beaucoup. J’en parle tout le temps.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Un peu gaga de votre chat, tout de même !
REEM KHERICI. Petite, je faisais des exposés sur les chats. J’ai des chats depuis l’âge de 6 ans. Diva a 2 ans et 8 mois mais j’ai eu Domino avant qui a vécu jusqu’à 21 ans. Ç’a été une source de bonheur inimaginable. Petite, je n’avais que ça. Dans mon prochain film Diva est aussi la compagne d’une gamine qui n’a que sa chatte. Mon producteur s’est toujours foutu de ma gueule en disant que j’étais complètement tarée.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Comment a t-il accueilli ce nouveau projet ?
REEM KHERICI. Je lui ai dit: «J’ai une idée de film, tu vas te foutre de moi». J’ai raconté le pitch et il m’a répondu : «Salope, t’es forte, hein ?». Je ne peux pas dire le pitch c’est encore secret mais Diva en est l’héroïne. On va allier humour et sentiments comme dans PARIS À TOUT PRIX.C’est super de repartir dans une aventure très ambitieuse. Je vais repasser par tous ces stades d’écriture assez excitants. Le projet sera peut-être abandonné parce que je ne serai pas à la hauteur ou que ça ne tient pas la route. Tout dépendra de l’inspiration. Mais je suis passionnée et ça m’amuse. Là, j’ai livré mon traitement et j’ai hâte de rentrer pour écrire une fois que PARIS À TOUT PRIX sera sorti. C’est un autre défi que je maîtrise bien de la même manière que PARIS À TOUT PRIX. J’ai des choses à raconter, c’est très excitant.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. En vous voyant au sein de La Bande à Fifi, j’imaginais plutôt que vous évolueriez vers le one-woman-show, comme beaucoup de gens de la télé. Avez-vous eu cette tentation-là ?
REEM KHERICI. Euh oui, j’y ai pensé et puis j’ai vu Florence Foresti sur scène et j’ai pensé qu’il y en a une qui le fait très bien. Je suis contente de ne pas m’être lancée dans cette voie. Je préfère largement écrire et réaliser. Pour avoir Stéphane à mes côtés (Ndlr : Stéphane Rousseau, humoriste québécois), je sais ce que c’est. C’est éprouvant la scène et dur même si tu as beaucoup de plaisir, et que les rires te récompensent tous les soirs. C’est dur d’être sur scène tous les soirs.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Pas plus dur que faire un film !
REEM KHERICI. Quand tu t’appelles Reem Kherici et que tu n’es pas connue tu commences par des micro scènes comme Le Point-Virgule, tu dois te rôder… L’avantage c’est que même si j’ai passé trois ans incognito à écrire et réaliser, j’ai fait mon film et j’ai la chance d’avoir une distribution en salles qui fait que (Ndlr : elle imite le bruit d’une explosion) on touche tout le monde. C’est moins un parcours du combattant que la scène. J’ai fait du théâtre avec Farrugia (Ndlr : Qui a tué le mort ? Pièce qu’elle a jouée au Splendid avec La Bande à Fifi) et ça m’a moins amusée que le cinéma. J’aurais sans doute pu m’écrire un one parce que c’est plus facile à monter mais monter toute seule tous les soirs sur scène…non, sans regrets !
«SANS GÉRALDINE NAKACHE JE N’AURAIS JAMAIS PU MONTER MON FILM».
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quelles comédiennes jouant dans des comédies vous font rire ?
REEM KHERICI. La comédie, c’est très dur à jouer. Il ne suffit pas de savoir son texte il faut avoir du rythme, de l’instinct, de l’intuition…beaucoup d’intelligence, finalement. Dans ce registre, j’adore Melissa McCarthy. Vraiment, c’est une des très bonnes nanas dans l’humour. Comme Kristen Wiig que j’ai découverte également dans Mes meilleures amies qu’elle a réalisé. En comédienne plus classique, plus hollywoodienne, Charlize Theron. Chez les Françaises : Karin Viard et Marina Foïs sont mes comédiennes préférées. Je suis tout à fait fan de Marina Foïs et elle fait tout à fait le genre de carrière que je rêverais d’avoir. J’étais fan des Robins des Bois quand j’étais gamine. Elle a un panel de jeu très étendu de la comédie au drame. Je l’ai trouvée brillante dans Darling ou dans Polisse. Elle est super dans La Tour Montparnasse infernale. J’ai beaucoup de respect pour cette nana et j’aimerais beaucoup travailler avec elle. Dans la nouvelle génération : Géraldine Nakache a ouvert la voie. Sans elle, je n’aurais jamais pu monter mon film. C’est aussi une très bonne comédienne. J’avais été frappée par ce qu’elle fait avec sa valise dans Le Marsupilami. Quand je le lui ai fait remarquer, elle m’a répondu : «Y a que toi qui vois ça ». Bien jouer la comédie c’est avoir ce respect du sens du détail comme Géraldine l’a. Elle est brillante. J’ai beaucoup d’admiration pour elle.
«TOUT LE MONDE M’APPELLE GABY EN RÉFÉRENCE À LA GABRIELLE SOLIS DE DESPERATE HOUSEWIVES»
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous parlez beaucoup de Gabrielle Solis, l’une des héroïnes de Desperate Housewives sans jamais évoquer Eva Longoria, la comédienne qui porte le rôle.
REEM KHERICI. Oui parce que ça fait des années déjà que mes copains, mes copines, tout le monde, en fait, m’appellent Gaby en référence à Desperate Housewives. Ce n’est pas à Eva Longoria qu’ils pensent en me voyant mais à Gabrielle Solis. Alors je ne sais pas comment le prendre parce que c’est une sacrée connasse, aussi. C’est vrai que j’ai des attitudes, des manières de parler et d’être probablement qui doivent lui ressembler. Mais Gabrielle n’était pas un modèle pour moi.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous vivez avec un humoriste, quels spectacles d’humour recommanderiez-vous ?
REEM KHERICI. J’ai vu un Québécois époustouflant que j’adore qui s’appelle Louis-José Houde. Je pense à lui pour faire une voix dans mon prochain film. Je suis en train d’écrire tout un personnage en ayant en tête la voix de Louis-José. Je suis fan d’Audrey Lamy, Alex Lutz et de D’Jal, un artiste que j’ai découvert dans le Jamel Comedy Club.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui vous fait rire ?
REEM KHERICI. L’autodérision. Les gens qui s’amusent d’eux-mêmes, c’est smart et ça attire la sympathie. Les gens qui se cassent la figure, même quand c’est moi. J’ai eu un grave accident de tournage au Maroc. Le premier jour de tournage, je me suis pris la caméra en pleine gueule (Ndlr :elle me montre sur son téléphone les photos d’elle, le visage tuméfié). J’avais une énorme bosse. Regarde, ça c’est les cocards et ça…c’est avec le maquillage.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Waouh, j’espère que vous avez gardé le numéro de la maquilleuse !
REEM KHERICI. Oui c’est ma maquilleuse depuis dix ans.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ce serait bien de dire son nom. On voit tellement de comédiennes défigurées et qui n’ont pas l’excuse d’avoir pris une caméra dans la figure.
REEM KHERICI. Elle s’appelle Naïma Beddari. Et tenez, je vous montre mon album Diva. C’est un Maine Coon. Avec sa bouille, elle fait très Disney. Bon je suis tarée, j’ai une poussette à chat pour la campagne.
LEBLOGFEMMEQUIRIT. Oh, y a son nom dessus !
REEM KHERICI. Oui, c’est moi qui l’ai rajouté à la main. Faut pas exagérer ! Je ne me balade pas non plus en poussette avec elle à Paris. Au Québec, on me demande si c’est un chat sauvage ou un lynx ! Voilà ma Diva. Elle est poseuse, elle est belle et elle le sait ! Elle fait genre, je vais tourner un film… Et ça, c’est un lendemain de cuite (Ndlr : Reem me montre la photo de son choix au-dessus des toilettes en train de regarder l’eau de la cuvette).
LEBLOGFEMMEQUIRIT. On va arrêter sur les chats parce que si je m’y mets aussi, on n’a pas fini. Un dernier mot sur PARIS À TOUT PRIX.
REEM KHERICI. Eh bien, c’est une carte de visite. Après, si les gens n’m’appellent pas… tant pis pour eux. En plus, je suis une fille sympa pas le genre de comédienne à embêter les autres pour un verre d’eau glacée trop glacée mais pas assez glacée et avec un peu de citron. C’est tellement plus simple d’être smart !♦
PARIS À TOUT PRIX de Reem Kherici avec Reem Kherici, Cécile Cassel, Tarek Boudali, Philippe Lacheau, Shirley Bousquet, Salim Kechiouche et Stéphane Rousseau.
Sortie le 17 juillet 2013.
16 réponses à Paris à tout prix, le 1er film de Reem Kherici, la fille en short la plus culottée du cinéma.