Il n’y a pas si longtemps, Julie Villers, humoriste et comédienne belge se contentait d’être folle. Et on aimait bien ça. Désormais, sous l’influence de Schoumsky, Julie passe à la vitesse supérieure et quasi à l’acte en envisageant d’éliminer sa génitrice.
En quittant La Comédie Contrescarpe, dans le 5ème arrondissement de Paris, pour le Théâtre Montmartre-Galabru perché dans le 18ème arrondissement de la capitale, Julie Villers n’a pas fait que traverser la Seine, elle a également changé de cap… et de capitaine. En travaillant désormais avec Schoumsky*, détenu dans retenue, et surtout l’un des meilleurs auteurs et comédiens apparus ces derniers temps, l’humoriste est parvenue à donner une autre dimension à son jeu. Et sans doute un autre sens.
On la savait bonne comédienne. Non, excellente. De celles qui dévastent tout avec talent et intelligence et après qui on n’aimerait pas passer dans un casting. Croyez-moi, je vois beaucoup de filles drôles, marrantes, rigolotes, sympas, mignonnes, blablabla sur la scène de l’humour mais très peu d’entre d’elles sont de très bonnes comédiennes. Qui le leur reprocherait puisque ça marche pour certaines de n’être que des robinets à vannes ?
Julie Villers a une autre ambition. Elle n’a pas besoin de le dire, cela s’affirme à travers son jeu, l’exigence et la passion dont elle l’anime. Elle mettra peut-être plus de temps que d’autres, elle restera plus sûrement que ces autres-là. Son texte de départ avait le mérite de raconter une véritable histoire coulée dans la grande. Il ne fallait pas y chercher forcément le rire. Pas à tout prix, en tout cas. Mais plutôt une invitation réfléchir en riant sur une époque et la façon dont on à la digère, sur la transmission elle aussi plus ou bien digérée, sur ce que l’on hérite, sur ce que l’on mérite, sur tout ce qui vous fait exister contre soi, malgré soi ou avec soi.
Julie Villers dressait les portraits de femmes défigurées par une Histoire et des histoires qui leur échappent. C’était fort, inspiré mais parfois décousu et surtout présenté dans un écrin qui ne s’y prêtait pas. La Comédie Contrescarpe est une salle dont les publics viennent plus volontiers applaudir des comédies, des spectacles d’impro et des one-man dans la veine du stand-up …que des seuls en scène nés d’une envie quasi viscérale de théâtre. J’ai l’impression que cet espace protégé qu’est le Montmartre-Galabru convient mieux à la proposition que fait Julie Villers.
Si le texte a changé, s’est resserré par endroits et se montre plus mordant à d’autres, le jeu n’a pas molli. La mise en scène se veut aussi plus claire, plus efficace. Sous le prétexte d’une thérapie, Julie Villers convoque tous les personnages féminins de sa famille et remue le couteau dans les plaies de chacun en prenant soin d’y verser quelques gouttes d’humour au vitriol. Cela remue les tripes autant que les neurones. Tout ce que j’aime dans les spectacles d’humour. On retrouve sur scène le même feu, la même folie qui habitent Julie Villers dans la vie. Son spectacle est plus que drôle il est vivifiant et les applaudissements que lui ont réservés les spectateurs dimanche dernier (la salle était pleine le 11 mai) me laisse penser qu’il y aura, au-delà du 31 mai, d’autres nombreuses scènes pour accueillir ce spectacle singulier et généreux.
Julie Villers joue “Je buterais bien ma mère un dimanche”, les samedis à 21h30 et les dimanches à 18h , jusqu’au 31 mai au théâtre Montmartre -Galabru : 4, rue de L’Armée d’Orient, 75018 Paris. Julie Villers promènera son spectacle du 19 au 21 juin à 20h30 à L’Entrepôt (Mulhouse), avant de
*Schoumsky joue Schoumsky au parloir, les dimanches et lundis à 20h au Point Virgule : 7, rue Sainte-Croix-de-La Bretonnerie, 75004 Paris.
Benjamin Waltz jouera son one-man-show au Café Oscar, le jeudi 5 juin prochain : 155, rue Montmartre 75002 Paris. Tél: 1 42 21 09 61
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