Catherine Rambert de TéléStar : “La disparition de Thierry Roland valait-elle de faire l’ouverture des JT de TF1 et F2 pendant 20 et 15 mn ?”

Catherine Rambert, Directrice de la rédaction de TéléStar, écrit dans son édito du 2 juillet ce qu’elle pense de la façon dont les télés ont traité le décès de Thierry Roland. Pas  dupe, Thierry Roland doit rire (de son rire si singulier) de se voir soudain si beau en leur miroir…

Photo J.Bourguet/TéléStar ©

L’Edito de Catherine Rambert publié le 2 juillet dans le TéléStar n°1866 (programmes du 7 au 13 juillet)

“Ridicule ? Avec le sport décidément nous ne sommes pas rationnels. Ainsi, on est en droit de s’interroger sur le traitement réservé par les médias à la disparition de Thierry Roland. Sans faire offense à sa mémoire et à la place qui fut la sienne dans le monde du journalisme sportif, la nouvelle valait-elle de faire l’ouverture des JT de TF1 et F2 pendant respectivement vingt et quinze minutes (en pleines législatives) ? L’avalanche d’éloges n’était-elle pas démesurée, si l’on se souvient, l’homme s’était illustré à plusieurs reprises par des commentaires douteux sur l’origine de certains joueurs (ou arbitres) et ne cachait pas une légère misogynie ? Cette absence de mesure oblige à rétablir les faits. Au fait, en 2005, lorsque TF1 l’avait brutalement licencié au profit de Thierry Gilardi, l’avaient-elles soutenu ces belles âmes aujourd’hui éplorées ? “

 

 

 

 

 

Catherine Rambert a raison et elle n’est pas la seule à poser cette question. La presse belge a été la première à s’étonner de la couverture médiatique réservée à la star du commentaire de matches, et l’a fait savoir deux jours après son décès. “La popularité de l’homme ne fait aucun doute, écrit Nicolas Crousse dans Le Soir, le 18 juin dernier. Mais fallait-il pour autant qu’un journaliste bénéficie d’un traitement comparable à celui qui accueille généralement la disparition des chefs d’État ou des monstres sacrés d’un pays ?” (extrait de Roland, dieu du stade… et du JT).  Et François de Brigode, le PPDA du JT de la RTBF d’enfoncer le clou  :”Au panthéon de la connerie, on a atteint les sommets du déraisonnable”. Les Belges qui, comme les Suisses ont su ces dernières années s’engager sans peur sur des terrains où la  presse française patinait (cf le divorce de Cécilia Sarkozy, l’affaire DSK…) le jurent : jamais on ne les prendra à célébrer ainsi leurs  stars du petit écran. Même lorsque Roger Laboureur, l’un des plus populaires journalistes sportifs, aujourd’hui retiré des plateaux, s’éteindra ?

Alors, la presse française en a-t-elle trop fait en célébrant ainsi Thierry Roland ?  Ben oui !  Mais ça ne m’étonne pas. Depuis qu’on a déroulé le tapis rouge sous les pas des vedettes de la télé-réalité qui se prennent pour des stars, il est tout à fait cohérent que les personnalités connues, estimées ou détestées pour un travail réel qui les a dotées d’une popularité légitime soient  traitées comme “des chefs d’Etat ou des monstres sacrés”. Le jour où l’on remettra les candidats de la real-tv à leur place, dans la vraie vie, c’est-à-dire sans caméra ni micro ni attention démesurée, les Thierry Roland et autres vraies stars du petit écran jouiront d’un traitement normal. Pour l’heure, ce mélange des genres convient parfaitement aux chaînes qui, pour booster leur audience, se livrent à une concurrence sur le terrain de l’émotion. Ce que les télés ont fait autour de la disparition de Thierry Roland n’est pas drôle mais tout à fait risible.

 

 

 

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