Qu’est-ce qui fait rire Marc Lévy, écrivain ?

Marc Lévy vient de publier Si c’était à refaire et prépare Sors de ce placard ! une comédie gay prévue pour le printemps 2013 dans laquelle il rêve de faire jouer Florence Foresti et Bill Nighy. Sans blague ?

©photo K.Beloouar

 

Marc Lévy est un homme drôle. J’en avais l’intuition en le voyant jouer son propre rôle et se moquer de lui-même dans le film L’amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder; j’en ai eu la conviction en l’interrogeant sur ce qui le fait rire. Ma curiosité a été récompensée puisqu’il m’a livré, en exclu, le titre de son prochain bestseller Sors de ce placard !, prévu pour 2013. Son éditeur n’est pas au courant…et à vrai dire Marc Lévy, non plus ! Alors, ai-je inventé cette histoire ? Non. Marc Lévy était-il sous l’influence de substances illicites ? Non. L’écrivain avait simplement envie de s’amuser et j’étais d’humeur légère. Sous une pluie battante, installé sur la terrasse de L’Hôtel de Sers, Marc Lévy, s’est joyeusement engagé à ne pas être trop sérieux.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quelle est votre définition de l’humour ?

MARC LÉVY. La première définition de l’humour c’est de savoir rire se soi-même avant d’apprendre à rire des autres.

Sur les écrans le 30 mai 2012

LBFQR. Et comment Marc Lévy rit-il de lui-même ?

MARC LÉVY. J’ai eu la chance de grandir dans une famille où l’humour, la dérision et l’autodérision étaient au cœur de la vie familiale. Et j’ai une bande de copains qui perpétuent cette tradition. La religion à la maison, c’était de ne pas se prendre au sérieux, ce qui facilite beaucoup les choses. Et puis, très jeune mon père m’avait fait un truc très drôle. Il avait dessiné un rond sur une feuille de papier en disant : «Ça, c’est ta boîte crânienne. Ce volume est défini dès le départ. Tu es libre de remplir cette masse cérébelleuse soit avec de l’ego soit avec de l’humour. Mais statistiquement, ceux qui l’ont remplie avec de l’ego se sont beaucoup ennuyés et ont beaucoup ennuyé les autres; et tous ceux qui y ont mis de l’humour ont eu une vie beaucoup plus marrante». Donc j’ai préféré prendre le côté humour.

LBFQR. Votre père vous a, vous et votre sœur Lorraine Lévy (réalisatrice du film Le fils de l’autre, actuellement sur les écrans) farci la tête, si jeunes avec des histoires de masse cérébelleuse ?

MARC LÉVY. Tout à fait ! Mes parents nous ont surtout appris à ne pas nous mettre au centre de nos propres vies mais à y placer les autres. Ça rend la vie beaucoup plus intéressante.

LBFQR. De quelle façon êtes-vous drôle si toutefois vous vous trouvez drôle ?

MARC LÉVY. Le propre de l’humour c’est de ne jamais se trouver drôle soi-même ! Moi, je ne me trouve pas spécialement drôle. Ma femme (Ndlr: Pauline Lévèque, journaliste à Paris Match) l’est beaucoup plus que moi. C’est drôle mais je crois qu’il existe un lien, blague à part, entre l’humour et la considération qu’on a pour les autres. L’humour passe par le respect des autres.

LBFQR. Qu’est-ce qui vous fait rire depuis toujours ?

MARC LÉVY. J’adore l’humour à double détente. Tout à l’heure, j’étais sur un plateau de télé avec mon ami Guillaume Gallienne et je lui ai fait une vanne qui est un rebond d’une conversation que nous avons eue il y a deux ans. Il n’y a que lui qui pouvait comprendre. Guillaume est parti dans un fou rire ! Et il était très gêné car il ne pouvait pas expliquer pourquoi.

LBFQR. Parce que dans la vie vous êtes très vanneur ?

MARC LÉVY. Je ne suis pas très vanneur parce que je préfère l’humour woodyallenien ou à la Buster Keaton. Je suis persuadé qu’on peut être drôle sans être méchant. Dans le mot vanne, il y a une ambiguïté. J’aime plutôt les mots d’humour.

LBFQR. Y en a t-il un en particulier qui a retenu votre attention ?

MARC LÉVY. Quand on demande à Woody Allen* ce qu’il pense de la mort, il répond : «Ça ne me dérange pas mais je ne voudrais pas être là le jour où ça m’arrive». C’est, pour moi, hi-la-rant !

LBFQR. Quels humoristes de la nouvelle génération vous font rire ?

MARC LÉVY.  Chabat me fait beaucoup rire, au temps des Nuls et toujours aujourd’hui. Desproges était mon maître à penser. Woody Allen…Dans ceux d’aujourd’hui: Florence Foresti me fait énormément rire. Valérie Lemercier dans Palace me faisait hurler de rire.

LBFQR. Quelle histoire (pas) drôle ne fait rire que vous ?

MARC LÉVY. Une histoire juive. Simon téléphone à sa mère et lui demande : «Allô maman, comment ça va ? ». Sa mère répond: «Bien». Et Simon lui dit : «Excusez-moi Madame, j’ai fait un faux numéro».

LBFQR. Et ça ne fait pas rire les autres ?

Valérie Lemercier en Lady Palace

MARC LÉVY. (Grand éclat de rire). Ça ne fait pas rire ma mère !

LBFQR. Qu’y a t-il de plus drôle dans votre personnalité ?

MARC LÉVY. Euh, là comme ça…

LBFQR. Les critiques vous assomment chaque fois que paraît un de vos romans et vous prenez beaucoup de distance par rapport à ça, vous répondez même parfois des choses marrantes.

MARC LÉVY. C’est sûr que je prends beaucoup de distance car je suis né myope, ça aide énormément ! J’ai l’impression d’être flou comme type. Oui, je me vois flou.

LBFQR. Attention, je vais en faire le titre de cet article !

MARC LÉVY. Oui, et c’est pas forcément flatteur. Je crois que c’est le fait de bégayer à l’intérieur…

LBFQR. C’est on ne peut plus flou, en effet !

MARC LÉVY. Ça provoque toujours des situations un peu cocasses. Par exemple, je suis un énorme gaffeur ! Je suis beaucoup trop spontané et ça peut provoquer des situations terribles. Je suis un gaffeur spontané et myope. Vous imaginez le handicap au départ ?

LBFQR. Cette singularité vous a t-elle donné envie de cultiver un talent comique ?

MARC LÉVY. Non, mais quand j’avais 7 ans, je louchais et je zozotais. Les deux cumulés, c’était assez rigolo pour les copains.

LBFQR. Myope, loucheur, zozotant et bégayant à l’intérieur…Je comprends mieux pourquoi votre livre s’appelle «Si c’était à refaire» !

MARC LÉVY. Je vous jure que j’ai fait de la rééductaion ophtalmique toute mon enfance ! Je n’en pouvais plus de cette réglette qu’on faisait glisser le long de mon nez, c’était un cauchemar ! J’ai dû faire deux cents séances de rééducation des yeux. Je louchais et zozotais énormément. J’avais des jeudis pas très joyeux puisque je passais une heure et demie chez l’orthophoniste et une heure et demie chez l’ophtalmo. Autant vous dire que je me tordais de rire ! En classe, quand j’allais au tableau, ça faisait marrer les copains.

LBFQR. Pensez-vous qu’il y a un humour féminin et un humour masculin ?

MARC LÉVY. Plus maintenant. Florence Foresti en est l’exemple parfait. Et je pense qu’il y a une sensibilité féminine très marquée chez Alain Chabat. La guerre des sexes n’aura pas lieu chez les gens drôles.

LBFQR. La critique s’amuse beaucoup des titres de vos romans. Pourriez-vous proposer en exclusivité pour leblogfemmequirit un titre parodique d’un roman de Marc Lévy ?

MARC LÉVY. Vous trouvez que «L’étrange voyage de M.Daldry» est un titre facile ?

LBFQR. Vous voyez bien ce que je veux dire ! Une partie de la critique et de vos confrères se moquent régulièrement de vos titres comme de ceux de Guillaume Musso…

MARC LÉVY. Sors de ce placard !

LBFQR. On dirait une comédie de boulevard sur un coming out !

MARC LÉVY. Ça va beaucoup plaire à mon éditeur qui va m’appeler dès la parution de l’article !

LBFQR. Quels livres (roman, théâtre, BD, poésie…) vous font rire ?

MARC LÉVY. En BD, ce sont Les Bidochon. Le livre ce serait L’Encyclopédie des dialogues d’Audiard.

Lino Ventura, Bernard Blier en Tontons Flingueurs

LBFQR. Quelle est votre réplique drôle préférée ? (citation de film, livre, sketch…)

MARC LÉVY. Il y a une phrase qui me fait rire dans Les Tontons Flingueurs. Blier dit : «Les canards c’est con mais ça fait cossu !». Je mettrais bien cela sur ma tombe. Ou plutôt, il y a une phrase géniale pour une tombe : «J’vous avais dit que j’allais pas bien!».

LBFQR. De quelles personnes connues ou non aimez-vous entendre le rire et pourquoi ?

MARC LÉVY. De mes fils. Ce sont des rires joyeux. Vous avez le hanhanhan… et le rire joyeux. Et là, je me demande bien comment vous allez reproduire cela sur votre blog !

LBFQR. Si vous deviez partir sur une île déserte quels humoristes emmèneriez-vous avec vous?

MARC LÉVY. Je partirais avec ma femme qui est très drôle. En plus, ça me permettrait de coucher avec elle ce qui peut être pratique sur une île déserte.

LBFQR. Si vous deviez vous réincarner en humoriste dans la peau de qui voudriez-vous renaître ?

MARC LÉVY. Alain Chabat. J’ai hâte d’aller voir Sur la piste du Marsupilami !

LBFQR. Pensez-vous qu’on puisse rire de tout ?

MARC LÉVY. Non

LBFQR. Quelles sont vos limites ?

MARC LÉVY. On ne peut pas rire de la mort d’un enfant, ça c’est impossible ! On ne peut pas rire de la violence. Certains sujets sont trop dramatiques. On peut rire avec tendresse des sujets les plus graves mais il y a des sujets graves dont on ne peut pas rire. Je ne pourrais pas rire de la souffrance des enfants, de la faim dans le monde et de la violence faite aux femmes.

LBFQR. Vous ne pensez pas que c’est plus une question d’écriture donc de style que de sujet ? Des gens comme Timsit peuvent aller très loin sans jamais être injurieux à l’égard des victimes que vous citez.

MARC LÉVY. Il y a des choses sur lesquelles je ne peux pas rire. Ou plutôt, je ne veux pas donner d’ordre à quiconque mais certains sujets ne me font pas rire.

LBFQR. Quelle est votre comédie préférée ?

MARC LÉVY. Love Actually de Richard Curtis avec Hugh Grant, Bill Nighy, Colin Firth…c’est hilarant ! Mon autre comédie préférée reste Vacances romaines de William Wyler avec Audrey Hepburn et Gregory Peck.

LBFQR. Quand écrirez-vous une comédie ?

MARC LÉVY. La semaine prochaine si vous voulez !

LBFQR. Si vous deviez écrire une comédie comment commencerait-t-elle et que raconterait-t-elle ?

MARC LÉVY. Je vais y réfléchir longuement mais j’ai déjà écrit des comédies. “Mes amis, mes amours”, c’était une franche comédie. Un de mes rêves, mais je n’ai pas assez de métier pour m’y mettre, c’est d’écrire une comédie pour le théâtre.

Bill Nighy aussi myope que Marc Lévy ?

LBFQR. Pour quels acteurs rêveriez-vous d’écrire cette comédie pour le théâtre ?

MARC LÉVY. Je suis absolument fan d’un acteur anglais qui s’appelle Bill Nighy**. Je pourrais me damner pour lui ! Il faudrait que j’écrive cette pièce en anglais et vu mon niveau, ça pourrait être drôle. Et pour lui donner la réplique, évidemment, Florence Foresti !

* Woody Allen : A documentary, réalisé  par Robert B.Weide sortie prévue le 30 mai 2012

** Bill Nighy sera à l’affiche de Indian Palace de John Madden, le 9 mai 2012.

Synopsis : Andrew Stilman, grand reporter au New York Times, vient de se marier. Le 9 juillet 2012 au matin, il court le long de l’Hudson River quand il est soudainement agressé. Une douleur fulgurante lui transperce le dos, il s’effondre dans une mare de sang. Andrew reprend connaissance le 9 mai 2012…

Deux mois plus tôt, deux mois avant son mariage. À compter de cette minute, il a soixante jours pour découvrir son assassin, soixante jours pour déjouer le destin.

De New York à Buenos Aires, il est précipité dans un engrenage vertigineux. Une course contre la montre, entre suspense et passion, jusqu’au dénouement… à couper le souffle.

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