Olivier Sauton joue Fabrice Luchini et moi. Luchini approuve.

Olivier Sauton joue “Fabrice Luchini et moi” à L’Archipel*, un spectacle en forme de déclaration d’amour à son idole…qui a beaucoup apprécié cet hommage. Moi aussi.

A L'Archipel à partir du 29 janvier

A L’Archipel à partir du 29 janvier

Olivier Sauton a la trentaine. Une trentaine qui flirte avec la quarantaine : la bonne heure et le bon âge pour cueillir le succès. Son spectacle fait des heureux depuis un an à L’Archipel, théâtre parisien posé sur le boulevard Saint-Denis, quasi en face du Théâtre Antoine où Fabrice Luchini jouait début 2014. Coïncidence, hasard ? Un soir, Luchini a traversé la rue pour voir Sauton dont on lui parlait de plus en plus.

J’avais vu Olivier Sauton sur scène le 29 décembre 2013 et lui avais promis un papier sur Leblogfemmequirit dès que Luchini serait venu le voir. J’ai revu, par hasard, Olivier Sauton le 19 juin 2014 lors d’une soirée sur la péniche de Béatrice Costantini (dont je parlerai bientôt sur ce blog). On n’avait pas prévu de se parler mais le champagne était délicieux, j’avais croisé Michèle Laroque (ce qui est toujours une source de plaisir) il faisait beau et la vue sur la Seine et la Tour Eiffel constituaient un cadre propice. Nous avons donc parlé de “Fabrice Luchini et moi”, son spectacle, de Luchini qui le lui a inspiré, de Dieudonné également, du travail de comédien.

Depuis, le bouche à oreille continue, amplifié depuis quelques mois par “l’effet canapé rouge” de Vivement Dimanche. S’être assis quelques minutes en face de Michel Drucker et de Chantal Ladesou (l’invitée principale du show dominical a vu Olivier à Avignon et ne tarit pas d’éloges à son sujet) vaut depuis quelques semaines de nombreux appels à Olivier Sauton. Je l’ai moi-même recontacté pour une mise à jour de ses propos.

“J’ESSAIE HUMBLEMENT DE HISSER LES GENS, QUI ME FONT L’AMABILITÉ DE VENIR VOIR MON TRAVAIL, AUX GRANDEURS DES PLUS HAUTS GÉNIES LITTÉRAIRES”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Parlez-nous de FABRICE LUCHINI ET MOI, seul en scène dont vous êtes l’auteur et l’interprète.

OLIVIER SAUTON. C’est un spectacle dans lequel je joue deux personnages. Un jeune mec de 20 ans qui s’appelle Olivier Sauton qui rêve d’être comédien. Mais il veut être comédien pour avoir accès à la gloire, aux femmes et à l’argent. Et je joue un autre personnage, Fabrice Luchini qui est une sorte de maître et va devenir le professeur de théâtre d’Olivier Sauton. Il va faire découvrir à Olivier Sauton ce qu’est le travail de comédien, ce que sont les grands textes et les grands auteurs.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. L’amener en quelque sorte à redéfinir son métier de comédien.

OLIVIER SAUTON. Oui, l’amour du théâtre, c’est l’amour du public et des grands auteurs et non l’amour de soi-même et de sa gloire.

Olivier Sauton, Sandrine Donzel, son attachée de presse et une amie©LBFQR

Olivier Sauton, Sandrine Donzel, son attachée de presse et une amie©LBFQR

LEBLOGFEMMEQUIRIT. L’envie de célébrité est une tentation assez banale qui gagne tous les comédiens et pas seulement cette profession.

OLIVIER SAUTON. Ben oui. Je crois même que c’est une étape obligée. Parce que quand tu commences à 20 ans, tu as envie d’être aimé, connu, reconnu. T’as envie de reconnaissance sexuelle, financière…Notre moteur, au début, est toujours égoïste et individualiste. Après, si on rencontre les bonnes personnes et développe un peu son intelligence, on peut vraiment tomber amoureux du métier qu’on fait. Quel que soit le métier qu’on fait.

“ J’AI VOULU FAIRE CE MÉTIER POUR FAIRE LA COUVERTURE DES MAGS, AVOIR DES AVENTURES AVEC BRITNEY SPEARS, RIHANNA, TOUTES CELLES QUI DÉFILENT !”

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous-même, vous êtes tombé dans cet écueil ?

OLIVIER SAUTON. Ah oui, oui ! Totalement ! Moi, quand jai commencé à vouloir faire ce métier, c’était vraiment pour faire la couverture des mags, avoir des aventures avec Britney Spears, Rihanna et je ne sais pas qui. Toutes celles qui défilent ! Presque pour qu’on parle plus de ma vie privée que de mon travail. J’ai eu la chance de tomber sur un grand professeur de théâtre qui a été aussi celui de Fabrice Luchini.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Ce serait bien de le citer.

Jean-Laurent Cochet©site de JLC

Jean-Laurent Cochet©site de JLC

OLIVIER SAUTON. Oui, c’est Jean-Laurent Cochet.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Une grande figure du théâtre qui a, entre autres, formé Gérard Depardieu, Richard Berry, Daniel Auteuil…Comment avez-vous atterri chez Cochet ?

OLIVIER SAUTON. J’avais rencontré Jean-Claude Brialy par hasard et lui avais fait part de mon envie d’être acteur et de m’inscrire au Cours florent. Brialy m’a dit : “Va pas au Cours Florent, c’est pour les beaufs ! Il y a deux écoles à fréquenter : soit Périmony soit Cochet. Si tu n’as jamais fait de théâtre, va chez Cochet. Au bout de deux mois, tu sauras si tu veux faire ce métier”.

“COCHET M’A FAIT AIMER LE TRAVAIL ET LE TRAVAIL ÉLOIGNE LES BRANLEURS”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et alors, au bout de deux mois ?

OLIVIER SAUTON. Quand je suis arrivé chez Cochet, au début, je ne comprenais rien. Je n’avais aucune culture et n’avais lu aucun bouquin. Je ne comprenais rien aux références qu’il faisait. Ça avait l’air pénible ! Il montrait tout le côté technique du métier, j’avais l’impression d’être parmi les Petits Rats de l’Opéra. Moi, je voulais danser comme un danseur en boîte de nuit et lui voulait faire des choryphées, des danseurs étoiles. Au bout d’un an, je me suis dit : “Je vais arrêter, ça n’me parle pas”. Et puis finalement, au bout d’un an, j’ai relu tous les livres que Cochet nous avait donnés à lire et j’ai commencé à les comprendre. Avant, je ne comprenais rien. C’est grâce à son enseignement que je me suis mis à comprendre des choses et ç’a été une vraie évolution pour moi. Quand je suis arrivé, j’étais un vrai branleur (bon, j’ai toujours cette graine de branleur, ça c’est sûr !) mais il m’a fait tellement aimé le travail! Et le travail, ça éloigne les branleurs, quand même !

Luchini dans Gemma Bovery © J Prébois.

Luchini dans Gemma Bovery © J Prébois.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Que vous a-t-il transmis d’essentiel ?

OLIVIER SAUTON. J’ai suivi pendant trois ans les cours de Jean-Laurent Cochet. Ç’a été une vraie révolution, révélation. Il m’a appris les auteurs, il m’a appris le métier de comédien qui est un vrai travail, en fait. Jean-Laurent Cochet avait une phrase géniale que je me répète tous les jours : “Avant d’être artiste soyez déjà artisan !”. Artisan c’est pas sexy. Personne ne veut être artisan ! Tout le monde veut être artiste avec les cheveux qui débordent et les filles autour mais c’est quand on devient artisan qu’on commence à s’éclater vraiment.

“J’AVAIS AUSSI ENVIE DE SORTIR DU ONE-MAN-SHOW. JE NE ME SENTAIS PAS COMIQUE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Comment est né ce face à face entre Fabrice Luchini et un apprenti comédien ? Idée qu’on pourrait exploiter à l’infini avec tous les artistes à fortes personnalités.

OLIVIER SAUTON. J’ai commencé par le one-man-show. J’avais un sketch dans lequel j’imitais Fabrice Luchini et ce sketch marchait très bien. Je ne me lassais pas de le faire. Les autres ? Bon, voilà…J’étais tellement heureux de me glisser dans la peau de Fabrice Luchini que j’étais toujours content d’interpréter ce sketch. Un jour, je me suis dit : “Quand les gens me parlent de mon spectacle, ils n’évoquent que le sketch sur Luchini. Y a un truc à faire avec ça!”. J’avais aussi envie de sortir du one-man-show. J’en avais marre de la blague et de la vanne. Je ne me sentais pas comique. Il y avait meilleur que moi comme comique. J’ai eu envie de raconter une belle histoire qui donne aux gens envie de lire sans se prendre la tête, d’aller au théâtre sans avoir peur de s’ennuyer et de s’élever sans être précieux ni pédant. Je me suis dit : “Raconte cette histoire de maître à élève. Joue le rôle de l’apprenti et profite de l’occasion pour créer le personnage du maître en faisant Luchini”. C’était il y a quatre, cinq ans. Je suis assez lent dans le travail. Le processus de maturation est important pour moi, alors j’ai écrit et répété pendant un an et demi à peu près.

QUAND ON ÉCRIT POUR LE THÉÂTRE, ON SAIT QU’ON PRÉPARE UNE FÊTE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. L’écriture est-elle pour vous un exercice difficile voire douloureux ?

OLIVIER SAUTON. Ah ! Les très grands auteurs, les très grands romanciers comme Louis-Ferdinand Céline, Antoine Blondin disent que c’est douloureux d’écrire. C’est vrai mais quand on écrit pour le théâtre, là où c’est moins douloureux c’est que l’on sait qu’on prépare une fête, quand même ! On sait que l’écriture va être partagée en temps réel avec le spectateur. C’est donc moins douloureux que de se lever le matin pour aller faire un taf que t’aimes pas.

Olivier Sauton et Laure Valentin, comédienne©LBFQR

Olivier Sauton et Laure Valentin, comédienne©LBFQR

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quel stade du processus éprouve-t-on cette douleur?

OLIVIER SAUTON. L’écriture, ce n’est pas du tout l’inspiration. C’est de l’inspiration avec beaucoup de travail. C’est une inspiration multi retouchée. Ce n’est pas : “J’ai un trait de génie la nuit pendant la pleine lune, je me sens poète et j’écris trois pages !” Ça n’existe pas. Tu vas écrire trois pages que tu trouves parfaites. Tu les relis le lendemain, ce n’est pas si parfait. C’est là qu’interviennent le travail et une forme de douleur dans le sens où écrire requiert beaucoup de travail. Mais je trouve le travail du comédien plus douloureux que celui d’auteur. Etre comédien, c’est se mettre en bouche une écriture. Je ressens la pénibilité de mon travail beaucoup plus quand je travaille pour mettre en bouche que lorsqu’il faut le sortir avec un stylo. Avec un stylo, je décide encore et je me fais plaisir alors que quand je le mets en bouche, c’est vraiment du travail.

“JE ME SUIS APPROCHÉ DE DIEUDONNÉ ET SES AMIS. ET LÀ OÙ JE CROYAIS QU’IL Y AVAIT DE LA LIBERTÉ, IL Y AVAIT DE LA POLITIQUE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A part Fabrice Luchini quels comédiens vous ont donné l’envie d’être sur scène. Quels sont vos autres sources d’inspiration ?

OLIVIER SAUTON. En N° 1 : Fabrice Luchini. En N°2 : Molière parce que je suis allé au théâtre pour la première fois à 20 ans, pour voir Dom Juan et j’ai adoré ! En N°3 : une inspiration sulfureuse et mal comprise, et c’est normal. Quand je faisais du one-man-show, mon inspiration c’était Dieudonné pour trois raisons.

Dom Juan © Book Node

Dom Juan © Book Node

LEBLOGFEMMEQUIRIT. C’est effectivement un auteur et comédien que beaucoup d’humoristes me citent.

OLIVIER SAUTON. La première raison : parce que c’était le meilleur. La seconde : parce que j’adore l’interdit. La troisième : parce qu’en tant que comique, à cette époque, je voulais m’inscrire dans cet humour interdit et marginal. Après, le problème c’est que j’ai travaillé avec Dieudonné, je me suis approché de Dieudonné et ses amis. Et là où je croyais qu’il y avait de la liberté, il y avait de la politique. Moi, je ne suis pas du tout politique. Je ne vote pas, d’ailleurs, et ne suis même pas inscrit sur les listes. J’aime bien en parler parce que c’est tellement ridicule !

“J’ADORE LA PHRASE DE DESPROGES : “JE NE SUIS PAS UN ARTISTE ENGAGÉ, JE SUIS UN ARTISTE DÉGAGÉ”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et donc Dieudonné...

OLIVIER SAUTON. Je me suis détaché de Dieudonné. Humainement, je l’aime beaucoup. Il est réellement sympathique. Il est tellement drôle ! Yannick Noah en parle très bien. Il ne peut pas blairer ses idées mais il adore l’homme et ils sont très amis tous les deux. Leurs enfants sont très amis. On touche du doigt quelque chose de difficile. Tu t’entends bien avec le mec, tu trouves qu’il a un talent génial mais tu n’es pas d’accord avec ses orientations. Au-delà de ses orientations, c’est son côté partisan. Pour moi un artiste n’a pas le droit de dire :“Faut voter pour untel. Je m’affiche avec tel homme politique, tel penseur comme Alain Soral”. J’ai été à la fois très naïf et très courageux. Courageux parce que je me suis dit : “Je sais que je me tire une balle dans le pied mais je vais pouvoir travailler avec l’un des meilleurs”. Et je ne le regrette pas.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. De quelle façon avez-vous travaillé avec Dieudonné ?

OLIVIER SAUTON. J’ai tourné deux films avec lui. J’ai un tout petit rôle dans le premier. Dans Métastases, le second, j’ai le premier rôle. Contrairement au premier film, il n’y a pas une ligne sur Israël. Cela arrive à une époque où personne ne me proposait rien, pas même de la figuration. Je ne l’ai pas fait pour de l’argent car Dieudonné paie très mal.

“JE NE PARTAGE PAS LES IDÉES DE DIEUDONNÉ, SON COMBAT N’EST PAS LE MIEN”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. C’est sa réputation, en effet.

OLIVIER SAUTON. Mais il ne m’a pas arnaqué. Je savais avant ce que j’allais toucher. Qu’on ne me dise pas que je l’ai pas fait pour l’argent, c’est pas vrai ! Je l’ai fait pour le plaisir de jouer avec un cador, un excellent comédien, un personnage déjà historique parfois pour de bonnes raisons parfois pour des mauvaises. Et puis moi, quand je parle de quelque chose ou de quelqu’un, j’aime bien savoir de qui et de quoi je parle. Beaucoup de gens parlent de Dieudonné sans savoir qui c’est. C’est un type que j’aime bien mais qui commet une erreur immense : celle de s’être engagé dans un engagement qui n’est pas du tout le mien que ce soit bien clair. J’adore la phrase de Desproges qui dit : “Je ne suis pas un artiste engagé, je suis un artiste dégagé”. Eh bien, Dieudonné aurait dû rester un artiste dégagé. Non pas dégagé parce qu’il s’est engagé, mais dégagé tout court !

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Beaucoup vous associent encore à lui, malgré vous.

OLIVIER SAUTON. Si je ne renie rien ni ne cache rien, en revanche, je souhaite que cela soit très clair dans l’esprit des nombreux lecteurs et lectrices du Blogfemmequirit. Je ne partage pas les idées de Dieudonné, ma seule collaboration avec lui fut toujours dans le domaine artistique et jamais dans le domaine idéologique ou politique. Son combat n’est pas le mien. Suite à mon passage chez Drucker, j’ai à nouveau reçu des menaces. J’aspire à une carrière et à une vie tranquille, loin de tous ces excités de la politique extrémiste qui, à mon humble avis, ne sèment que haine, confusion, division, et qui entraînent vers le bas leurs fans. Moi, j’essaie au contraire humblement de hisser les gens qui me font l’amabilité de venir voir mon travail aux grandeurs des plus hauts génies littéraires.

“2 MINUTES AVANT DE MONTER SUR SCÈNE, LA CAISSIÈRE EST VENUE ME DIRE : “IL EST LÀ”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Revenons à Fabrice Luchini, est-il venu vous voir?

OLIVIER SAUTON. Il est venu la semaine dernière (Ndlr : cet entretien a été réalisé le 19 juin à Paris). Je l’ai su juste avant de monter sur scène. J’étais déjà habillé et derrière le rideau. Et deux minutes avant de monter sur scène, la caissière est venue me dire : “Il est là”.

Olivier Sauton, une amie et moi©LBFQR

Olivier Sauton, une amie et moi©LBFQR

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’a pensé Fabrice Luchini de Fabrice Luchini et moi ?

OLIVIER SAUTON. Il a adoré le spectacle ! Des amis et connaissances présents dans la salle m’ont dit qu’il n’avait pas arrêté de se marrer. Et qu’au salut, il a lancé les applaudissements d’une façon assez frénétique. Après, je l’ai fait venir dans la loge. C’est marrant car ça faisait très vrai comme histoire. On n’était pas du tout dans le côté Hollywood : “Viens là, mon fils !”. Non, non, il était très perturbé. J’ai senti que le spectacle avait une grande résonance en lui. Ça l’avait marqué de voir toute cette salle qui s’était amusée, qui l’avait reconnu. Ça l’avait marqué de voir un p’tit mec pas connu du tout…

“LUCHINI M’A DIT :«T’AS COMPLÈTEMENT CHOPÉ L’ESPRIT(…)TU ES DANS L’INCARNATION !»

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Que vous a dit Fabrice Luchini ?

OLIVIER SAUTON. Fabrice Luchini m’a dit : “T’as complètement chopé l’esprit! T’as la voix, les mimiques, certes, mais t’as l’esprit”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Et qu’avez-vous ressenti à ce moment précis ?

OLIVIER SAUTON. J’étais très fier. Pour être honnête, j’étais très fier de me dire que ce n’était pas qu’une belle histoire mais un spectacle qui a provoqué quelque chose de fort en lui. Ça, ça m’a rendu très fier.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Il faut expliquer à mes lecteurs que vous êtes au-delà de l’imitation. Fabrice Luchini et moi est une déclaration d’amour, un hommage à Luchini.

OLIVIER SAUTON. C’est exactement ça. D’ailleurs, Luchini m’en a parlé dans la loge. Luchini m’a dit : “J’avais très peur de l’imitation. Mon frère, qui est venu, m’a rassuré en me disant que ce n’était pas du tout de l’imitation. Parce que des imitateurs, j’en vois plein, ils grossissent le trait”. Et spontanément, il a prononcé le mot que j’aime bien : “Toi, t’es dans l’incarnation”. Ça m’a vachement fait plaisir. Et il a ajouté : “Tu fais chair avec moi. Tu ne surjoues pas, tu ne cherches pas à faire rire. Ce qui est dingue c’est que tu fais une grimace, les gens se marrent. Tout ça parce que tu fais une grimace en jouant Luchini qui pense à quelque chose”.

Olivier Sauton auThéâtre de L'Archipel ©LBFQR

Olivier Sauton auThéâtre de L’Archipel ©LBFQR

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Comment avez-vous contourné l’imitation?

OLIVIER SAUTON. Je ne suis pas du tout dans l’imitation. C’est comme si on était dans un film et que je devais jouer un personnage historique. C’est comme Will Smith dans Mohammed Ali, c’est un travail de comédien.

“JOUER AVEC LUCHINI, C’EST COMME INTÉGRER L’ÉQUIPE DE ZIDANE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Votre idole est venue vous voir sur scène. Qu’attendez-vous de cette rencontre ?

OLIVIER SAUTON. Normalement, on doit être appelé à se revoir…

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous rêvez de quoi par rapport à cette rencontre ?

OLIVIER SAUTON. Je pense qu’il y a trois options. Soit jouer dans unfilm avec lui mais un film, c’est court à vivre. Soit jouer au théâtre avec lui. Je rêve de jouer au théâtre avec Fabrice Luchini même si j’ai peur que son talent et son caractère ne m’écrasent (Ndlr : grand sourire d’Olivier). Mais j’aimerais ça car c’est se mesurer à un cador. C’est comme quand tu es joueur de foot et que tu intègres l’équipe de Zidane. Tu joues bien, en fait, et tu élèves ton niveau de jeu. Jouer avec les très bons te rend meilleur. J’aimerais beaucoup avoir de nombreuses scènes avec lui pour exister sans faire le mec qu’essaie d’exister.. 3ème rêve : sinon devenir familier être un mec avec qui il aime bien parler. Je sais qu’il est très solitaire, comme moi, d’ailleurs. J’adorerais parler très naturellement et très spontanément du théâtre et des auteurs.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Il ne faut jamais trop s’approcher de ses idoles !

OLIVIER SAUTON. C’est très vrai car m’être trop approché de Dieudonné m’a occasionné quelques problèmes. Ce que je comprends parfaitement. Je comprends les gens qui me jugent. Je veux juste que les gens qui me jugent me comprennent aussi. Ça marche dans les deux sens. Il y a la phrase des Evangiles : “Ne sacrifie pas aux idoles”. C’est très vrai ! T’as une idole, tu t’approches d’elle, très vite tu es déçu parce qu’on est tous décevants.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous l’êtes donc forcément pour ceux qui commencent à vous aimer…

OLIVIER SAUTON. Imaginez la personne qui a adoré mon spectacle et m’attend en se disant : “ Il est brillant”…Sans coquetterie, sans modestie, car je ne suis pas modeste, elle passe 24 h avec moi…pfuff (Ndlr : il lève les yeux au ciel). Sur scène, c’est mon best-of ! Sinon, au quotidien, tu vois que le mec est râleur, il doute, il est misanthrope, solitaire…C’est un lecteur, quoi ! C’est vrai que les plus belles recontres avec les idoles sont des histoires fantasmées.

*Fabrice Luchini et moi de et avec Olivier Sauton du 29 janvier au 27 mars. Tous les jeudis à 20h, vendredis à 20h et samedis à 17h et 20h. Théâtre de L’Archipel : 17, boulevard de Strasbourg, 75010 Paris (Métro Strasbourg Saint-Denis). Tél : 01 48 00 04 05.

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