Florence Foresti : “J’ai le physique parfait pour être l’humoriste préférée des Français!”

Florence Foresti est aussi rare dans la presse qu’elle est généreuse sur scène. Alors quand on peut saisir une déclaration de l’humoriste préférée des Français, on la savoure. Dans le GQ de juillet, Florence Foresti parle librement à Frédéric Taddéi, le meilleur des intervieweurs, et c’est un vrai bonheur !

Le contexte.  Dans l’interview de six pages publiée dans l’édition de juillet du mensuel masculin GQ (page 100),  et intitulée “Je n’ai jamais su que j’étais drôle” Frédéric Taddéi demande : -Est-ce que pour être l’humoriste préférée des Français, il est important de ne pas être trop belle ?

Florence Foresti : -Il ne faut pas être trop belle, mais il ne faut pas être trop moche non plus ! J’ai le physique parfait pour être l’humoriste préférée des Français ! Il faut que les gens puissent s’identifier à toi. Si tu es trop belle, les hommes ne font que te désirer, et ils ne vont ni t’écouter ni rigoler. Et les femmes vont être jalouses. Mais si tu es trop moche, ça dégoûte...Sur scène, il faut dégager une certaine beauté”.

Pourquoi citer cet extrait dans leblogfemmequirit ? Une interview accordée au Parisien, le 12 avril dernier, une autre au mensuel masculin GQ, ce mois-ci…depuis l’annonce de son nouveau spectacle Foresti Party (les 13,14 et 15 septembre à la Halle Tony Garnier de Lyon, sa ville natale; puis les 19, 20, 21, 22 et 23 septembre, à Bercy, Paris) Florence Foresti assure une promo des plus discrètes. Bonne pioche, ne pas parler ou en dire peu est le plus sûr moyen d’éviter les redites, l’usure dérivant de la surexposition médiatique et de plomber le lecteur.

Je ne sais pas combien de temps a duré cet échange entre Foresti l’humoriste et  Taddéi le journaliste qui ont déjeuné ensemble chez Benoît, rue Saint-Martin, à Paris. Je ne sais pas s’il y a eu beaucoup de coupures dans la transcription originale des propos de Foresti, mais toutes les réponses sont pesées, réfléchies quand elles ne sont pas carrément drôles. C’est rare qu’une interview n’aligne que des réponses intéressantes. Peut-être qu’à la base les questions étaient du même tonneau ?

GQ n° de juillet 2012

Et parce qu’il n’y a rien à jeter, j’ai pensé faire pour la première fois de ma vie un truc que je déteste voir les autres faire : arracher les pages du GQ qui se trouvait chez Monsieur G., mon pédicure-podologue. J’ai honte d’y avoir pensé. D’habitude, je prends un carnet et je recopie les citations qui m’intéressent, mais là, tout m’intéressait. Au moment où  je reposais le magazine sur le porte-journaux de la salle d’attente, bien décidée à l’acheter au kiosque, Monsieur G a ouvert la porte et m’a dit : “Vous aimez bien ce magazine ? Prenez-le ! Si, si, prenez-le !”.Voilà comment j’ai pu lire et relire cette ITW et par la même celle de Zidane très intéressante. Mais revenons au tête-à-tête Foresti-Taddéi.

C’est une interview riche où il est question des choix artistiques de Florence Foresti qui en disent long sur son intégrité (le refus de  participer à certaines émissions de télé, de se mettre en bouche des dialogues salaces et prétendument drôles, “Je trouve que la société actuelle est très tournée vers le cul”) et les valeurs (entre autres féministes) qu’elle défend. Les  doutes (elle se dit “un peu désenchantée”) et les inquiétudes qui peuvent la traverser (“J’ai peur d’être moins drôle, plus cynique. Il y a quand même des sketches que j’ai enlevés parce qu’ils étaient hyper vulgaires, et je n’aime pas les humoristes vulgaires”). Il est aussi question de sa vie privée, d’argent, de pouvoir, de séduction et de machisme…C’est un entretien qui me semble honnête, sincère.

J’aurais pu citer l’extrait qui donne sa raison d’être au titre de l’article : “Je n’ai jamais su que j’étais drôle”j’ai préféré choisir un passage où Foresti évoque le physique des humoristes parce que je suis souvent choquée d’entendre ici et là dire qu’une fille belle ne peut pas être drôle. En disant cela, on n’insulte pas seulement les jolies filles, on condamne les mochettes, d’une certaine façon, à l’obligation d’être drôles.  La conséquence c’est qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de filles pas drôles sur scène mais qui pensent que la seule présentation de leur physique différent ou atypique va déclencher le rire et donc la sympathie. De celles qui croient que l’humour est distribué prioritairement et automatiquement à celles qui ne sont pas des bombes, comme une sorte de compensation.

J’ai l’impression que Foresti  rétablit une vérité : sur scène ce qui importe ce n’est pas tant le physique en lui-même mais ce qu’il dégage. On ne choisit pas d’être beau ou pas, en revanche, le charisme, la présence, le contenu qui vont accompagner ce physique pour le révéler ou le faire oublier, ça s’travaille. Moi, cette année j’ai vu autant de très jolies filles que de pas-gâtées-par-la-nature qui ne dégageaient rien. Dans les deux cas, le public par son silence leur fait comprendre brutalement qu’à force de ne rien dégager il faudrait qu’elles songent à dégager. Quand ça arrive, même le plus parfait des physiques ne vous sauve pas de l’amertume, de la tristesse et du regret de ne pas avoir travaillé davantage.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Les humoristes femmes doivent-elles être moches pour faire rire ?

 

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