Ces humoristes qui envahissent le grand écran pour le meilleur…ou seulement pour le rire ?

Foresti, Dubosc, Commandeur, Kev’Adams… ces humoristes* étaient ou sont encore sur scène et s’affichent sur grand écran avec plus ou moins de bonheur. On les suit ou pas ?

Ils boostent les comédies dont le montage financier est, sans nul doute, facilité par leur présence au générique. Impossible ces dernières semaines d’aller au cinéma sans les croiser dans un petit ou un grand rôle. Les plus pressés

n’attendent pas de cumuler les troisièmes ou seconds rôles et passent à la réalisation. C’est le cas d’Amelle Chahbi qui a signé l’adaptation de sa pièce à succès Amour sur place ou à emporter (le 28 mai) et de Thomas N’Gijol qui, après avoir joué dans Case départ et Le Crocodile du Bostwanga, réalise Fastlife (le 16 juillet), Charlotte Gabris, de son côté, est en train d’écrire son premier scénario. Profitez-en pour aller voir ces films, les entrées sont à 3,50€ du 29 juin au 2 juillet à l’occasion de La Fête du Cinéma dont c’est la 30 ème édition.

LA PLUS DOUÉE : FLORENCE FORESTI  dans Barbecue depuis le 30 avril.

Florence Foresti ©Studio Canal

FORESTI est épatante dans Barbecue dont la brochette est pourtant suffisamment garnie pour qu’on peine à y trouver sa place. Foresti, “Madame Foresti” parvient à tirer son épingle du jeu et exister entre un Dubosc, au meilleur de sa forme, et d’autres comédiens jamais pris en flagrant délit de mauvais jeu (Lambert Wilson, Guillaume de Tonquédec, entre autres…). Elle est vibrante, vivante, rayonnante et même touchante quand elle se rapproche de Dubosc…Ah, stop, j’en dis trop. Voilà un beau second rôle qui n’a rien de secondaire. Espérons que cela donne des idées aux réalisateurs qui, lorsqu’ils castent des humoristes, ont tendance à préférer les hommes aux femmes. Comme vous, j’ai déjà vu Ladesou, Robin, Foresti dans des comédies sur grand écran, je ne les ai jamais vues dans un premier rôle comique alors qu’on ne se pose pas la question lorsqu’il s’agit d’engager Dubosc, Gad, Dany Boon. Pour avoir le haut de l’affiche, Foresti a dû s’écrire Hollywoo; on n’en demande pas tant à ses confrères…

LE PLUS ATTENDU: THOMAS N’GIJOL dans Fastlife  annoncé pour le 16 juillet.
Après les succès de Case départ (réalisé par Thomas N’Gijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee) et du Crocodile du Bostwanga (réalisé par Fabrice Eboué et Lionel Steketee, et sorti le 19 février dernier, totalisant 1 227 255 entrées ), Thomas N’Gijol sort son premier film, en solo. L’humoriste s’est affranchi de ses complices pour signer à la fois le scénario et  la réalisation. Bon comédien, N’Gijol l’est indéniablement. Charisme, puissance comique, il est doté de l’essentiel. Je ne suis donc pas inquiète concernant sa façon d’occuper l’écran. Est-il bon scénariste et réalisateur ? C’est à voir. Je connais des duos qui produisent le meilleur ensemble et dont les travaux individuels sont faiblards. Ce n’est pas rien de se passer de Fabrice Eboué qui est l’un des auteurs les plus doués apparus ces dernières années. J’avais bien aimé la collaboration des deux humoristes qui ont  apporté un véritable vent de fraîcheur à la comédie hexagonale. N’ayant pas été autorisée à voir le film, je n’ai pas (encore) d’avis sur Fastlife. J’irai bien sûr, le voir en salles pour N’Gijol dont je suis le travail sur scène et hors scène avec intérêt, Karole Rocher qui est une comédienne époustouflante, Julien Boisselier et Olivier Marchal que j’apprécie énormément. A suivre, donc…

LA RÉVÉLATION : CHARLOTTE GABRIS  dans Babysitting depuis le 16 avril.

Charlotte Gabris © Allo Ciné

CHARLOTTE GABRIS a 2 scènes, disons 2 et demie… la demie étant muette et toute en gestes. Ce n’est pas grand chose mais Charlotte Gabris parvient à capter l’attention et laisser un bon souvenir dans son rôle de réceptionniste mal embouchée. De celles qui vous cueillent plus qu’elles ne vous accueillent en mâchouillant un chewing gum, racontant leur life au téléphone et feuilletant la presse people. Ne vous fiez pas à sa mine de jeune  fille bien élevée sur cette photo, dès qu’elle ouvre la bouche dans Babysitting, ses interlocuteurs en prennent plein les oreilles. Une belle exposition pour Charlotte Gabris qui a été vue par 2.142 076 spectateurs dans cette  comédie qui, rappelons-le, a peiné à trouver des investisseurs (lire à ce sujet, dans L’Express, l’article de Christophe Carrière : Babysitting chronique d’un succès annoncé) . Lauréate du  Prix Spécial du Jury du dernier Festival des Arts Burlesques de Saint Etienne, en mars dernier, l’humoriste,  qui a fait les belles heures du Théâtre de Dix Heures à Paris, écrit elle aussi son film qu’elle co-réalisera. D’ici là, on peut toujours la voir sur scène dans le cadre du Festival d’Avignon où elle jouera tous les soirs à 19h15 au Théâtre des Béliers, son spectacle Comme ça, c’est mieux !, mis en scène par Jarry. J’ai vu deux fois son show, à un an d’intervalle. La rapidité avec laquelle Charlotte Gabris progresse la range d’emblée du côté des comédiennes que le public va très vite adopter, aimer et réclamer.

Théâtre des Béliers:53, rue du Portail Magnanen, 84000 Avignon. Tél : 04 90 82 21 07

LA PLUS BURLESQUE : JULIE FERRIER dans La liste de mes envies et Sous les jupes des filles sortis les 28 mai et 4 juin.

Julie Ferrier dans Sous les jupes des filles. © Riccardo Tinelli.

JULIE FERRIER se prend un poteau dans Sous les jupes des filles et décrit à Mathilde Seigner le malheur d’être riche dans La liste de mes envies. Dans l’un et l’autre de ces deux films, cette comédienne, humoriste, danseuse et chorégraphe est juste et drôle. Inoubliable. Julie Ferrier capture  et possède ses personnages d’une telle façon qu’elle est impossible à imiter. Qu’elle soit dans le rire ou dans l’émotion, Ferrier a toujours dans le regard quelque chose d’incandescent qui laisse penser qu’elle est elle-même possédée (complètement allumée ?). Il y a du feu, de la foudre, de la folie et beaucoup de poésie chez cette comédienne qui est l’une des rares à savoir avancer sur le terrain du burlesque avec finesse et souvent beaucoup de poésie.

LA CONFIRMATION: BAPTISTE LECAPLAIN dans Libre et Assoupi sorti le 7 mai.

Baptiste Lecaplain©Thomas Brémond Films du Cap/ Gaumont

BAPTISTE LECAPLAIN effectue un passage réussi sur grand écran. Et le monologue sur lequel s’ouvre le film Libre et assoupi révèle toute l’aisance et la subtilité du jeu de Baptiste qui est décidément très doué. On l’avait adoré dans Nous York, film que personne n’a adoré;  on re-signe pour Libre et assoupi, jolie chronique de la vie d’un trentenaire hors système, écrite et réalisée par Benjamin Guedj.  J’ai beaucoup aimé qu’on confie ce rôle d’adulescent oisif dégagé de toutes responsabilités à un Baptiste qui est plutôt un hyper actif, hors caméra. On tient là un vrai bon comédien. Si j’insiste autant c’est parce que je regrette qu’on confonde beaucoup le métier de comique avec celui de comédien. Je vois beaucoup; ces temps-ci, de gens qui ont un peu d’épaisseur sur scène mais dont le jeu, passé au filtre de la caméra, s’avère sans relief.

LE PLUS CAMÉLÉON : JÉRÔME COMMANDEUR dans Barbecue depuis le 30 avril.

Jérôme Commandeur et Guillaume de Tonquedec © Studio Canal

JÉRÔME COMMANDEUR  peut tout faire, à condition évidemment qu’on lui donne les moyens de s’exprimer. Ce qui n’est pas toujours le cas. On l’a adoré dans Bienvenue chez les ch’tis moins apprécié dans La stratégie de la poussette. Dans Barbecue, Commandeur joue un gentil si gentil qu’on a envie parfois de lui tirer les oreilles ou lui écraser les orteils avant de l’embrasser, finalement. Un gentil d’une gentillesse parfois inquiétante tellement elle semble désintéressée de tout et principalement de celui qui la génère. Sachant quel auteur il est, on a hâte de le voir dans , la comédie satirique produite par Dany Boon, qu’il s’apprête à tourner sur L’Ile de Ré et dont  il sera le héros parti à la rencontre de sa belle-famille.

 

LA PLUS GÉNÉREUSE  : VIRGINIE HOCQ  dans La liste de mes envies depuis le 28 mai.

 

Virginie Hocq © Alain Trellu

VIRGINIE HOCQ est toujours impeccable quoi qu’elle fasse, où qu’elle soit. Sur scène dans ses shows qui ne ressemblent à aucun autre comme à la télé dans la série  Vive la colo, sur TF1 et au cinéma dans tous les rôles qu’on lui a confiés. J’écrivais à propos de Julie Ferrier qu’elle tenait du clown qui aurait choisi une orientation burlesque, eh bien Virginie Hocq est à classer dans le même registre. De ces filles qui n’ont pas peur de tomber parterre et de se relever pour retomber. Si je devais dresser la liste de mes envies, eh bien, je noterais certainement ceci : voir davantage Virginie Hocq sur grand écran. En attendant, on peut la suivre La liste de mes envies de Didier Le Pêcheur où elle joue la sœur de Frédérique Bel et la meilleure copine de Mathilde Seigner, et sert, comme d’hab’, une partition parfaite.

LA PLUS MALIGNE : AMELLE CHAHBI dans Amour sur place ou à emporter, sur les écrans depuis le 28 mai.

Amelle Chahbi © LGM Films Gaumont.

AMELLE CHAHBI  est une trentenaire d’aujourd’hui :  une femme déterminée, bosseuse et fonceuse qui se donne les moyens de son ambition. On l’avait repérée à la télé au côté d’Arthur, suivie dans la pièce Amour sur place ou à emporter co-écrite avec son complice Noom, véritable carton depuis sa création, la revoilà sur grand écran dans une comédie romantique dont elle assure la réalisation et le premier rôle. Son premier film est à peine sorti que la belle Amelle s’apprête déjà à tourner le second, cet été à Paris. Son thème ? Les michetonneuses qu’elle dépeindra dans une comédie dramatique. Pour l’heure, il faut aller la voir dans Amour sur place… pour le beau duo qu’elle forme avec Noom, son sens de la repartie et de l’observation des couples en général, mixtes en particulier.  En bonne copine, Amelle a confié des petits rôles à des comédiens révélés par le Jamel Comedy Club : Claudia Tagbo en chauffeuse de taxi est impayable et Fabrice Eboué en prof de danse, sorte de version masculine de Mia Frye, nous fait définitivement considérer nos fessiers autrement…

LE PLUS PRESSÉ : KEV ADAMS dans Fiston sorti le 12 mars et Kidon sorti le 14 mai.

Donner la réplique à Franck Dubosc peut s’avérer payant pour peu qu’on ait en main un bon scénario…Hélas, celui de Fiston, qui a rassemblé  1.922 868 spectateurs était bien mince. Je pensais trouver une intrigue plus étoffée dans Kidon, sorti deux mois plus tard. Pas mieux ! Mais cette fois le public n’a pas suivi. Normal, cette comédie d’espionnage raconte l’histoire d’une arnaque et c’est déjà une arnaque. Si sur

l’affiche, on voit clairement Kev Adams, en réalité, l’idole des ados n’apparaît que très peu à l’écran. Si on est fan, autant ne regarder que l’affiche ! L’intérêt de ces deux films ? Assurer une visibilité cinématographique à Kev Adams, le rendre encore plus bankable et prolonger le travail (très bon, au demeurant) qu’il entreprend depuis plusieurs saisons dans la série télé SODA. On ne condamnera donc pas le jeune humoriste dont c’est le sixième film. On attend avec impatience de le voir dans Les nouvelles aventures d’Aladin dont il jouera le rôle-titre. Annoncé pour 2015, cette comédie est co-écrite par Arthur Benzaquen et Daive Cohen, auteur du scénario de Fiston.

 

LE PLUS IRRÉGULIER : FRANCK DUBOSC dans Barbecue depuis le 30 avril.

Franck Dubosc et Jérôme Commandeur © Studio Canal

FRANCK DUBOSC est parfois épatant, bluffant, génial (voir et revoir Incognito et Barbecue deux films signés Eric Lavaine…), parfois embourbé dans de mauvais scénarios. Et c’est dommage car c’est un formidable comédien. Je ne comprends pas qu’on ose lui tendre des projets aussi peu aboutis simplement en imaginant que le seul nom de Dubosc est assez fédérateur pour faire du buzz et du biz, quelle que soit l’histoire. Franck Dubosc étant aujourd’hui une star de l’humour, il pourrait s’entourer de scénaristes chargés d’écrire du sur-mesure pour lui. Il pourrait, mieux, il devrait. N’est-ce pas le privilège d’une star ?

LA BONNE SURPRISE: NOOM DIAWARA  dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?  sorti le 16 avril  et dans Amour sur place ou à emporter depuis le 28 mai.

Noom Diawara et Amelle Chabi ©LGM Gaumont.

NOOM DIAWARA ne doit pas dormir beaucoup ces temps-ci. Etre à l’affiche du succès de la saison Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?  (9.342 458 entrées) et co-auteur de  Amour sur place ou à emporter dont on a signé la direction artistique, n’est pas des plus reposant. A l’écran, le comédien passe bien et c’est plutôt un bel homme.Ah, si j’écris cela, on va penser qu’il joue mal. Pas du tout. C’est la moins hystérique et la plus sympathique des pièces rapportées de la famille Clavier-Lauby et il surprend son monde en interprétant du Feydeau. Et en costume, s’il vous plaît ! Ça lui va comme un gant et j’espère, un jour, voir Noom Diawara sur les planches d’un théâtre dans un classique. Sous l’œil de sa complice Amelle Chahbi, Noom livre une autre partition. Plus coquin, un rien filou et tellement drôle. A surveiller donc. Et à voir  très bientôt sur scène dans le one-man qu’il peaufine actuellement.

LE PLUS SEXY : FRÉDÉRIC CHAU dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? depuis le 16 avril.

Frédéric Chau, Ary Abittan et Medi Sadoun ©

FRÉDÉRIC CHAU est le nouveau beau gosse à suivre. Avouons-le, son rôle  en lui-même (un gendre d’origine chinoise hyper fayot et lèche-bottes auprès du couple Lauby-Clavier) n’est pas doté d’un gros capital de sexyness, mais Frédéric Chau est hyper cinégénique. Et pour l’avoir croisé il y a quelques semaines lors de la soirée Baume &Mercier, je confirme : beau garçon. Et ça n’est pas rien pour notre cinéma qui compte très peu de comédiens beaux gosses. Désolée mais depuis Delon,  y a pas foule au portillon des canons. Je ne vous parle pas de mecs mignons, “cute”, charmants, non, mais de bombes. Je n’ai pas encore vu les pendants féminins de Marine Vacht (l’héroïne de Jeune et Jolie de François Ozon), Léa Seydoux, Laetitia Casta, Sophie Marceau.  Où sont les beaux mecs ? Plus de 9 millions de spectateurs ont vu Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? espérons que des scénaristes et producteurs inventifs aient repéré cette pépite-là.(Petit détail de taille : Frédéric Chau n’est pas chinois, il est né à Saïgon qui, comme tout candidat de télé-réalité le sait, se trouve en Copon-Jarée, une contrée située entre le Japon et la Corée).

 *Ce classement ne tient pas compte des humoristes venus de la télé (Philippe Lachau et la bande à Fifi qu’on peut voir dans Babysitting)ou du web (Grégoire Ludig et David Marsais)

 

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