Avignon 2012- Marine Baousson : “Pourquoi je ne mange pas de légumes ? Parce que tout ne va pas avec le Nutella !”

Marine Baousson fait crépiter…Avignon tous les jours à 16h45 au Théâtre de La Porte Saint-Michel. Si vous dites le mot “Naturalia” à la caisse, l’entrée sera à 10€, ça vaut le coup d’y aller à plusieurs, non ?

Et avec les pommes, c'est comment le Nutella ?

Je vous ai déjà parlé ici de Marine Baousson,  jeune bretonne de 26 ans aux allures de bonne copine : celle à l’humeur contagieuse et dont la présence balaie tout sur son passage. Marine est une généreuse, une partageuse et, qualité rare chez les artistes de sa génération, elle ose s’aventurer sur des sentiers peu battus. Quoi par exemple ? La «déclamation baroque», forme d’art oratoire qu’elle a étudiée et qu’elle utilise finement dans son spectacle «Marine Baousson fait crépiter… Avignon». Avec Marine Baousson, on ne fait pas que rire, on se cultive aussi… et quand c’est par le rire, c’est encore plus agréable. Elle est irrisistible quand elle décrit la vie d’un ado au 17ème siècle qui, en guise de portable, utilise un pigeon et rêve de concourir à «A la recherche du nouveau ménestrel», le télé-crochet de l’époque. C’est avec le même plaisir qu’on l’écoute articuler en vieux français un rap contemporain de Molière interprété par le groupe FTM (Fornique Ta Mater). Vous l’aurez compris, elle use de tous les décalages et principalement d’anachronismes pour nourrir ses drôles de petites histoires. Petites histoires auxquelles elle mêle la sienne : celle d’une Bretonne débarquée à Paris et qui adopte tout naturellement un verlan métissé de Breton. Car le moteur de Marine Baousson, c’est son amour du verbe et de la langue…celle qu’elle fait crépiter et dont elle s’enivre aux hasards des chocs (le verlan, le rap) ou liftings (la déclamation baroque) qu’elle lui fait subir. Et Marine n’est jamais aussi vivante que lorsqu’elle triture des langues mortes.

Marine Baousson

 

Les sketches La rupture, Je hais les Alsaciens (hommage à Emilie Pfeffer de la troupe d’impro Les BLA BLA que Marine apprécie ?), Les séries médicales à la télé, Le théâtre contemporain… sont du même tonneau : de la légèreté, beaucoup de finesse et jamais de pacte avec le vulgaire. Plutôt de belles images poétiques quand elles ne sont pas absurdes : “Pourquoi je ne mangeais pas de légumes ? Parce que tout ne va pas avec le Nutella !”. J’ai adoré les multiples versions qu’elle interprète de Ma Benz des NTM, dont l’une pour enfants qui devient «Laisse-moi zoomzoom zem dans ma McLaren» (Ndlr la Rolls Royce des poussettes pour mômes). Un intermède musical qui mériterait d’être gravé sur un mini-CD à l’heure où les reprises décalées de titres devenus des classiques font un tabac. On gardera également comme un bon souvenir de scène sa capacité à improviser et embarquer dans son délire logorrhéique le public dès lors que celui-ci s’est risqué à lui soumettre deux ou trois mots pour broder une histoire. Pour toutes ces raisons, il faut courir voir Marine Baousson à Avignon où elle joue jusqu’à la fin de la semaine. Et parce que c’est une comédienne inspirée, j’ai voulu savoir ce qui la faisait rire.

QU’EST-CE QUI FAIT RIRE MARINE BAOUSSON ?

LEBLOGFEMMEQUIRIT.Quelle est votre définition de l’humour ?

MARINE BAOUSSON. C’est dur !
Je crois que l’humour c’est une façon de voir le monde, décalée de celles des autres. Et savoir l’exprimer. C’est un peu comme le principe du Fisheye en photo. Je m’explique : 
il y a une photo, elle est jolie, bon. Mais la même photo avec un Fisheye sera vraiment plus chouette ! Ben voilà, pour moi, l’humour, c’est le Fisheye. Un moyen de rendre quelque chose plus chouette, en déformant un peu la réalité. Oui, je fais de la philosophie photographique !

LBFQR. Qu’est-ce qui vous fait rire depuis toujours ?

M.B. Les petites phrases de mon papa. Mon papa a un humour de papa, j’adore.

LBFQR. Qu’est-ce qui vous fait rire depuis peu ?

M.B. Moi-même ! Alors attention, je ne dis pas que je me trouve trop marrante, juste que j’ai appris à rire de moi. C’est ultra nécessaire dans ce métier. Savoir rire de soi, c’est être conscient de ce qu’on est. C’est quand même un métier d’ego. Sur scène, on parle de nous avec un texte qu’on a écrit. Si les gens n’aiment pas, on peut vite faire l’amalgame et pensant quils ne nous aiment pas, nous. Etre conscient de ce qu’on dégage, de nos faiblesses, de nos forces, c’est déjà prendre moins de risques en entrant en scène.

LBFQR. Quels humoristes de votre génération vous font rire ?

M.B. Candiie, Carole Guisnel, les 4 Connasses du Connasses Comedy Club (Ndlr : Anne-Sophie Girard, Nadia Roz, Bérengère Krief et Christine Berrou), Jarry, Yacine…

LBFQR. Quelle histoire, anecdote (pas) drôle ne fait rire que vous ?

M.B. J’adore les noms / prénoms moches, où qui s’accordent mal. On m’en raporte régulièrement. J’ai croisé un garçon qui avait comme prénom “Jean-Jaurès”, ou un ami d’une de mes amies qui s’appelle Sassi Debout. Clitorine et Pénissien, un frère et une soeur… Et tous ces gens existent vraiment. Voilà, c’est nul, je me moque, mais en vrai, c’est toujours le fou rire assuré.

LBFQR. Qu’y a-t-il de plus drôle dans votre personnalité ?

M.B. Je tombe dans les pommes souvent. Au théâtre quand il fait trop chaud, au cinéma si c’est trop violent, quand je me coince un doigt, tout le temps.
Je n’ai jamais vu la fin du film Million Dollar Baby, puisque je suis tombée dans les pommes au moment du combat, où elle tombe sur un tabouret. Les pompiers se sont tellement moqués de moi que le directeur du cinéma m’a offert deux nouvelles places…en précisant qu’elles n’étaient valables que pour aller voir Dumbo.

LBFQR. A quel moment de votre vie vous êtes-vous aperçu que vous aviez un talent comique ?

M.B. Je ne me rappelle pas d’un moment en particulier… j’ai toujours été la rigolote de la bande, ça a toujours eu du sens pour moi. Disons que l’humour est un peu une tradition familiale. Comme je l’ai dit plus haut, mon papa, Bruno, est très drôle… et dans ma famille on rit beaucoup. Je ne pense pas être plus drôle que mon frère (Ndlr : Romain Baousson, batteur des Wankin’ Noodles) ou ma soeur, c’est juste que j’ai senti que j’avais envie de suivre ce chemin là.

“FORESTI A DE L’OR ENTRE LES MAINS…EN PLUS ELLE JOUE AVEC DES TALONS !”

LBFQR. Préférez-vous qu’on vous présente comme comique ou humoriste? Quelle différence faîtes-vous entre les deux ?

M.B. Humoriste, mais je crois que c’est une question de génération. Aujourd’hui, le mot “comique” a un coté péjoratif, peut être parce que c’est d’abord un adjectif. Dans ma tête, comique, c’est une particularité du texte, humoriste, c’est un métier.

LBFQR. Quand, où et pourquoi avez-vous ri la dernière fois ?

M.B. Récemment, dans le cadre d’un évèmentiel, j’ai appris une chorégraphie à tous les participants d’une journée d’entreprise. Il y avait 250 personnes, et nous, les coachs, membres des troupes d’impro BLA BLA, Les Colocataires et les Eux, qui dansions en tshirt colorés…Nous voir chacun sur une estrade avec un micro casque à dire ” et cinq six sept huit et on bloque, on bloque, on bloque, et le geste du robot, et un, deux, trois…”, on a vraiment beaucoup ri.

LBFQR. Quelle est votre humoriste femme préférée ?

M.B. Le choix est difficile, mais je crois que je vais dire Foresti. Foresti, j’ai l’impression qu’elle a de l’or entre les mains. Tout ce qu’elle dit est drôle, tout ce qu’elle fait est formidable… et elle sait jouer en talons !

LBFQR. Et chez les hommes?

M.B.
Desproges avait tout : le culot et les mots. Je ne suis pas du tout une grande connaisseuse, mais tout ce que j’ai entendu ou lu m’a fait beaucoup rire.Aujourd’hui, je trouve ça très fort.

LBFQR. Pensez-vous qu’il y a un humour féminin et un humour masculin ?

M.B. Non, en revanche, je crois qu’il y a certains textes qui résonnent plus chez une fille ou plus chez un garçon. Sur scène, je parle de mon expérience, de ce qui me touche. les gens du public se l’approprient ou pas d’ailleurs…
mais j’avoue qu’il y a plus de chances que ça résonne chez des filles, c’est vrai.

LBFQR. Quel est votre film comique préféré ?

M.B. Film comique je ne sais pas trop, en revanche je suis une grande fan de Friends. Plus récemment, des séries comme Cougar Town, New Girl ou How I met your mother m’ont fait beaucoup rire !

LBFQR. Quels livres (roman, théâtre, BD, poésie…) vous font rire ?

M.B. Pénélope Bagieu et Margaux Motin me font beaucoup rire… tout comme Nicolas Bedos : il faut absolument que j’aille découvrir ses écrits.

LBFQR. Quelle est votre réplique drôle préférée ? 

M.B. Une réplique de Grease me fait particulièrement rire, c’est : «Bouffe ta glace, Rizzo !», 
la pire répartie de tous les temps.

LBFQR. De quelles personnes (connues ou non) aimez-vous entendre le rire et pourquoi ?

M.B. Ben, si un jour j’arrive à faire rire Valérie Lemercier… pfiouuu ça serait énorme !

LBFQR. Si vous deviez partir sur une île déserte quels humoristes emmèneriez-vous avec vous ?

M.B. J’emmènerais les BLA BLA. On imaginerait une maison-cabane dans les arbres, Coralie organiserait la construction, Hélène trouverait un moyen de faire du feu, Emilie cuisinerait…Tiens, rien que d’en parler, ça m’a donné envie. J’adore ces filles ! Avec elles rien ne peut m’arriver. Et elles sont tellement drôles et surprenantes. J’adore !

Emilie Pfeffer, Coralie Pescoux, Hélène Michel, Les BLABLA.

LBFQR. Si vous deviez vous réincarner en humoriste dans la peau de qui voudriez-vous renaître ?

M.B. Marina Foïs parce qu’elle fait une carrière que je trouve formidable. C’est très intelligent, la façon dont elle la gère. Elle a réussi en tant qu’humoriste avec les Robins ou dans des films, mais aussi en tant que comédienne pour des metteurs en scène contemporains comme Christophe Honoré ou Martial Di Fonzo Bo.
Les comédiens aujourd’hui sont rarement les deux…Ou en tout cas ont rarement la reconnaissance des deux milieux.

LBFQR. Pensez-vous qu’on puisse rire de tout ?

M.B. Oui, je crois.

LBFQR. Et avec n’importe qui ?

M.B. Oui et Non. On est réceptif à certaines plaisanteries, à certains moments.

LBFQR. Qu’est-ce qui ne vous fait pas rire du tout ?

M.B. Je vais être obligée de faire une réplique de Miss France, là…La misère, ça me désarme.

LBFQR. Quels thèmes n’aborderez-vous jamais dans vos sketches ?

M.B. Il ne faut jamais dire jamais…

Marine Baousson joue tous les soirs sur scène son show “Marine Baousson fait crépiter…” au Théâtre de La Porte-Saint Michel à Avignon, jusqu’au 28 juillet. 23, rue Saint-Michel, Avignon(84).

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