Jamel au Marrakech du Rire : “C’est parce que je suis resté au contact des artistes que je suis encore vivant !”

Jamel annonçait à la presse, le 2 mai dernier, la 2ème édition du Marrakech du Rire, festival d’humour qu’il a créé en partenariat avec M6, et qui a ouvert ses portes hier, le 6 juin.

Jamel lors de la conférence de presse du Marrakech du Rire. ©La Patronne

Fidèle à lui-même Jamel  a répondu à toutes les questions en émaillant ses réponses de petites plaisanteries et autres vannes qui ont beaucoup fait rire. Notamment son rêve d’une Gay Pride au Marrakech du Rire ! Interrogé sur le budget de cet événement ? Jamel évoque «un financement occulte et de l’argent à blanchir» avant de conclure qu’il n’a pas lancé ce festival d’humour «pour faire de l’oseille mais pour partager… et créer des emplois». On s’étonne du prix des places ? Et Jamel de répondre : «On ne peut pas faire d’effort compte tenu du fait que j’ai un crédit. J’ai acheté une maison dans le Lot-et-Garonne et ça coûte bonbon». Enfin, quand on évoque l’association Touche pas à mon enfant,  auprès de laquelle le Marrakech du Rire s’engage, Jamel fait mine de s’en amuser : «C’est pour se donner bonne conscience.Voilà, parce qu’on a ça en nous, pour l’image d’une certaine manière» avant de redevenir sérieux. Devant un thé à la menthe, des dattes et autres pâtisseries orientales l’humoriste préféré des Français, qui accueillait la presse à l’Institut du Monde Arabe, s’est montré une fois de plus généreux et désopilant.

BILAN DE LA PREMIÈRE ÉDITION

«Il n’y a aucune urgence si ce n’est celle de faire rire, prendre du plaisir et que ce soit contagieux ! En toute modestie ou plutôt sans modestie c’est un bilan ultra positif. Quand les artistes vous sollicitent pour revenir au Marrakech du Rire, c’est déjà une vraie preuve que ça s’est bien passé. Et quand des artistes hors de France vous sollicitent ça veut dire que c’est un endroit où ils prennent du plaisir. J’ai, pour ma part, participé à pas mal de festivals, ce n’est pas forcément toujours agréable. Là, tout est réuni pour que les artistes se sentent bien. Il y a une très belle scène, une très bonne ambiance entre nous, c’est très convivial, sans prise de tête».

UNE DEUXIÈME ÉDITION A LA DEMANDE DES ARTISTES ET DES MAROCAINS

Dubosc

«Je me suis juste entouré des gens avec qui j’avais envie d’être sur scène. Franck Dubosc s’est manifesté spontanément en disant : «Vous ne faites pas de deuxième édition sans moi !». Ça me fait plaisir. C’est l’envie qui prime. Maintenant, on espère avoir donné suffisamment aux artistes pour que ce soit eux qui nous sollicitent. Le public marocain sur place nous a également demandé de réitérer l’expérience. Forts de ces envies et surtout motivés par tous les protagonistes de la première édition, on s’est dit, ça vaut le coup d’en faire une deuxième. On voulait en faire une et voir comment ça se passait, c’était très égoïste. Le Maroc, c’est là qu’on a fait nos armes mon frère Karim et moi. C’est par les associations marocaines qu’on a pu monter sur scène pour la première dans de bonnes conditions. On retourne régulièrement au Maroc, c’est notre pays d’origine, on y prend beaucoup de plaisir à titre personnel et artistique. On a suffisamment rencontré de gens qui nous ont motivés et donné l’envie et cette envie a été relayée par les artistes marocains».

LE TARIF DES PLACES*

«On n’est pas là pour faire de l’oseille mais pour partager un moment ! Faire un effort ? Evidemment, oui ! Le Festival est beaucoup plus ouvert et plus accessible cette année puisqu’on offre un spectacle gratuit. Hassan El Fad programme un spectacle maroco-marocain au Théâtre Royal. Les prix seront plus accessibles et évidemment plus marocains. On a insisté pour que le Marrakech du Rire soit le plus fédérateur possible. On sait très bien que, généralement, quand on fait ce genre de festivals au Maroc, beaucoup se comportent comme des colons, arrivent et puis se servent du lieu parce que c’est très agréable de faire un festival au Maroc. On sait ça et on a cette conscience. On fait donc en sorte que ce soit possible. Ce n’est pas toujours évident car c’est une lourde structure. Beaucoup de gens travaillent sur le Marrakech du Rire, il faut pouvoir honorer les salaires de tout le monde mais vous pouvez être certains qu’on a conscience de cela. L’essence même de notre métier, c’est le partage et tant qu’on peut le faire, on le fait. Je sais qu’avec tous nos partenaires là-bas, on fait au mieux pour que les Marocains sur place en bénéficient et soient le plus privilégiés possible. C’est pas toujours évident et pas toujours le cas mais on a ça en tête».

*Places à 200, 300 et 400 dirhams soit environ 18, 27 et 36 €.

Oscar Sisto, Bérengère Krief, Waly Dia, Redouanne Harjane, Bibiane Godfroid de M6, Jamel, Jean-François Cayrey, Tony Saint Laurent, Hassan El Fad et Rachid Badouri.

L’ENGAGEMENT AUPRÈS DE L’ASSOCIATION TOUCHE PAS À MON ENFANT

« Je viens de l’associatif moi, je suis né avec les associations. C’est elles qui m’ont permis de monter sur scène la première fois. C’est pas un juste retour des choses, c’est complètement naturel, ça coule dans nos veines. J’ai toujours aidé l’association L’Heure Joyeuse quand j’ai pu le faire et j’ai aidé Déclic Théâtre (Ndlr: dirigé par Alain Degois dit Papy, celui qui a fait faire de l’impro à Jamel et révélé son talent). C’est même pas les aider. C’est un juste retour des choses aujourd’hui. On a la chance que les caméras et les micros soient dirigés vers nous, on essaie de mettre la lumière sur des gens qui œuvrent. Les asssociations font du mieux qu’elles peuvent et jamais elles n’atteignent leur objectif, rarement elles y arrivent. On a un devoir, une mission et une obligation de les aider. Voilà, alors à chaque fois qu’on fait une opération que ce soit le Marrakech du Rire ou le Jamel Comedy Club ou encore mon spectacle, on invite des associations».

LE BUDGET ET LE FINANCEMENT DU FESTIVAL

“Ce n’est pas une opération financière mais artistique, culturelle et, d’une certaine, manière sociale. Le budget du Marrakech du Rire ? Pas loin de 30 à 40 millions et les financements sont occultes, les gens ne veulent pas se manifester. Je pense que c’est pour blanchir de l’argent (Ndlr: Rires de l’assistance) enfin, je ne veux pas entrer dans les détails. C’est toujours gênant de parler de ces questions. L’an dernier, ça nous a coûté pas loin je crois de 2 millions d’euros et ça nous a rapporté 1500 euros c’est-à-dire qu’on a mis tout le budget dans le festival pour que ça se voie et que ça existe. J’ai peur de dire des bêtises parce que je sais que l’oseillle c’est toujours… c’est toujours gênant de parler d ‘oseille. Oui, les artistes sont payés. De toutes façons on n’est pas là pour parler d’argent. Tous les euros, les dirhams sont utilisés à bon escient pour les artistes de manière à ce que le festival soit pérenne. Ce n’est pas une opération financière mais artistique, culturelle et d’une certaine manière sociale».

LE RÊVE DE JAMEL

«Mon rêve absolu, c’est qu’un jour le Marrakech du Rire ressemble au Festival de Rio. Je sais que c’est prétentieux, mais je rêve que les Marrakechis sortent dehors avec leurs casseroles et leurs déguisements pour faire une sorte de gay pride…G-A-I-E : joyeuse pride. Oui, je sais que ça va être mal interprété ! Une guêpe pride, toutes les abeilles dehors ! Une espèce de mouvement culturel qui concerne tout le monde et qui créé un jour des emplois artistiques. On n’est pas là pour faire de la politique, on est là pour amuser, s’amuser et espérer laisser une trace positive. Quand on fait venir le duo japonais Gamar Jobat, c’est pour faire découvrir et donner envie. Moi, c’est en voyant des gens sur scène que j’ai eu envie de monter sur scène. Et c’est grâce à ces artistes que je suis là aujourd’hui. Si on peut faire sortir ne serait-ce qu’un artiste et donner l’envie à d’autres de faire la scène, la mission sera remplie».

DÉCOUVRIR DE NOUVEAUX TALENTS

Redouanne Harjane

«C’est parce que je suis resté au contact des artistes que je suis encore vivant. J’ai découvert des artistes grâce aux cartes blanches. Par le biais de Hassan El Fad et sa carte blanche, l’an dernier Eko. Ce qui est formidable c’est qu’ils viennent à nous comme au Comedy Club. On est là pour donner envie aux gens de s’intéresser à ce festival. Le Marrakech du Rire n’existerait pas sans vous et sans le public. Si on ne reliait pas ces interventions ce serait un coup d’épée dans l’eau quand même. Aujourd’hui, on est un rendez-vous artistique. Au Comedy Club, il y a des gamins qui viennent de Metz, Strasbourg, Genève, New York, Bruxelles et c’est parce que je suis resté au contact des artistes que je suis encore vivant, sinon on passe de cocktail en cocktail et on se merde. Alors je donne des rendez-vous dans mon festival ou mon théâtre. Ils viennent sur la scène ouverte du début de semaine et certains sont programmés le week-end, c’est comme ça qu’ont commencé Redouanne Harjane, Malik Bentalha…».

LE MARRAKECH DU RIRE, UN PROJET AMBITIEUX.

«Bibiane Godfroid a été l’oreille constructive qui a permis de concrétiser le Marrakech du Rire. Au départ on a une idée, dans la salle de bain, la douche ou la cuisine. On en parle à son frère à ses collaborateurs mais ça peut rester une idée. Beaucoup d’idées sont restées dans un tiroir jusqu’au jour où l’on rencontre une oreille constructive qui permet de rendre la chose concrète. D’abord on a eu une envie forte de se retrouver dans un festival et de réunir des artistes à Marrakech. Ensuite ça s’est concrétisé grâce à Bibiane Godfroid  (Ndlr : Directrice générale des programmes de M6) qui a dit oui, tout de suite. Le Festival de Montréal fête cette année ses 60 ans (Ndlr : si Jamel parle de Juste Pour Rire, c’est 30 ans et non 60) et a permis de découvrir des nouveaux talents, on espère avoir cette vocation : faire découvrir des talents pour le public et pour les artistes».

RIRE DE TOUT AU MAROC ?

Omar Sy

«On va rire de tout et on s’autorise tout, absolument. Moi, personnellement, je fais attention de ne pas blesser les gens, je n’aime pas ça. Les humoristes au programme sont entièrement libres de faire ce qu’ils ont envie. Evidemment, on s’autorise tout dans la limite des stocks disponibles».

Intervention de Bibiane Godfroid de M6, chaîne partenaire qui diffuse l’événement : “C’était le cas l’année dernière sur la première édition où on a mis en cause beaucoup de choses qui ont permis de développer beaucoup de valeurs. C’était vraiment formidable car vous avez fait passer des choses très profondes et vous avez ri de tout et nous avec vous».

RIRE DE TOUT, COMME EN FRANCE, VRAIMENT ?

«On n’a pas vocation à changer le monde on veut juste passer un bon moment. Et moi, j’ai été très fier de voir ce public qu’on n’a pas l’habitude de voir à la télévision française. On avait une femme voilée à côté de son mari à qui il manquait trente-et-une dents mais c’est vrai, on a tous ces gens, cette espèce de standard qu’on voit à la télé ! Là, au contraire, tout le monde s’amusait à l’unisson et je prendrai comme exemple, le spectacle de Foresti, Mother Fucker traduit en arabe, ça donne… (Ndlr: l’assistante éclate de rire). Florence Foresti avait très peur. Elle était très angoissée par l’accueil du public car, quand même, son spectacle est assez chaud sur la condition des femmes ! Elle avait peur de ne pas être accueillie. Et à la sortie de scène, dixit Foresti : «C’était l’un de mes meilleurs spectacles !» et elle a très envie de revenir. Ce sont les idées qu’on se fait. Evidemment, on peut rire de tout et les gens aiment ce genre d’exutoire. Je ne parle pas de catharsis mais vraiment d’exutoire. Moi, personnellement, je n’aime pas heurter, je n’aime pas être frontal. Je pense qu’on peut dire tout sans être agressif ou vulgaire, c’est pas ma came ! Et avec ce festival, on l’a prouvé».

LA PROGRAMMATION 2012

Rachid Badouri

“Rachid Badouri essaie de conquérir la France. Il y arrive très bien puisque son poster a remplacé le mien dans la chambre de mon neveu. Ça a fait un scandale, ce dimanche et on en reparlera tous les deux ! Rachid Badouri, je l’ai rencontré à Montréal. Il a pas mal d’années de carrière là-bas et commence à avoir du succès ici. Malik Bentalha qu’on commence à ne plus présenter. Il y  aura Omar Sy, Franck Dubosc, François-Xavier Demaison, Stromae, Bérengère Krief, Ary Abittan, Redouanne Harjane et la troupe du Jamel Comedy Club, Eko, Oscar Sisto, Virginie HocqJérôme Commandeur, Hassan El Fad, …Je vous invite à aller les voir tous parce que c’est difficile de détailler l’humour de chacun. Gamar Jobat est un duo comique japonais extraordinaire ! Ils font un spectacle sans parole. C’est entre le mime, le clown…un véritable OVNI.

Abdelkader Secteur

Gustave Parking que beaucoup de gens connaissent et aussi beaucoup de gens ne connaissent pas parce qu’il a un circuit particulier. Il sévit depuis vingt ans, c’est l’un des artistes les plus drôles, les plus complets et les plus originaux que je connaisse. Jamel au Marrakech du Rire a une histoire incroyable ! Il a 47 ans et on l’a découvert il y a cinq ans. Il vient du côté de Ghazaouet, en Algérie où faisait des mariages. Il n’a fait aucune radio aucune télé quand il est venu au Comedy Club et il n’a pas désempli. C’est pourtant très compliqué de remplir une salle de 120 places quand on n’a pas de relais médiatiques. On n’en a pas eu besoin. Les Algériens le connaissent tous et c’est eux qui ont fait sa promo. Il joue en arabe. Si on traduisait, c’est à mourir de rire ! Son DVD existe en version sous-titrée. Son spectacle Vie de chien parle de la France et de l’Algérie, c’est drôle, politique, enlevé … Il me rappelle Richard Pryor. J’adorerais avoir son talent !

Tony Saint-Laurent

Tony Saint-Laurent est absolument extraordinaire ! C’est l’artiste qu’on aime faire découvrir parce qu’il a un univers à part. Je ne mettrais pas ma main à couper parce qu’il ne m’en reste qu’une mais il va faire parler de lui, c’est sûr et certain. D’abord à cause de sa coiffure… Je vous invite à le découvrir il fait déjà un malheur sur Twitter et il en fera au Marrakech du Rire !»


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