Catherine Hosmalin: “Si je n’avais pas eu ce rôle dans Mince Alors!, je m’en serais voulu à vie !”

Héroïne de Mince Alors!, Catherine Hosmalin est abonnée au films à succès public et critique. De Case départ à Parlez-moi de vous en passant par la série Catherine Hosmalin, elle rend lumineux les seconds rôles que les réalisateurs lui confient. Charlotte de Turckheim est pourtant la première à lui en avoir attribué un de premier plan dans cette comédie diétético-romantique. Le début d’une nouvelle carrirère ?

Catherine Hosmalin, en bleu au centre de la planète des rondes

En entendant le nom du support (leblogfemmequirit) auquel elle s’apprête à donner une interview, Catherine Hosmalin éclate de rire. De ce rire chaleureux qui est sa signature tout comme sa blondeur et son regard bleu délavé. Elle porte une robe noire en coton, un blouson en jean et me tend une main franche avant de s’asseoir dans le fauteuil d’une suite de l’Hôtel Fouquet’s Barrière.
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LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous êtes au centre de l’affiche Mince Alors! et le monde tourne autour de vous, quelle impression cela fait-il ?

CATHERINE HOSMALIN. Oh lala, (large sourire) ça fait plaisir et à la fois j’ai du mal à être au centre. Ça paraît bizarre pour une actrice mais ce n’est pas une position qui m’est très confortable, je préfère être à côté.

LBFQR. Pourquoi n’aimez-vous pas être au centre ?

C.H. J’en sais rien. J’ai choisi un métier où il faut avoir envie d’être au centre tout en sachant que la confiance en soi n’est pas une chose avec laquelle je suis née. J’essaie de me la reconstruire mais c’est difficile pour moi.

LBFQR. Savoir que Charlotte de Turckheim a écrit ce rôle pour vous n’a pas redopé votre confiance ?

C.H. Ça fait vachement plaisir ! Ça faisait longtemps que j’avais envie de parler du corps, du cheminement pour l’accepter, de la difficulté que c’est de l’aimer. J’avais surtout envie d’en parler de cette façon-là : sans se prendre au sérieux et avec beaucoup d’autodérision. Mais ç’a été aussi dur pour moi. J’avais peur qu’on ne me confie pas le rôle parce que je ne suis pas une actrice en vue. Même si je travaille tout le temps, je n’ai pas de premiers rôles. Toute cette période a été difficile à vivre car même si j’avais la confiance de Charlotte (de Turckheim) tous les investisseurs n’étaient pas convaincus qu’il fallait me confier le rôle. J’ai dû passer des essais et prouver qu’il était pour moi. Comme j’ai gagné, je suis la plus heureuse des femmes mais je m’étais dit : «Merde, si je n’ai pas ce rôle-là , je m’en voudrai toute ma vie!». Je n’avais pas envie que ça me passe sous le nez.

LBFQR. Vous n’êtes pourtant pas une débutante et tous vos films(Parlez-moi de vous, Case départ, et à la télé, Maison close…) ont eu soit les honneurs de la critique soit la reconnaissance du public.

C.H.  Moi, je suis super heureuse de mon travail, franchement, il n’y a aucun rôle qui m’ait pesé. Que ce soit celui de la copine de Yolande Moreau dans Mammuth, Case Départ, Parlez-moi de vous…ce sont des personnages qui me font kiffer ! J’ai voulu être actrice pour jouer la comédie et me déguiser, avec Mince Alors !, on est en plein dedans. Je suis heureuse des rôles qu’on me confie, ça me fait vraiment plaisir, mais le cinéma est aussi une industrie et ceux qui la gèrent ont besoin de se rassurer. En confiant les rôles à une actrice très en vue, ils pensent ne pas perdre d’argent.

"Ce n'est pas la nudité qui me pose problème mais la séduction"

LBFQR. Selon Charlotte de Turckheim quand une actrice est ronde, on la rappelle à l’ordre : «Tu ne tourneras pas !». Vous êtes entrée dans ce métier en étant ronde, avez-vous subi des pressions au sujet de votre poids ?

C.H. Je suis venue au monde en pesant 4,5kg et j’ai toujours été ronde et dans une famille de ronds. Depuis l’enfance je voulais devenir comédienne. Je ne m’y serais pas autorisée parce que je viens d’un milieu où l’on pensait que ça n’était même pas envisageable. Je n’imaginais pas que c’était un métier ni que ça pouvait être ma vie. Et puis il y a eu des rencontres, les cours de théâtre…et ici où là, j’ai toujours avancé avec ce corps. Je ne peux pas dire que j’en ai bavé puisque mon principal projet de vie était de créer une famille. C’était ma vocation d’avoir des enfants, d’avoir cette chaleur-là autour de moi. Et c’est ce que j’ai créé en premier. Ça, franchement, personne n’aurait pu m’empêcher de le faire ! Après, être comédienne, c’est difficile quand on ne vient pas de ce milieu dont tous les codes sont un peu mystérieux.

LBFQR. Quels étaient vos codes à vous ?

C.H. Mon père était colonel et ma mère femme au foyer, j’ai eu une éducation où on fait ce qu’on dit et où on dit ce qu’on fait. C’est vraiment à l’opposé de tout ce qui artistique, flou, vague, promesses non tenues, pas de parole etc…Ça m’a beaucoup choquée en entrant dans ce métier puis, en vieillissant on s’habitue. Pour parler des rondeurs, même si mon corps est gros et que je cherche toujours une solution pour mincir, je suis toujours dans le respect de moi-même. Je n’ai jamais eu de rôle de grosse où c’était la seule chose intéressante. Tous les rôles que j’ai tenus auraient pu être joués par une fille de taille standard. J’ai eu la chance que les réalisateurs me regardent avec de l’imagination. Pour la série Maison Close, on m’a préférée à Catherine Hosmalin, une actrice mince. C’est une personne et une personnalité qu’ils ont choisie, pas une grosse.

LBFQR.  Le film Mince Alors ! perpétue l’image de la grosse qui, au cinéma, est forcément rigolote et sympa. Comment vivez-vous avec ce cliché ?

C.H. Le cinéma français manque parfois d’imagination et ne veut pas ressembler à la vie. Mais les choses bougent, certes lentement et je serai peut-être en déambulateur quand tout aura bougé. Moi, je suis grosse et d’une nature joyeuse. Depuis toujours. Alors est-ce que le lien entre gros et rigolo n’est pas non plus dans ce que moi j’y mets ? On ne peut pas sans cesse accuser les réalisateurs et le cinema de tous les maux. Il y a ce que l’on transmet, ce que les gens ressentent en vous écoutant et le fait de leur faire envie ou pas. La façon qu’on a de s’accepter soi-même joue aussi. Pour ma part, j’ai l’impression que plus les années passent plus je suis en paix avec moi-même. J’y travaille beaucoup et finalement, je travaille de plus en plus. Il y a eu des périodes où je n’étais pas à l’aise et je n’avais pas envie d’être au centre. J’allais aux rendez-vous en me disant : «Il ne voudra pas de moi parce que je suis grosse». Je me mettais une balle dans le pied toute seule. On prend une partie de la responsabilité même si on ne l’a pas entièrement.

LBFQR. Quel que soit son poids, c’est toujours difficile pour une comédienne de se déshabiller devant la caméra. Comment avez-vous abordé les scènes de maillot de bain, de massage, de lit ?

C.H. J’avais totalement confiance en Charlotte. C’est une amie et je savais que son regard serait bienveillant. Par ailleurs, je vais passer pour une extra-terrestre mais je n’ai jamais eu ce problème-là. Je suis toujours allée à la piscine avec ou sans mes enfants, je me fais tout le temps bronzer. J’ai une certaine liberté avec mon corps et même s’il est hors norme, même s’il est gros, je l’aime. Je n’ai pas honte de ce qu’il est et je ne vis pas avec l’idée de le cacher et de le détester. Ce qui me pose problème, ce sont les scènes de séduction. C’est ma fragilité à moi. C’est donner beaucoup d’intime. Je n’aurais pas accepté ces scènes-là avec quelqu’un que je ne connaissais pas. Quand on est mal avec son corps et qu’on accepte de le montrer, on est encore plus nu. Quand je donne ma nudité, c’est un vrai cadeau et j’y vais. Ça me tenait à cœur d’avoir cette sincérité par rapport au personnage d’Emilie. Je n’avais pas envie de le jouer à moitié en en gardant un peu sous la pédale ou en me cachant. Quand j’ai su que j’avais le rôle, j’ai eu envie que les gens y croient. Il me semblait que ça passait pas cet investissement-là : la liberté d’accepter d’être en maillot de bain à pois avec un bonnet.

LBFQR. Votre personnage dit «Big is beautiful», un propos nuancé par celui de Victoria Abril qui vous met en garde contre les AVC, le diabète…Cette devise « Big is beautiful » est-elle la vôtre ?

C.H. D’abord, je ne me sens pas porte-parole, je ne me permettrais pas. A titre personnel, non, je ne crois pas que big is beautiful ! Ce qui est beautiful c’est d’être bien. Si on est peu plus gros que les autres ça n’a pas d’importance et puis, il y a une différence entre mettre sa vie en danger avec des problèmes de santé et avoir un petit bourrelet à la taille. On rencontre tous des gens qui ne sont pas dans les normes, qui ont un charme fou et qui sont beautiful. L’important c’est d’être dans la confiance en soi. Dieu sait que c’est difficile ! C’est ce que j’essaie de transmettre à mes trois enfants. J’essaie de leur dire qu’on est toujours beau à travers le regard de sa maman; moi je l’ai été et ça m’a aidée pendant longtemps. C’est cette confiance que donne l’amour des parents qu’il faut garder. Etre en harmonie avec soi, c’est ça être beautiful, et ça se voit !

Catherine Hosmalin et, pour la première fois à l'écran, le jeune Martin Daquin

LBFQR. Emilie, votre personnage, dit : « C’est pas parce que je suis grosse que j’ai envie de me taper un gros!». Que vous inspire cette phrase ?

C.H. (rires) Ça, c’est une chose qui m’a fait souffrir. On m’a déjà dit : «Les gros vont avec les gros !». Comme si un homme qui s’intéresse à une grosse se dévaluait. Encore une fois, c’est une question de confiance en soi. Le gars qui est bien dans ses chaussures peut aimer n’importe quelle fille. Un mec qui est mal a besoin d’être valorisé par une fille à la mode que d’autres vont jalouser.

LBFQR. Quand Jean-Paul, un curiste, s’intéresse à Emilie,  elle pense que c’est un pervers qui veut se faire un trip! Vous est-il arrivé de penser celà ?

C.H. Cette scène je l’ai demandée à Charlotte parce que c’est vrai. Quand on est gros on se protège beaucoup, surtout si on a toujours été gros. A l’adolescence, on en a pris tellement plein la gueule qu’on a envie de limiter les dégats !  Moi, j’étais celle qu’on avait envie de  peloter dans le noir mais avec laquelle on refusait de s’afficher en plein jour. Alors, on se protège de l’amour, des hommes, de tout. Quand on est dans le désamour de soi on ne peut pas accepter que quelqu’un porte un regard sincère sur vous. J’ai eu des périodes où je ne pensais pas qu’un homme «normal » puisse s’intéresser à moi. Il m’est arrivé de dire à des hommes que s’ils voulaient voir un phénomène de foire, s’ils voulaient voir une grosse à poil, ça n’était pas vers moi qu’il fallait se tourner. C’est violent, mais la violence, on la retourne contre soi.

LBFQR.Vous avez dit que «Comme beaucoup de gros, Emilie a une capacité d’aimer aussi démesurée que l’espace qu’elle occupe et l’énergie qu’elle déploie». Prétendre que les gros ont un cœur plus gros, n’est-ce pas l’un des clichés qui entourent cette population ?

C.H. Est-ce qu’en étant gros on a une plus grande capacité à aimer ? Non, on n’a pas un coeur plus gros mais comme tous les gens hypersensibles on peut s’investir d’une façon démesurée. C’est aussi le lot des gens fragiles comme les ados qui aiment d’une façon démesurée. J’ai l’impression que quand on est mal comme ça et que tout d’un coup l’amour arrive, on est excessif.

Par la magie du relooking, Emilie tombe le jogging et se transforme en Marilyn

LBFQR. Après ce tournage à Brides-les-Bains, avez-vous minci comme l’héroïne ?
C.H. Non, ce personnage m’a un peu déstabilisée. Comme Emilie je fanfaronnais et je pensais que j’étais bien au-delà de cette histoire. Et puis, à force de regarder dans le rétro et de puiser dans mon passé pour nourrir ce personnage, ça m’a un peu déstabilisée. J’ai regrossi et j’ai mis du temps pour retomber sur mes pieds, ça bouscule.

LBFQR. Vous dites que vous attendiez un rôle comme celui-là. Pensez-vous que Mince Alors ! marquera un tournant  dans votre carrière ?
C.H. En tout cas, c’est quelque chose d’important par l’investissement que j’y ai mis et la richesse du personnage.  J’ai souvent aspiré à avoir des rôles plus importants, mais bon, j’ai du mal à croire à ça. Je ne me prends pas au sérieux. C’est une qualité mais ça peut être un défaut car une comédienne qui ne se prend pas au sérieux fait la carrière que je fais !(rires). Mon ambition est de vivre de ce métier et d’avoir du plaisir à le faire, pas d’être en haut de l’affiche !

Mince Alors!, sur les écrans le mercredi 28 mars est un  film réalisé par Charlotte de Turckheim, avec Lola Dewaere,Catherine Hosmalin, Victoria Abril, Grégory Fitoussi, Mehdi Nebbou, Julia Piaton, Martin Daquin, Pauline LefèvreDominique Besnéhard et les participations amicales de Pascal Légitimus et Anouck Aimée.

Synopsis : Nina est jeune, jolie et ronde. Malheureusement son mari Gaspard n’aime que les femmes très minces…Pour tenter de séduire à nouveau Gaspard, Nina accepte à contrecœur son nouveau cadeau : une cure d’amaigrissement à Brides-Les-Bains. Le dernier espoir des gros quand on a tout essayé.

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