Printemps du rire de Toulouse 2013 : les 8 finalistes.

Le Printemps du Rire auditionnait lundi dernier, 27 humoristes au Théâtre du Gymnase afin d’en retenir 8 pour les Duels de Rire qui se tiendront du 2 au 13 avril à Toulouse.

 

Comme chaque année Le Printemps du Rire en partenariat avec le Théâtre du Gymnase-Marie Bell, la SACD et des cafés-théâtres régionaux (Lille, Nantes, Lyon, Toulouse, Aix-en-Provence ) a procédé à la sélection d’humoristes qui feront les beaux soirs de la ville rose en avril prochain.  Si 346 artistes ont été approchés courant 2012 pour défendre leur travail, seuls 27 d’entre eux ont été invités à le présenter durant six minutes devant un jury de professionnels réunis autour de Jean-Pierre Hiélard, président du festival.

Perrine Rouland, la seule fille.

Commencé à 20h le spectacle s’est terminé à minuit passé. Une attente très longue pour les humoristes Kody venu de Belgique, Solène Delanoy, Gérémy Credeville et Emilie Deletrez qui ont ouvert le show et ont dû attendre le verdict du jury tombé à… 0h15. Ce n’est pourtant pas aux jurés qu’on doit imputer ce retard mais plutôt à certains humoristes qui n’ont pas tous respecté les six minutes imparties. Certains ont débordé, d’autres ont fait me semble-t-il plus court, d’autres encore étaient si ennuyeux que leurs six minutes ressemblaient à des maxi minutes. Certains sketches sont comme ces hamburgers auxquels on a rajouté une couche et dont on augmente le prix sans forcément en améliorer le goût. A vous de vous démener avec ces doubles-triples couches de fromage, pain et autres épaisseurs indigestes. Mais  je suis contente du choix des 8 personnalités retenues; d’autant que figurent parmi elles quelques uns de mes chouchous : Alex Ramires, Foudil Kaibou et  Karim Duval font partie de ma top-list.

SUR LES HUIT CANDIDATS RETENUS, UNE SEULE FEMME.

Gérémy Credeville.

Mon regret ? Une seule femme a été retenue. Mais quelle femme ! Si l’intégralité ou disons même 65% du show de Perrine Rouland est du même tonneau que le sketch qu’elle a présenté, eh bien, on tient là une artiste d’exception. En interprétant une bachelière dépassée par le sujet de philo qui l’emmène partout sauf vers l’obtention d’une bonne note, elle a bluffé le jury et conquis le public. Vous connaissez beaucoup de personnes susceptibles de provoquer l’hilarité en brodant un sketch à partir d’une question qu’on peine à comprendre (même pour moi qui ai fait hypokhâgne et khâgne en philo) : “La liberté n’est-elle qu’une illusion au regard de l’existence de l’inconscient ?”. Une question d’autant plus difficile à comprendre pour qui confond, comme la candidate, Spinoza et Ginola. J’irai voir, comme je le lui ai promis, Perrine Rouland qui joue “C’est moi qui décide” tous les samedis à 20h au Théâtre Popul’Air du Reinitas, à Paris.

Une seule femme, une seule, disais-je. Il faut dire que sur les 27 candidats il n’y en avait que 10 (ou plutôt 9, Léa Lando n’ayant pu se libérer ce soir-là). Neuf filles, le tiers donc des postulants et malheureusement elles n’ont pas proposé des choses aussi fortes ou abouties que leurs camarades masculins. J’ai regretté que la brillante Emilie Deletrez (autre chouchou du blogfemmequirit) n’ait pas donné la vérité de son art et que la très prometteuse Myriam Baroukh, dont j’ai apprécié et le ton et le jeu, ait été inégale. Mais où étaient donc les autres filles ? Ah lala, il y avait des comédiennes à fort potentiel mais mal exploité faute de textes porteurs et d’une véritable intention de jeu, d’autres perdues et comme toujours le LIP (lot des incontournables paresseuses).

GÉRÉMY CREDEVILLE : DANGEREUX AU VOLANT, GÉNÉREUX SUR SCÈNE.

Et si je  parlais des vainqueurs ? J’ai beaucoup aimé Gérémy Credeville un grand et beau garçon qui ne craint pas de se défaire de cette image. Le genre qu’on suivrait un peu rapidement à bord de sa voiture pour aussitôt le regretter  à peine passée la troisième vitesse. Qu’il vous embarque dans sa première voiture ou dans son “ascenseur émotionnel”, les idées de Gérémy Credeville sont originales, son écriture alerte et décapante. Le jeu est là aussi, bien en place. Credeville contourne la facilité et  maîtrise l’art de la surprise. Je vais suivre avec intérêt ce jeune comédien auréolé  en 2012 des Prix du Jury du Festival du Rire de Saint-Raphaël et du Prix Tendresse du Jury du Festival des Vendanges de L’humour de Mâcon. Promis, dès que j’en aurai l’occasion, j’irai le voir dans G Parfait et modeste. De son côté Karim Duval a joué une partition des plus riches en présentant des extraits de son “Melting-pot” d’humour cuisiné à la pointe de la spatule : c’est riche sans être gras, c’est poétique et drôle et malgré tous les mélanges, ça ne vire jamais au ragoût  gloubiboulguesque. Vous qui me lisez et commencez à connaître mes goûts, c’est tout ce qui m’intéresse :  j’aime les textes qui questionnent notre époque. Ceux de Karim Duval parlent furieusement bien de notre société sans être racoleurs ni donneurs de leçons. A travers le sketch des Jeux Olympiques du Détroit de Gibraltar auxquels participent de nombreux pays du “G Faim” Karim Duval aborde avec finesse le trafic d’émigrés clandestins soumis à la cupidité de passeurs. C’est élevé et enlevé, jamais facile ni gratuit. J’ai hâte que Paris fasse une belle place à cet humoriste qui rafle tous les prix des festivals où il se présente et que Lyon -ville qui sait détecter les talents depuis longtemps- accueille régulièrement au NOmbril du monde et ailleurs.

FOUDIL KAIBOU: PAS VRAIMENT TERRORISTE MAIS UNE VRAIE TERREUR.

Dans un autre registre, il faut voir aussi Foudil  à l’affiche de  “L’Arabe qui cache la forêt” qu’il joue tous les vendredis à 20h30 au Café Oscar à Paris. Foudil Kaibou est un homme dangereux. “Evidemment puisque c’est un Arabe !”,  s’exclameront ceux qui ont aimé son sketch sur les clichés qui collent à la peau des Maghrébins. Mais cet homme-là est dangereux ailleurs que dans un avion ou dans la rue à proximité du sac d’une vieille dame. A vrai dire, Foudil Kaibou est  plus une terreur qu’un terroriste  et sincèrement, si j’étais comédienne, je n’aimerais pas passer devant ni derrière lui sur un plateau d’humour. Demandez donc à tous ceux qui l’ont croisé en janvier dernier au Festival de Puy-Saint-Vincent dont il a remporté les trois prix ! Peu de comédiens, à part peut-être Julie Villers dont je  reparlerai bientôt, possèdent ce pouvoir d’enflammer la scène et d’être en permanence up tempo sans frôler l’overdose ni l’outrance. Il est charismatique, voilà tout. Allez expliquer ça !  On peut donc craindre Foudil sauf si l’on est bien armé  comme Julien Schmidt  que je ne connaissais pas et qui m’a beaucoup plu.  Ce Bordelais formé au théâtre et à l’impro excelle dans l’incarnation de personnages inquiétants et ridicules comme ce recruteur très attaché à la filosophie de l’entreprise” qui procède à  un entretien d’embauche. Passé le dernier, Julien Schmidt n’a pas molli malgré la longue attente et est même parvenu à redynamiser un public et un jury qui commençaient à bâiller. En quelques minutes il m’a donné envie d’aller le voir au Café Oscar où il joue Parfaitement équilibré,  le samedi à 20h30.

Alex Ramirès, jeune pousse de moins de 25 ans dont le Serial Lover remporte depuis un an un franc succès à Lyon et à Paris, a joué un sketch que je ne connaissais pas et dans lequel il a su faire surgir plus d’émotion que d’habitude. Le jeune homme tout en rythme et en énergie  montre là un ton de sa palette dont je n’avais pas totalement mesuré l’intensité. Comme toujours, cela passe chez Alex par le corps, les yeux…une vitalité qu’il sait doser et transformer en moments de grâce. Jibé (Jean-Baptiste Mazoyer) a lui aussi conquis le jury et gagné sa place pour Toulouse en déployant la batterie de bruitages dont il maîtrise parfaitement la technique. Je ne connais pas son show dans son intégralité mais je sais l’effet que produit Jibé sur le public pour l’avoir vu il y a deux semaines sur la scène de la Comédie Contrescarpe dans le cadre des After du Rire. Il sait animer, mobiliser et dynamiser un public certes mais je le trouve moins convaincant quand il s’agit de défendre un texte et installer un univers. J’avais pourtant envie d’être emballée par cet humoriste dont la voix de tête m’a rappelé -aïe, on va savoir que je n’ai plus 20 ans ni 30 ni…- celle de Guy Piérault, comédien spécialisé dans le doublage de films d’animation et de séries télé. Vous ne connaissez pas Guy Piérault ? Pendant près de quarante ans, Guy Pierault fut la voix française de Bugs Bunny, Woody Woodpecker, Looping personnage de Satanas et Diabolo, Kiri le Clown et du rôle principal de la série Max la Menace. Enfin Djoé, magicien qui s’amuse à déconstruire ses numéros avec une belle habileté. Djoé ne propose ni du stand-up ni des sketches traditionnels mais s’engage dans une autre voie qui n’est pas encore trop encombrée dans le one-man. C’est rassembleur et sans risque. Petits et grands y trouvent leur compte et ce genre de numéro ponctue parfaitement une soirée où l’on peut parfois trouver long et fastidieux l’enchaînement de stand-uppers dont l’ordre de passage a été tiré au sort et n’est donc pas soumis au choix d’une véritable direction artistique.

Où les voir jouer ? Ces 8 artistes ne sont pas tous sur scène actuellement mais on trouve facilement leur actu sur leur site ou sur leur compte FaceBook.

Perrine Rouland joue C’est moi qui décide tous les samedis à 20 h jusqu’au 22 juin au Théâtre Popul’Air du Reinitas : 36, rue Henri Chevreau, 75020 Paris. Tél : 01 46 36 74 15. Gérémy Credeville sera le 26 février à 21h30 au Spotlight  de Lille (Tél : 06 60 31 71 09), puis le 9 mars à Isbergues (62), le 20 avril à 20h30 au Millénaire à La Madeleine (59), puis du 3 au 28 septembre au Bouiboui de Lyon. Jibé installera Le Jibé Show au Bacchus à Rennes du 26 février au 9 mars, puis à L’Espace Gerson(Lyon) le 11 mars. Le Bacchus : 23, rue de La Chalotais, Rennes. Tél : 02 99 78 39 93. Voir le sautres dates de Jibé sur son site : www.jbmazoyer.com/. Alex Ramires  joue Serial Lover tous les mardis à 21h30 jusqu’au  aux Feux de La Rampe: 2, rue Saulnier, 75009 Paris. Tél : 01 42 46 26 19. Karim Duval sera le 26 évrier au Smile Lyon Comedy Club à la Comédie Odéon (Lyon)  avant d’entamer une tournée qui l’emmènera de La Ciotat à Nouméa en passant par Saint -Romain-en-Gal(69) et Génilac (38-Voir les autres dates de Karim Duval et son Melting Pot, voir son site: http://www.karimduval.com/ dans l’onglet Actu). Foudil Kaibou joue tous les vendredis à 20h30 L’Arabe qui cache la forêt au Café Oscar : 155, rue Montmartre, 75002 Paris. Tél :  01 42 21 09 61. Julien Schmidt joue également au Café Oscar où on peut le voir tous les samedis à 20h30 dans Parfaitement équilibré. Concernant Djoé, je n’ai pas trouvé de dates mais je consulte son site régulièrement : http://djoe.org/.

Tous ces artistes se produiront dans le cadre des Duels du Rire du Le Printemps du Rire de Toulouse du 2 au 13 avril 2013. Renseignements : Le Printemps du Rire : 61, rue Reclusane, 31300 Toulouse. Tél : 05 62 21 23 24.

 

 

 

 

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