Marina Foïs dans 100% cachemire : “Je suis plus souvent drôle malgré moi, c’est pas prémédité”.

Marina Foïs, à l’affiche de 100% cachemire, est l’une des comédiennes les plus douées. Comme le dit Valérie Lemercier « On ne l’a jamais vue moyenne dans un film».

Marina Foïs © D.R.

Je suis toujours (cf l’interview de Valérie Lemercier publiée lundi) au Mandarin Oriental, à Paris, dans la suite 222. Mon entretien avec Valérie Lemercier vient de se terminer et j’attends Marina Foïs. Cette dernière discute dans le couloir avec le producteur du film. Il est question de Weston que Marina rêve d’acheter. Imprudent, le producteur de 100% cachemire risque alors : «Je vais t’les chercher tes Weston, si tu veux !». Et Marina Foïs de répondre, à la fois flattée par tant d’attention et choquée par tant d’inconscience : «Ah non! Oh lala, des Weston ? On parle bien de Weston !, ça s’essaie, des Weston ! On ne les achète pas comme ça!». Valérie Lemercier, qui les rejoint, félicite Marina Foïs («Tu as fondu, toi? Tu es très bien») avant de disparaître dans le couloir. Venant de celle qui affiche des mensurations de rêve (1m77 pour 63kg), c’est plus qu’un compliment. J’adorerais revoir Valérie Lemercier dans un an et l’entendre louer ma silhouette en ces termes.

Marina Foïs, Valérie Lemercier, Benoît Di Marco © Wild Bunch Distribution.

Marina Foïs entre dans la suite et s’assied devant moi toute de noir vêtue, une e-cigarette dans une main, un I-phone dans l’autre. Elle porte un pantalon droit, un pull à col rond, des escarpins vernis qui doivent être (si je n’ai pas perdu l’œil) les Nova Black d’Acne. Même ses ongles sont recouverts d’une laque sombre. Ce qui n’altère en rien son rayonnement naturel. Je lui réserve le même accueil distant qu’à sa consœur en refusant de lui serrer la main :«Je suis un peu enrhumée, désolée». Marina qui vapote (c’est bien le verbe qu’on utilise pour les cigarettes électroniques?) acquiesce :«Vous faites bien».

LEBLOGFEMMEQUIRIT : Ça marche vraiment la cigarette électronique ?

MARINA FOÏS (élude ma question) : Vous avez une très belle bague, c’est une Saint Laurent ?

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Oui, en effet, et elle est beaucoup moins lourde qu’elle n’en a l’air.

Marina Foïs face à Mathilde Seigner dans Maman © Alain Guizard.

MARINA FOÏS. J’ai failli m’en acheter une comme ça.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Dans 100% cachemire vous travaillez dans un magazine de mode. Que portez-vous aujourd’hui ?

MARINA FOÏS. J’ai été chez ACNE l’autre jour, j’ai dévalisé la boutique! J’ai acheté ces chaussures, ce pantalon que j’aime énormément et que je porte tous les jours. Il y a de très beaux pantalons chez Acne en ce moment, il faut y aller ! J’ai pris deux jeans pour tous les jours. Faites gaffe, je peux être très précise ! Ne me lancez pas là-dessus. Il s’agit du modèle Flex et d’aucun autre. Ce pull vient de chez Uniqlo parce que le pull noir très simple est difficile à trouver. Ils sont toujours resserés ici ou là et ne vont pas. Celui-là, je pense l’acheter en quatre exemplaires. Voilà, je ne peux pas être plus précise sur ma tenue. Ah, si ! J’ai un manteau que vous ne voyez pas et qui vient des Prairies de Paris que j’adore.

 “C’EST UN SENTIMENT PARTICULIER D’ÊTRE AIMÉE PAR QUELQU’UN QU’ON A AIMÉ BEAUCOUP”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Profitez-en ils ont ouvert les soldes !

MARINA FOÏS (imitant la pose d’une diva et esquissant un large sourire plein de malice). J’ai défilé pour eux car je suis un peu mannequin…

 

Avec Romain Duris dans L’homme qui voulait vivre sa vie© N.Guiraud

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui vous a fait accepter votre rôle dans 100% cachemire ?

MARINA FOÏS. Moi, c’est le scénario. Il peut m’arriver de faire des films plus pour le scénario que pour le rôle, en fait. J’avais envie d’être dans ce film-là et puis je suis une fan de Lemercier depuis toujours. Pas fan au point de demander un autographe, ça je m’en fous ! Mais fan au point d’avoir vu tous ses spectacles et tous ses films. J’aime infiniment ce qu’elle fait et puis j’aime la femme qu’elle est. J’aime beaucoup comment elle s’habille, elle dessine ses meubles elle-même…enfin, c’est une artiste. Elle est très créative et puis elle est très singulière.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Il y a des réalisateurs qu’on suivrait les yeux fermés, sans lire le scénario tellement on les admire….

MARINA FOÏS. J’aime le rôle que je fais mais elle m’en aurait proposé un autre, je l’aurais aussi accepté, je crois. J’avais envie d’être dans ce film, c’est tout.

 

Gad “Chouchou” Elmaleh © C Fechner Films

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Valérie Lemercier m’a dit qu’elle avait écrit ce rôle en pensant à vous. Comment recevez-vous ce genre de déclaration ?

MARINA FOÏS. Je suis touchée, oui, mais en fait, elle ne me l’a pas dit. Des journalistes me l’ont dit tout à l’heure en faisant des interviews mais je ne l’avais pas compris. Je sais qu’on se connaît depuis très longtemps. Elle a toujours été très chaleureuse et m’a toujours dit des choses positives sur mon travail dans d’autres films. C’est toujours très agréable et très flatteur. Et puis c’est un sentiment particulier d’être aimée par quelqu’un qu’on a aimé beaucoup. Voilà. C’est comme une reconnaissance, c’est comme être adoublé par ses parents.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Est-ce qu’on est impressionné au point que ça devienne difficile de tourner sous la direction de quelqu’un qu’on admire autant?

MARINA FOÏS. Euh, non (long silence).

 “MON PLAISIR EST DE DIRE LES MOTS D’UN AUTRE AUTANT QU’UN AUTRE A ENVIE QUE JE LES DISE”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous n’avez eu aucune appréhension ?

MARINA FOÏS. Non, je n’ai pas eu peur. Après, je suis assez bonne élève sur un plateau. C’est-à-dire que je n’ai pas peur mais (long silence) je ne conteste pas.(Silence). Non, je n’ai pas eu peur, j’ai eu envie.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. On connaît votre sens de la répartie dans les interviews et les répliques qui vous ont distinguée dans Les Robin des bois, vous autorisez-vous à improviser dans les films comme beaucoup d’acteurs qui sont aussi auteurs ?

MARINA FOÏS. Auteur ? Ouais mais…non ! Je dialogais des sketches que les autres inventaient mais non, ça ne s’appelle pas être auteur.

“COMME ACTRICE, JE SUIS ET SOUMISE ET PASSIVE, PAS PAR DÉFAUT MAIS PAR CHOIX”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous n’écriviez pas beaucoup au sein des Robin ?

MARINA FOÏS. Si, j’ai écrit tous les jours mais je ne me considère pas comme auteur. J’ai dialogué des sketches, c’est pas pareil.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Justement, le fait de ne pas pouvoir dire vos propres mots ne vous manque pas ?

MARINA FOÏS. Non, au contraire. Moi, je suis actrice et être actrice c’est être une interprète donc je dis forcément les mots d’un autre. Mon plaisir est de dire les mots d’un autre autant qu’un autre a envie que je les dise. Parce que moi, ça ne m’intéresse pas de faire autrement. Je ne sais pas comment le dire mais je crois que comme actrice, je suis et soumise et passive pas par défaut mais par choix. C’est comme ça que j’aime exercer mon métier. J’aime être l’instrument du réalisateur. Je pense que je suis au cœur du travail quand je suis dans cet état d’esprit-là, disponible au film que je fais.

Marina Foïs et Roschdy Zem dans Happy Few © Le Pacte

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous ne vous autorisez donc jamais d’impro ?

MARINA FOÏS. Ah ben si ! Je viens de tourner le prochain film de Roschy Zem (Ndlr : Bodybuilder avec Nicolas Duvauchelle, Vincent Rottiers et François Yolin Gauvin, champion du monde de cette discipline) et il aimait bien laisser les gens improviser en queue de prise. Improviser ? J’adore ça ! Maintenant on n’improvise pas de la même façon dans un film et dans un autre. Le cadre dans lequel un réalisateur vous laisse improviser est généralement très défini. On ne vous autorise jamais de sortie de route. Alors oui, j’aime bien improviser.

Gena Rowlands© Sony Picture International.

LA BEAUTÉ, LA JOLIESSE, LE POUVOIR DE SÉDUCTION NE SONT PAS DES REPÈRES AVEC LESQUELS J’AI GRANDI EN ÉTANT SÛRE DE LES MAÎTRISER”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quel moment de votre vie vous êtes vous aperçue que vous aviez une nature comique ?

MARINA FOÏS. Je ne me le suis jamais formulé comme ça mais je sais que très vite à l’école, je me suis fait chier. Profondément ennuyée. Je n’en voyais pas le bout. Ça a dû arriver en CP ou en CE1. Je me doutais que la route était longue et je me suis mise à déconner vite et je sais que je faisais rire mes copains. Et surtout à partir de la 6ème, j’étais virée tout le temps. Si je n’avais pas été drôle, ça n’aurait pas marché.

 

LEBLOGFEMMEQUIRIT. A quel moment concevez-vous que c’est un vrai pouvoir sur les autres ?

MARINA FOÏS. Oh ben oui c’en est un mais on le sait quand on est adulte, non ? Là, je ne parle pas de moi mais je sais que les gens qui me font rire… ou plutôt les gens qui vous rendent drôles, qui vous excitent, ont ce pouvoir-là. J’ai un ami, Clément Sibony, qui me rend drôle. Il est très client de ce que je peux dire ou faire donc, du coup, ça m’excite. Idem avec Alain Chabat. Quand je suis en face de Chabat, la connerie me tombe dessus. Ce sont des gens comme ça qui vous révèlent. Ceci dit, moi, je suis plus souvent drôle malgré moi. C’est rarement prémédité, j’ai remarqué. Je fais semblant de l’avoir fait exprès, après coup, quand j’entends les gens rire.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Quels sont les comédiens qui vous ont donné envie d’en être ?

MARINA FOÏS. Je ne sais pas car j’ai eu envie d’être actrice à l’âge de 5 ans. Je suis d’autant moins capable de citer un nom qu’il n’y avait pas de télé à la maison. Je ne sais pas comment cette envie m’est venue. Après, en grandissant, mes références sont devenues celles de la plupart des actrices. Des génies incontestables comme Gena Rowlands, Meryl Streep, Isabelle Huppert, Brando…(je peux m’idenfier à des mecs), Depardieu…Parmi nos contemporains ceux qui me donnent envie de jouer sont Romain Duris, Louis Garrel...Y en a plein. Moi, je suis fascinée par les acteurs et les actrices. Il y en a plein qui m’intéressent. J’ai vu Un château en Italie, le film de Valeria Bruni Tedeschi, qui m’a bouleversée, m’a beaucoup plu et m’a fait rire aussi. Elle a un grand sens du burlesque.

 “LES GENS DRÔLES POURRAIENT ME FAIRE RIRE AVEC N’IMPORTE QUOI”.

Isabelle Huppert © Patrick Müller.


LEBLOGFEMMEQUIRIT. A propos de burlesque, vous êtes une jolie femme qui n’hésite pas à flirter avec ce registre. Très peu de jolies comédiennes ont le sens du burlesque. Sans doute parce que les jolies filles ont peur d’écorner leur image. Saviez-vous petite et ado que vous étiez jolie ?

 

 

MARINA FOÏS. Je vous remercie. Est-ce que je le savais ? Non, pas du tout.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vos copains, vos parents et vos profs ne vous le disaient pas ?

MARINA FOÏS. Non, c’était tout l’inverse. La dirlo chez qui je me retrouvais tout le temps m’a dit plusieurs fois que j’étais moche. J’avais 13ans et je ne comprenais pas comment un adulte pouvait dire cela à l’enfant que j’étais. A 13 ans on est encore un bout d’enfant quand même, non ?

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Cela veut-il dire que vous ne trouvez pas jolie ?

MARINA FOÏS. Je n’ai pas ce rapport à mon physique. La beauté, la joliesse, le pouvoir de séduction ne sont pas des repères avec lesquels j’ai grandi en étant sûre de les maîtriser.

Avec Jean-Baptiste Lafarge dans Les yeux de sa mère © Mars Distribution

 

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vos parents ne vous le disaient pas ?

MARINA FOÏS. Non. En tout cas, je ne l’entendais pas. Je ne me suis jamais vécue comme ça. J’ai su très tardivement que j’étais une femme.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Vous étiez quoi, un garçon manqué ?

Clément Sibony © Les Films du Losange.

MARINA FOÏS. J’étais un truc (rires). Je n’sais pas. J’ai compris ça un peu plus tard, je pense, autour de la trentaine.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Cette prise de conscience a-t-elle eu une incidence sur votre jeu ?

MARINA FOÏS. Ben oui, puisque ça modifie l’intérieur. Le jour où l’on assume d’être une femme, on exprime forcément autre chose. (Silence). Enfin, je ne sais même plus ce que ça veut dire «assumer d’être une femme». Mais oui, tout ce qui se passe à l’intérieur modifie le jeu.

“J’ADORE ÉCRIRE MAIS JE N’AI RIEN À DIRE…ALORS JE ME TAIS !”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui fait rire Marina Foïs ?

MARINA FOÏS. Ce qui me fait rire c’est Lemercier incontestablement, Sacha Baron Cohen, évidemment. Sacha Baron Cohen peut me faire crever au premier degré. Jamel. Hier mon fils qui a 9 ans m’a demandé : «Maman, est-ce que tu connais quelqu’un au monde de plus drôle que Jamel Debbouze ?». Et j’ai répondu non. Franchement, ça fait partie des choses que je place au sommet. Gad me fait beaucoup rire aussi.

Alain Chabat et Jamel © Chez Wam-Nicolas Guiraud

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’est-ce qui ne vous fait pas rire ?

MARINA FOÏS. Le tweet de Natacha Polony sur Leonarda qu’elle revendique comme étant de l’humour. Ça ne me fait pas rire mais alors pas rire du tout parce que ce n’est pas drôle. On peut le retourner dans tous les sens, la vanne n’est pas bonne Et comme en plus, cette blague est crado, ça ne me fait pas du tout rire. Je ne ris pas non plus en voyant tous les rôles un peu lourdauds destinés aux femmes dans les comédies françaises où elles sont soit mal baisées soit nymphomanes. Le registre sous le slip ne me fait pas rire, sauf quand c’est Borat qui fout son nez dans le trou du Q poilu d’un autre. Ça, ça me fait rire parce qu’on est très très loin; mais le premier degré et demi sous la ceinture ne me fait pas rire. Les gens drôles pourraient me faire rire avec n’importe quoi. C’est la phrase des Monty Python : «On peut rire de tout sauf de ce qui n’est pas drôle». Voilà !

“PAR MOMENT, JE NE PEUX PAS FAIRE AUTRE CHOSE QUE DIRE UNE CONNERIE. CE N’EST PAS MOI, C’EST MON CORPS QUI RÉAGIT”.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Jean-Paul Rouve, PEF, Maurice Barthélémy, tous les Robin, à part Elise Larnicol et vous, ont écrit et réalisé des films. L’écriture de scénario et la réalisation vous tentent-elles ?

MARINA FOÏS. Elise a écrit un scénario qui est vachement bien et qu’elle tournera. En tout cas, Elise qui écrivait peu dans Les Robin fait preuve d’un vrai talent de scénariste. Moi, j’adore l’activité d’écrire ! J’adore me mettre devant un ordinateur mais le problème c’est que je n’ai rien à dire (rires). Donc je me tais ! (Rires). Et puis réaliser ? Non. Moi, j’ai le parcours inverse des acteurs qui deviennent réalisateurs : plus je tourne avec des gens dont c’est le métier plus je me rends compte que c’est un métier. On leur pose des questions auxquelles il faut répondre et moi je n’ai pas ces réponses-là. Je ne pense pas en images. C’est un autre métier et ça n’est pas le mien. Mon agent est persuadé que je le ferai un jour, mais moi, aujourd’hui, ce n’est du tout ce que j’ai prévu.

LEBLOGFEMMEQUIRIT. Qu’y a t-il de plus drôle chez Marina Foïs ?

MARINA FOÏS. De plus drôle ? Je ne sais pas, non, je n’en sais rien (rires). Par moment, je ne peux pas faire autre chose que dire une connerie. Ce n’est pas moi, c’est mon corps qui réagit. Ça je le fais avec mes enfants, je le fais dans la vie. Peut-être que c’est marrant à voir, je ne le fais pas forcément exprès.

100% cachemire de Valérie Lemercier avec Valérie Lemercier, Gilles Lellouche, Marina Foïs, Samatin Pendev

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