La femme parfaite est une connasse !, oui, mais elle a vendu plus de 200 000 ex de son guide !

La femme parfaite est une connasse est LE guide dont vous avez fait un succès en à peine six mois. J’ai Lu le réédite en coffret de luxe pour les fêtes et pour celles (et ceux?) qui ne l’ont pas encore dévoré.

Coffret La femme parfaite… 8,90€ .J’ai Lu.

Depuis sa parution en février dernier le jour de la Saint-Valentin,  LA FEMME PARFAITE EST UNE CONNASSE  n’a cessé de grimper dans les ventes et dans l’estime des lectrices qui ont en fait leur bible. Sur les plages, dans les transports en commun, aux terrasses des cafés, dans les salles d’attente, les couloirs de lycées et d’universités… partout, des milliers de femmes de tous les âges ont trimballé fièrement ce bouquin qui livre en pointillés le portrait de leur génération. Celle de trentenaires décomplexées mais pas blasées qui osent dire et crier ce que leurs aînées exprimaient du bout des lèvres. Non qu’elles étaient baillonnées mais parce qu’elles s’exprimaient autrement. En y mettant tellement de formes qu’on en oubliait le fond ! Exit la Bridget Jones d’Helen Fielding (best seller paru en 1996) qui bouffait, fumait et picolait en rêvant au prince charmant; ces filles d’aujourd’hui profitent de la vie elles aussi mais cultivent une vision autrement moins naïve de l’amour et du couple. Réussir à cohabiter avec elles-mêmes étant déjà un sacré challenge.

Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard.© J’ai Lu/ Flammarion.

Je vous avais déjà parlé de LA FEMME PARFAITE EST UNE CONNASSE !, livre  que certains d’entre vous ont gagné sur ce blog, eh bien j’en remets une couche. Les  livres d’humour originaux ne sont pas si nombreux à décrocher le jackpot. Si Baffie a atteint des sommets avec Le Dictionnaire de Laurent Baffie (400 000 ex), son complice Bigard s’enterre avec son bouquin de lettres que peu de monde a envie de recevoir et de lire. Quant à l’autobioraphie d’Elie Semoun, je ne suis pas sûre qu’on puisse en rire. Pour retrouver le sourire, on attendra L’Art d’en rire, le beau livre d’art et d’humour co-signé par Florence Foresti et Edwart Vignot, historien d’art, qui sort ces jours-ci aux éditions de La Place des Victoires. Mais revenons à cette femme parfaite qui est peut-être une connasse mais une sacrée femme d’affaires ! On murmure que le livre serait en cours d’adaptation pour le cinéma. Une belle aubaine pour Anne-Sophie, comédienne actuellement sur scène et que l’on voit dans pas mal de téléfilms et séries télé comme Roxane, la vie sexuelle de ma pote (sur Chérie 25) dont elle écrit certains scénarios.

Les raisons du succès ?

1-Le contenu évidemment ! Parler des failles des filles ( la jalousie entre nanas, l’envie d’humilier publiquement ses amies, p76…), de leur détresse (cf La théorie du foutu pour foutu, page 20 ou  Le retour de la  honte, page 128) à ne pas être celle qui réussit tout  et à qui tout réussit au boulot, au dodo et dans la vie de tous les jours face à ses amants comme à ses kilos… est toujours gagnant. Pour peu qu’on trouve le bon ton et les bonnes situations. Dire avec humour que ces filles dont on exige tant ont envie de baisser les bras et de ne les lever que pour se trémousser sur le dancefloor en entonnant leurs tubes préférés est un aveu qui fait rager la génération précédente moins portée sur la boisson et plus soucieuse de gravir des échelons. (Ah, j’en profite pour préciser que le titre Tell me more (cité page 24) n’existe pas dans Grease mais qu’il s’agit de Summer Nights. Tell me more, c’est le refrain. Ne m’embêtez pas avec ça, je suis de la génération qui est tombée amoureuse de John Travolta dans La fièvre du samedi soir en 19XX puis dans  Grease la même année et qui a ramené le vinyl d’Angleterre avant même qu’il ne sorte en France). Dire enfin quelques vérités

Le 15 octobre les Sœurs Girard recevaient à La Comédie des Boulevards.

qu’on ne lit nulle part et qu’on voudrait nous faire oublier ( Une fille qui ne grossit pas, c’est une  fille qui ne mange pas !”) vous réconcilie avec toutes celles qui n’ont pas l’occasion de se faire entendre. En voilà un beau sujet pour Sophie Davant et son émission de témoignages de début d’après-midi !

2-Le style y est également pour beaucoup. En écrivant comme elles parlent, d’une manière simple et directe Marie-Aldine Girard et Anne-Sophie Girard ont fait mouche et accroché des femmes -mais aussi des hommes- qui ont retrouvé ce vocabulaire non officiel, très oral, qu’on textote ou emaile mais qu’on ravale une fois passée la porte du bureau ou de la maison. On répète depuis des lustres que les filles entre elles ont une manière de parler tellement crue qu’elle ferait passer les battues de salles de garde pour des bluettes, La FPC donne l’occasion de le vérifier. Les lectrices ont l’impression d’entendre parler leurs copines et non de décrypter un manuel psy pourvoyeur de conseils dont on devine qu’ils sont à peine suivis par celui qui les prodigue.

 

Marie-Aldine et Anne-Sophie Girard sur la scène de La Comédie des Boulevards le 15 octobre dernier (photo de l’artiste).

Lectrices et lecteurs ont aimé ce ton et ce langage décomplexés qui ne filent pas la métaphore quand il s’agit d’appeler un chat un chat. La FPC ( la femme parfaite est une connasse !) parle de chagasses (p 62 ), expression que la presse fémine n’a pas encore adoptée (ni même jamais probablement entendue !) et de filles complètement bourrées et non de “binge drinking”. Les auteurs proposent d’ailleurs des tests pour savoir quelle chagasse sommeille en nous et mesurer notre degré de résistance à l’éthylisme (p 42 et 43).  On sent derrière chaque page le travail mêlé et mixé des jumelles dont l’une, Anne-Sophie la comédienne, a insufflé au guide ce rythme propre au one-man-show où l’on vous demande d’être percutant et efficace;  et l’autre, Marie-Aldine, la journaliste, a vulgarisé, décodé  tous ces thèmes qu’on lit ici et là dans les pages de la presse féminine et généraliste mais qu’on peine à trouver drôles passé le titre accrocheur et parfois raccoleur.

Séance de dédicace pour Marie-Aldine et Anne-Sophie Girard (collection de l’artiste)

Anne-Sophie Girard et Marie-Aldine Girard sont parvenues à décortiquer un quotidien féminin en évitant le piège de ce quotidien : la banalité et la routine. Elles ont introduit un peu de cette légèreté qui rend moins amères les défaites.

S’agissant des questions sexuelles, Anne-Sophie Girard et Marie-Aldine Girard n’ont pas peur des mots (maux). Quand la presse féminine avance à tâtons,  tourne autour du pot , ne donne jamais son avis et préfère se planquer derrière les fameux témoignages d’experts pour éclairer ses lectrices, les Sœurs Girard y vont franco et abordent des sujets comme:

-«La mi-molle»( p126 et 127) en ces termes : «Les hommes ne bandent plus. Et le pire , c’est que les filles pensent que c’est de leur faute (…) Réveillons-nous les filles en matière de sexe aussi, il y a un minimum syndical».

-Les rapports sexuels dont on a mollement envie : «Ce soir je passe à a casserole» ( p140). Un texte hilarant agrémenté de 3 « Bons pour une dispense de rapport sexuel».

La liste des partenaires sexuels(p 130) : «Entre 1 et 5 : Mouais…Vous êtes dans la moyenne. Entre 10 et 20 : Ah…Quand même…Plus de 20 : Vous avez bien raison. Plus de 30 : Vous allez vous gêner ! Plus de 50 : Vous avez bien vécu. Plus de 150 : Vous êtes Madonna.Mais dans tous les cas, NE VOUS JUGEZ PAS ! D’autres le feront pour vous.. »

3-La mise en page agréable et facile qui permet d’entrer comme on le souhaite et sans contrainte dans la lecture du texte. Le format de ce dernier emprunte à la fois à la fiche de lecture, la recette de cuisine,  la note de post-it, le panneau d’affichage, le slogan de tract et l’écriture SMSsienne…Bref, tout ce qui dynamise une maquette et en simplifie la compréhension. A l’arrivée, on a un livre vivant  et vibrant, un objet drôle qu’on voudrait passer à sa voisine sitôt l’avoir refermé mais qu’on peine à céder finalement parce qu’on y revient toujours. Comme quelque chose d’indispensable , une sorte de vade mecum contemporain qu’on casera à tout prix dans le plus petit des sacs à main (au risque d’en faire péter les coutures) entre le smartphone, la CB et le rouge à lèvres.

La femme parfaite est une connasse ! de Anne-Sophie Girard et Marie-Aldine Girard, Ed J’ai lu.

Format classique : 5 euros. Version de luxe collector : 8,90 euros. Rappelons également que Anne-Sophie Girard joue son spectacle Anne-Sophie Girard fait sa crâneuse tous les mardis à 20h10 à La Comédie des Boulevards : 39, rue du Sentier, 75002 Paris. Tél :  01 42 36 85 24.

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