Karine Le Marchand, de M6 : “Malgré les apparences, j’ai un humour assez gaulois”

Si Karine Le Marchand  est  jolie, intelligente et  drôle à la télé, dans la vie, elle est pire. Hors caméra, l’animatrice-confidente de L’Amour est dans le pré sur M6, raconte de drôles d’histoires et provoque des situations qui ne sauraient être filmées…elle les a confiées au blogfemmequirit.

Tous les lundis soir en réunissant près de 6 millions de télespectateurs, Karine Le Marchand enterre Les Experts de TF1 parachutés de Manhattan, Miami ou d’ailleurs et les dieux du stade installés à Londres et accessoirement sur France 2. Depuis trois saisons, KLM instille légèreté et humour dans un programme qui, pris au premier degré, aurait vite lassé. Naturelle, spontanée, elle ne réprime aucun fou rire et n’écarte pas non plus les questions un peu délicates. Karine Le Marchand est rieuse jamais moqueuse. KLM est une fille de bonne compagnie comme la KLM. Elle parvient  toujours à emmener dans son rire l’agriculteur aspirant à l’amour que jamais elle ne ridiculise. J’ai d’ailleurs apprécié qu’elle dise à Renaud Revel de L’Express : “Quand les agriculteurs font trop de fautes de français ou disent des choses énormes, on les coupe  au montage parce que ce qu’on veut c’est rire des situations et pas des personnes. Et ce n’est pas évident aujourd’hui avec la télé qu’on a, qu’on peut voir, d’aller dans ce sens-là”. Cette forme de respect est l’une des raisons du succès de L’Amour est dans le pré.

L’autre raison c’est que Karine Le Marchand est à la télé comme à la ville. Pas d’artifice mais beaucoup de feu et un peu de folie. Ça, je l’ai testé. J’ai travaillé il y a une dizaine d’années avec Karine Le Marchand sur un programme à mi-chemin entre le divertissement et le magazine de société que nous avions co-écrit pour TF1. Elle était un peu vanneuse sans être méchante, capable de se moquer d’elle à un point que ça en devenait parfois déstabilisant. A côté de ça, j’ai pu apprécier la capacité de travail, la rigueur, l’honnêteté et le sens de l’organisation (limite maniaque) dont elle fait preuve. Quand notre productrice de l’époque Marie-France Brière (aujourd’hui co-fondatrice avec Dominique Besnéhard, du Festival du Film Francophone d’Angoulême) m’a demandé :  “Alors, Karine et toi, ça fonctionne ?”. J’ai répondu : “KARINE LE MARCHAND, C’EST UN CLOWN QUI S’EST TROMPÉ DE CORPS ! En tous cas, elle est bosseuse !”

Je retrouve Karine au bout du fil douze ans plus tard, un stepper au bout des pieds et sa fille Alya a ses côtés. Elle n’a pas changé. Et parce qu’elle me fait rire, j’ai eu envie de savoir CE QUI FAIT RIRE KARINE LE MARCHAND.

“EN HUMOUR, QUAND UNE FEMME SE LÂCHE, C’EST COMME DANS LE SEXE, ELLE SE LÂCHE VRAIMENT !” Karine Le Marchand.

Karine Le Marchand © Cécile Rogue/M6

LBFQR. A quelles situations amusantes avez-vous été confrontée sur les tournages de L’Amour est dans le pré ?

Karine Le Marchand. Oh, il y en a pas mal. Pour les agriculteurs, je reste la fille de la télé, une créature qui sort du poste, la fée qui va peut-être leur faire rencontrer l’amour. Et en même temps, la citadine qu’on a envie de coincer sur ses connaissances. L’an dernier, après deux jours passés à faire son portrait, un agriculteur m’embrasse et me dit : «Et sinon, tu fais quoi comme métier ?». C’est à la fois un compliment, ça veut dire que je suis assez naturelle et ça me rappelle ma mère qui pense que je ne fais pas un truc sérieux.

LBFQR. L’Amour est dans le pré fait l’objet de nombreuses parodies chez des humoristes comme Bérengère Krief, Benjamin Verrechia…qu’en pensez-vous ?

K.L.M. J’adore ! Je ne connais pas celles que vous m’avez citées mais j’adore celle de Canteloup. Canteloup se fout de moi, c’est à mourir de rire ! Il arrive le p’tit doigt en l’air et dit : «Oh, que c’est joli ici». Dans sa version, je demande à Emile Louis quel est son type de femme préférée. Il me répond qu’il aime le jardinage, qu’il creuse profondément. Il a une mère handicapée à 200%, il pète et l’accuse en affirmant qu’«elle a encore le bassin qui travaille». C’est à mourir de rire !

Elisabeth Buffet

LBFQR. Quelle est votre définition de l’humour ?

K.L.M. Je pratique beaucoup l’autodérision dans la vie en général et dans notre métier en particulier. Il faut se moquer de soi-même car on est risible et parfois ridicule, et par des pirouettes on arrive à assumer nos travers. Moi, j’ai besoin de rire tous les jours. L’humour, c’est aussi quelque chose de national, celui des Français n’a rien à voir avec celui des Anglais… mais quels que soient l’âge, le milieu social…ça créé du lien, de la fraternité. Dans L’Amour est dans le pré, il y a plusieurs niveaux chacun le prend là où il veut.

LBFQR. Comment définiriez-vous le vôtre ?

K.L.M. J’ai un humour assez pipi-caca, trash…disons, très anatomique, comme je suis une grande nana, citadine, un peu bourge, ça étonne. Je sens parfois un grand moment de solitude chez mes interlocuteurs. Leurs réactions, ça me remplit de joie ! Après, il faut savoir jusqu’où on peut aller.

LBFQR. Qu’est-ce qui vous fait rire depuis toujours (personnes, situations, expressions) ?

K.L.M. J’aime bien les histoires pipi-caca, les gens qui glissent et se ramassent la figure. Et ce n’est pas de la méchanceté. J’aime les incompréhensions. Quand les gens n’ont rien à voir ensemble, qu’ils se rencontrent et que ça créé une situation insolite. Je n’aime pas trop les jeux de mots. J’adore prêter des ressemblances aux gens et plutôt que d’entrer dans les détails, résumer une situation. Si je dis : «Eh ben dis donc, François 1er n’est pas près de trouver un mari !», on comprend tout de suite. Je suis assez moqueuse mais je le fais à propos de personnes qui peuvent se défendre, des gens qui se la racontent, les snobs, les gros lourds qui draguent… jamais des faibles.

 

Florence Foresti

LBFQR. Quelle histoire, anecdote, situation (pas) drôle ne fait rire que vous ?

K.L.M. J’aime bien l’humour absurde, les blagues absurdes et tout ce qui est irrévérencieux. J’avais adoré C’est arrivé près de chez vous que je suis allée voir trois fois. Je riais, je riais alors que dans la salle, les gens affligés partaient les uns après les autres.

LBFQR. Qu’y a-t-il de plus drôle dans votre personnalité ?

K.L.M. Je n’ai absolument pas de limites ! Je n’ai pas le sens de la hiérarchie et j’aime provoquer donc j’adore être irrévérencieuse avec des gens que tout le monde craint.

LBFQR. N’est-ce pas un jeu dangereux à la télé ?

K.L.M. Non, je n’ai jamais eu de problème avec ça car je reste polie. Ce n’est pas parce que je vais faire une petite vanne que j’aurai des problèmes. Personne ne doit être craint, ce n’est pas la fonction qui fait l’homme. Les gens au pouvoir social élevé apprécient d’ailleurs parfois qu’on sache les remettre en question subtilement.

LBFQR. De quelle façon riez-vous de vous pour vous remettre en question ?

K.L.M. Je connais exactement mes défauts, les trucs physiques qui m’embêtent.

LBFQR. Quoi par exemple ?

K.L.M. J’ai des grands pieds moches.

LBFQR. C’est vrai que c’est la première chose qu’on remarque chez vous: «Karine Le Marchand, tu sais, la fille aux grands pieds moches !»

K.L.M. (Rires)D’accord ! Mes défauts ? Disons que je suis hyper organisée, un peu psycho-rigide et que j’en ris. J’ai l’habitude de me moquer de mes travers, de mes petites habitudes. On est très moqueur chez nous. Mon mec (Ndlr: Lilian Thuram), ma mère, ma fille me disent des horreurs toute la journée. On ne se prend pas au sérieux. Au boulot, c’est pareil. Stéphane Plaza (Ndlr : Stéphane et Karine présentent On ne choisit pas ses voisins, sur M6), qui a un an de moins que moi, m’appelle «Maman». Dans L’Amour est dans le pré, on me surnomme Tata Caca..à cause de Ka-rine et parce que j’aime cet humour-là.

LBFQR. Etiez-vous une petite fille, une enfant et une ado drôle?

K.L.M. Oui, je l’ai toujours été. Quand j’étais petite j’avais un carnet de blagues classées par thèmes que j’adaptais à mon auditoire .

LBFQR. Les blagues étaient certainement drôles, votre façon de les restituer aussi mais ça n’était pas vos mots à vous. A quel moment de votre vie vous êtes-vous aperçue que vous aviez le sens de l’humour ?

K.L.M. J’ai toujours été un pitre, c’est une position qui m’a été nécessaire. Quand j’étais petite, ma mère avait besoin de ça car elle n’était pas heureuse. J’ai fait en sorte d’apporter de la légèreté au moment où il n’y en avait pas. Je suis la cadette, ma sœur qui a aujourd’hui 48 ans, lève encore les yeux au ciel quand elle m’entend.

LBFQR. Qui vous a transmis ce sens de la répartie et de l’autodérision ?

K.L.M. Je pense que c’est ma mère. Elle a beaucoup d’humour sauf qu’elle y mêle la grossièreté et je suis choquée depuis ma plus tendre enfance (rires). L’humour c’est une culture familiale. Ma mère, ma fille et moi avons le même humour, on se comprend au quart de tour.

LBFQR. Quand, où et pourquoi avez-vous ri la dernière fois ?

K.L.M. Il n’y a pas longtemps. On était au restaurant ma fille Alya, Lilian et moi. Ma fille avait commandé un fromage blanc au coulis de fraise. Soudain, elle prend en photo son dessert avec son portable, elle montre la photo aux clients d’une table voisine, que nous ne connaissions pas, et elle leur dit : «Ça, ce sont les organes de ma grand-mère quand elle est morte!». C’est typiquement l’humour familial. Bon, je précise que sa grand-mère est vivante et que ma fille n’a que 9 ans.

“LILIAN A HORREUR DE MON HUMOUR, IL DIT QUE J’AI UN HUMOUR DE FOOTBALLEUR !” Karine Le Marchand.

LBFQR. Quelles choses drôles racontez-vous à votre fille quand elle est triste ?

K.L.M. On est assez chatouille-party et on a droit à une minute de gros mots. Quand on est triste, j’ai trois solutions : 1) Quand la mauvaise humeur est là, j’ouvre la fenêtre en disant : «Je prends la mauvaise humeur, je la jette !». Ça, c’était quand ma fille était petite. 2) Les chatouilles autour du genou, c’est imparable ! 3) Les gros mots. J’avoue que c’est assez libérareur. Ma fille et les fils de Lilian, puisque nous formons une famille recomposée, ont l’autorisation de dire des gros mots pendant UNE minute. En général, ils sortent tout pendant les quinze  premières secondes puis ils câlent et cherchent. J’en propose alors d’autres et souvent ils répondent : «Oh, non pas ça !». Je le conseille à tout le monde, même dans le couple, tout sortir même les choses qu’on ne pense pas.

LBFQR. Votre compagnon Lilian et vous riez-vous des mêmes choses ?

K.L.M. Pas du tout ! Lilian a horreur de mon humour il dit que j’ai l’humour d’un footballeur ! Il ne l’avouera jamais, au fond, il aime bien mais il me répète souvent : «Tu n’peux pas t’empêcher de dire ça !» . Son humour est plus subtil, plus porté sur des jeux de mots et en même temps, il aime l’absurde et l’humour de situation.

LBFQR. Ça ressemble  à quoi l’humour de footballeur ?

K.L.M. (Rires) Lilian dit cela parce que je jure comme un charretier et parle de sexe. Mon humour est très porté en-dessous de la ceinture. Je suis très gauloise malgré les apparences, d’où cette proximité avec les agriculteurs. Je m’entends bien avec eux, j’aime bien les faire rire.

LBFQR. Quelle est votre humoriste femme préférée ?

K.L.M. Foresti, j’aime beaucoup. Lemercier, je suis absolument fan. Et puis il y a cette fille pas encore très connue et géniale,  Elisabeth Buffet. Si je fais tomber mon micro, je m’excuse et dis que j’ai une descente d’organes comme dans l’un de ses sketches.

LBFQR. Et chez les hommes ?

K.L.M. Elie Semoun, Desproges, Le Comte de Bouderbala, Elie Kakou. J’aime bien Gad pour sa gestuelle. Le comédien qui a présenté les Molière, Laurent Laffitte. Mais les femmes me font plus rire que les hommes.

LBFQR. Au point de penser qu’il y a un humour féminin et un humour masculin ?

K.L.M. Ah oui ! L’humour des femmes est très pertinent car il est longtemps resté inconnu. C’est quelque chose qui émerge avec toute la force de ce qui a longtemps été tu et caché. En humour, quand une femme se lâche , c’est comme dans le sexe, elle se lâche vraiment. Les humoristes femmes savent que pour trouver leur place il faut aller encore plus loin. Les hommes, eux, parlent de sexualité en général mais ne se mettent jamais en scène car ils veulent avoir le beau rôle. Ils vont évoquer le cul de la fille et ses gros nichons. Chez les femmes, c’est différent. Elles vont parler de leur sexualité, des petites et grosses catas, de ce qui leur est arrivé. Elles ont un humour qui n’est pas flatteur pour elles. Les femmes parlent beaucoup du «je», alors que les hommes se regardent et restent flatteurs à leur propre égard.

 

Le Comte de Bouderbala

LBFQR. Quelle personne connue ou non déclenche invariablement votre rire ?

K.L.M. A part ma fille…Jean-Claude de L’Amour est dans le pré 2011. Il fait partie des gens qui font rire malgré eux. On ne rit pas de lui mais de ce qu’il dit, c’est magique. Ma belle-mère me fait rire également. Dernièrement, elle parlait avec une copine de la robe de mariée d’une troisième prsonne. Et l’une trouvait que tel détail n’allait pas, la couleur, ceci, cela…Ma belle-mère décortiquait tout. Je me demandais à quel mariage elle avait bien pu assister et j’ai compris au bout de quinze minutes qu’elle commentait le dernier épisode de Marina, une télé-novela qu’elle adore. Non seulement, elle avait vu le dernier épisode mais elle s’est relevée à 5h du matin pour la rediffusion. Quand elle commente les télé-novelas, c’est à mourir de rire !

C’est arrivé près de chez vous © AAA Productions

LBFQR. Quels sont vos comédies préférées ?

K.L.M. Je ne sais pas si on peut appeler cela une comédie mais j’ai adoré C’est arrivé près de chez vous. Je me rappelle avoir ri aux éclats alors que la salle se vidait. Je suis une inconditionnelle des Bronzés. J’aime beaucoup Louis de Funès qu’on regarde en famille, Les Nuls, j’ai vu trois fois Intouchables et adoré 2 days in New York de Julie Delpy.

LBFQR. Quels livres vous font éclater de rire ?

K.L.M. J’adore La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole depuis quinze ans. C’est irrévérencieux, pile l’humour que j’aime.

LBFQR. Quelle est votre réplique drôle préférée ? (citation de film, livre, sketch…)

K.L.M. Une phrase de Balasko interprétant Madame Musquin au moment où elle répond au téléphone et se fait insulter : «Nous étions à peau de couille et ensuite ?»

LBFQR. De quelles personnes connues ou non aimez-vous entendre le rire et pourquoi ?

K.L.M. Stéphane Plaza, c’est un dingue ! (Rires) Quand on me demande de poser avec lui, il déclenche un fou rire tout seul que personne ne peut arrêter. Son rire est communicatif, il monte dans les aigus…il est dingue !

LBFQR. Si vous deviez partir sur une île déserte quel humoriste emmèneriez-vous avec vous ?

Karine Le Marchand et Stéphane Plaza© Reanud Corlouer M6

K.L.M. Est-ce que mon mec me laisserait toute seule sur une île déserte ? Non. Avec un autre que lui? Non…J’aurais plutôt besoin de matériel de survie. Tout dépend, c’est un naufrage ou c’est une lune de miel, ce séjour sur l’île déserte ?

LBFQR. Pensez-vous qu’on puisse rire de tout ?

K.L.M. Oui, mais pas avec n’importe qui.

LBFQR. Quelles sont vos limites ? Qu’est-ce qui ne vous fait pas rire du tout ?

K.L.M. Les blagues homophobes, racistes, antisémites…

LBFQR. Euh, c’est un peu convenu, non ? Le début de l’interview était tellement mieux !

K.LM. D’accord, alors je n’aime pas les petits persiflages émis l’air de rien et hop, on passe à autre chose. Les gens qui vous testent pour voir s’ils peuvent aller plus loin. «Il s’appelle Bellaouche, tu vois ce que je veux dire ?», et je réponds : «Non, je ne vois pas». C’est pire que la blague raciste au premier degré parce que ce n’est pas franc, votre interlocuteur emprunte un détour…or l’humour, ça doit être spontané et rassembleur.

 

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