Constance Carrelet et Elisa Sergent, deux comédiennes portées sur la question

Vous ne connaissez pas Sergent et Constance Carrelet ? Courez les voir dans On est tous portés sur la Question, une pièce très rigol’hot.

Elisa Sergent (ci-contre) est rousse, petite, agile et fragile à la fois. Elle a un teint d’une pâleur romantique et un joli regard bleu qu’on aimerait bien voir se refléter dans un écran de cinéma. Constance Carrelet est brune, plus grande et tout aussi ravissante, enveloppée dans un corps qui n’a rien à envier à celui de Cameron Diaz et autres comédiennes fittées au Pilates. Leur belle énergie embrase la scène du petit théâtre Le Mélo d’Amélie où elles interprètent depuis janvier On est tous portés sur la Question, avec Fabrice Fara et Alexandre Guilbaud.

Une question que l’on retourne dans tous les sens

Question avec un grand Q car on ne parle que de ça. Question que l’on  retourne dans tous les sens dans cette comédie légère qui ne craint pas d’allier aux (bons) mots osés une mise en scène originale et audacieuse. Il suffit de regarder l’affiche de ce spectacle (mis en scène par Rodolphe Sand) où deux piments font la bête à deux dos pour deviner à quelle sauce le spectateur va être mangé:épicée souvent, piquante toujours et brûlante au point d’être parfois, hélas, indigeste.

Comme ce premier acte où un couple consulte séparément un psy pour se donner une chance de redoper sa sexualité. Un peu longuet, il gagnerait à être écrémé tant au niveau du texte par trop répétitif qu’à celui du jeu des acteurs masculins un peu appuyé. On passera donc cette introduction censée planter le décor mais qui le plombe. On aurait  sincèrement été plus indulgente si cette pièce n’avait été écrite à dix mains ! -en l’occurrence celles de Sébastien Azzopardi, Sacha Danino, Hervé Devolder, Carole Greep et Clément Michel. Car face à certains ficelles usées, on a envie de taper sur les doigts de ces auteurs maladroits qui cèdent par endroits à la facilité. Une critique qui s’applique également à la scène de la visite de l’appartement qui survient plus tard.

Elisa Sergent fait jaillir de sa bouche tout ce qu’elle peine à y faire rentrer.

Alors peut-être faut-il arriver en retard, histoire de zapper ce démarrage un peu dieselisant car l’ensemble est plus que réjouissant. Comme cette scène où Elisa Sergent, prof de catéchisme coincée, dyslexique et frappée du syndrome Gilles de la Tourette fait jaillir de sa bouche tout ce qu’elle peine à y faire rentrer. C’est cru et on adhère. Irrésistible également quand elle campe Margot, jeune trentenaire libérée prête à dévorer François (Antoine Guilbaud, parfait) peu disposé à  passer à la casserole le premier soir. On s’attend alors à tout sauf à voir l’érection de cet homme se matérialiser devant nous en chair et en os (si, si), en paroles et en gestes, revendiquant son droit au coït  et prête à tout pour ne pas baisser les bras.Si Constance Carrelet est moins bien servie lors des deux premiers tableaux, elle n’est jamais en sous-régime et  révèle le meilleur d’elle-même lorsqu’elle incarne une chatte affamée de sexe et agacée par les hésitations de sa propriétaire à laquelle elle lance : “Dire que je t’ai connue dans des culottes en coton !“. Ou encore lorsqu’elle se glisse dans la peau d’Anita, porno-star russe, héroïne d’un “film X musical”. Ah, il faut la voir et surtout l’entendre entonner la Chanson de la Fellation ! Les amateurs de la spécialité retiendront sans difficulté les paroles qui leur rappelleront de bons ou mauvais moments. Chacun ses goûts ! On n’oubliera pas non plus quelques répliques savoureuses en passe de devenir cultes.

  • “Redécorez votre intérieur pour qu’il redécouvre votre intérieur” conseille une psy à sa patiente pour lui parler de sexe tout en filant la métaphore de l’aménagement de son appartement.
  • “Tu regardais mon cul ?” demande Margot à François. “Non, répond celui-ci, c’est lui qui me regardait”.
  • “Il me reste de la bière et des préservatifs” annonce Margot.
  • “J’ai des préservatifs XL, rapport à mon dernier mec” s’excuse Margot. “C’est pas grave, j’aime bien être à l’aise dans mes affaires” rétorque François.
  • “Tu es c’qui m’est arrivé de mieux depuis ma carte Cofinoga”, avoue François.

Deux comédiennes très rigol’hot pour un show très pimenté !

Addictions, fantasmes, frustrations, tentations, hésitations… tout ce qui rime avec cette fameuse question est exposé sous nos yeux par un quatuor harmonieux qui surprend par sa capacité à  renouveler très rapidement et son jeu et le rythme sur lequel il le livre. Et  si on a consacré cette chronique aux deux filles très rigol’hot de la distribution, on n’oublie pas le travail de Fabrice Fara inquiétant en père de famille frustré et improbable plombier porno-star; ni celui d’Antoine Guilbaud, psy torturé plus perturbé que ses patients, coup d’un soir impuissant à satisfaire l’appétit de sa compagne ou encore réalisateur homo de films pour adultes. L’ambiance est joyeuse sur scène comme dans la salle dont les spectateurs ne craignent pas de comparer ce qu’ils voient avec le théâtre parfois triste, parfois joyeux de leurs propres fantasmes. Pimenté, on vous dit !

*Le Mélo d’Amélie : du mardi au samedi à 21h30 et le dimanche à 17h30. Location : 01 40 26 11 11.

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